Il y a 15 jours, l'un des deux hommes soupçonnés d'avoir préparé un attentat en France, Mahiedine Merabet, avait écrit un courrier au commissariat de Roubaix.
Mahiedine Merabet, est l'un des deux hommes interpellés ce mardi à Marseille. Selon le procureur de la République de Paris, il projetait avec au moins un complice (Clément Baur) un attentat en pleine campagne présidentielle. Cet homme de 29 ans, né à Croix, s'est radicalisé en prison à Sequedin, alors qu'il purgeait une peine pour trafic de stupéfiants.A l'époque, ils avaient partagé la même cellule pendant deux mois. Clément Baur, né dans le Val-d'Oise, s'est converti à l'islam en 2007 au contact
de Tchétchènes alors qu'il se trouvait à Nice, selon le procureur de Paris François Molins. Deux inscriptions figurent à son casier judiciaire. Celui de Merabet, originaire de Croix, près de Roubaix, est plus chargé avec 12 condamnations entre 2004 et 2013 pour des faits de vol aggravé, violences, trafic de stupéfiants.
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Le 7 décembre 2016 le domicile de Merabet à Roubaix avait été visée par une perquisition administrative au cours de laquelle les policiers
avaient découvert un drapeau du groupe Etat islamique ainsi que de la documentation jihadiste, selon François Molins. L'occupant était alors absent de son domicile, mais s'y trouvait un homme, qui avait présenté une fausse identité et qui s'est avéré être Clément Baur.
"Laissez-moi tranquille"
Le 4 avril, Mahiedine Merabet a fait signe aux policiers en adressant au commissariat de Roubaix une enveloppe contenant un message en lettres manuscrites : "Je vous donne ma carte d'identité et ma carte (bancaire, ndlr) car à cause de vous je n'en ai plus l'utilité. Je vais bientôt me rendre, on discutera. […] Je n'ai rien à vous dire, je vis d'amour et d'eau fraîche, je médite, laissez-moi tranquille, salut". Une lettre étrange qui mettent encore plus en alerte les enquêteurs. Ils pensaient le localiser à Roubaix avec son complice mais ont perdu leur trace avant de les retruver à Marseille.
Des renseignements émanant de la Grande-Bretagne étaient parvenus aux autorités françaises, selon une source proche de l'enquête. Mahiedine Merabet "cherchait à entrer en contact et à transmettre à l'organisation terroriste Etat islamique (EI) une vidéo d'allégeance ou de revendication", a expliqué le procureur.
Outre un important travail de croisement téléphonique pour localiser les suspects, les enquêteurs recueillent des témoignages de la famille de Merabet qui atteste de sa proximité avec Clément Baur. Ils apprennent par le biais d'investigations "menées auprès d'une société de covoiturage" que les deux hommes "ont regagné Marseille de manière séparée en plusieurs trajets depuis Nancy à la fin du mois de mars". Des mandats de recherche sont délivrés contre eux.
Une vidéo interceptée le 12 avril dernier par la DGSI précipite les choses. Filmée sur une table sur laquelle est posée un fusil mitrailleur de type UZI, elle montre un drapeau de l'EI et "des dizaines de munition disposées afin d'écrire +la loi du talion+, la une d'un quotidien" puis "apparaît un montage d'enfants victimes de bombardements, des photographies jihadistes et des versets coraniques appelant à la vengeance", a décrit le procureur.
Selon une source proche de l'enquête, le quotidien mis en scène est Le Monde daté du 16 mars. Ce jour-là, il faisait sa Une avec une photo de François Fillon.
Selon le procureur de la République, "les éléments recueillis attestent que ces deux hommes se préparaient à mener une action imminente sur le territoire national".