Attentats du 13 novembre : des écoutes révèlent les confessions de Salah Abdeslam à ses codétenus de la prison de Bruges

Le Parisien/Aujourd'hui en France révèle le contenu d'écoutes déclassifiées de Salah Abdeslam, réalisées à la prison de Bruges (Belgique) au printemps 2016. Le dernier survivant du commando terroriste des attentats du 13 novembre 2015 à Paris se confie à deux codétenus avec détachement et cynisme.

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Ces écoutes déclassifiées, dévoilées par Le Parisien / Aujourd'hui en France, remontent à mars et avril 2016 : Salah Abdeslam, ultime survivant du commando terroriste des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, vient d'être arrêté à Forest, dans l'agglomération bruxelloise, et a été incarcéré à la prison de Bruges. 

En cellule, il a pour voisins Mehdi Nemmouche, l'auteur de l'attentat du Musée Juif de Bruxelles en mai 2014, et Mohammed Bakkali, soupçonné d'être le logisticien des attentats de Paris. Les trois hommes parviennent à communiquer dans un mélange de français et d'arabe. Mais les agents des services de renseignement belges les ont mis sur écoute et interceptent leurs conversations.
 



Salah Abdeslam va raconter à Nemmouche et Bakali sa soirée du 13 novembre 2015 à Paris, ne faisant aucun mystère sur son implication. Il raconte s'être réfugié à Montrouge, en banlieue, après avoir déposé trois terroristes au Stade de France puis avoir abandonné sa voiture dans le XVIIIe arrondissement de la capitale. Il explique notamment s'être débarrassé de son gilet d'explosifs, sur un ton amusé. "J'ai demandé un renseignement à un type. Il m'a regardé de la tête aux pieds. Il regardait ma veste. Il voyait qu'il y avait quelque chose de bizarre. (...) On dirait que je faisais 90kg, mon frère. Avec la sacoche et tout, on dirait que j'avais de grosses fesses. C'était trop voyant. Je savais que je devais m'en débarrasser."
 

"J'ai pris un menu fish"


Salah Abdeslam indique s'être réfugié dans la cage d'escalier d'un immeuble, après être passé au McDonald's du coin pour manger. "J'ai pris un menu fish", détaille-t-il. "T'es un tueur, hein !", lui répond Mohammed Bakkali. Le membre du commando de13 novembre se souvient ensuite avoir discuté avec des jeunes "en train de fumer des joints" et qui regardaient les images des attentats à Paris commis par ses complices (dont son propre frère Brahim Abdeslam) sur le terrasses des cafés et au Bataclan. "Eux, ils parlaient de ce qui se passait, moi je leur parlais des filles, de l'école, des métiers".

Récupéré par deux complices le lendemain matin, le jeune homme, originaire de Molenbeek, repart vers la Belgique en voiture et parvient à franchir plusieurs barrages sans être inquiété (il n'est pas encore identifié à ce moment-là) mais non sans avoir craint d'être arrêté, notamment lorsque des forces de l'ordre, armées de "mitraillettes", ont entouré le véhicule qui le transportait . A l'un de ces barrages, il dit avoir été interviewé par une journaliste d'une télévision belge. "Elle me dit : "Vous trouvez normal qu'il y ait des barrages comme ça ?". J'ai dit : "Oui, c'est normal, vu les circonstances, il faut bien renforcer les barrages, hein". J'étais à l'arrière".
 
Cette anecdote est-elle véridique ou Salah Abdeslam l'a-t-il inventée pour se faire mousser ? En tout cas, il sera beaucoup mois prolixe face aux enquêteurs qu'avec ses codétenus. Les écoutes révèlent que c'est Mehdi Nemmouche qui lui conseille de garder le silence. Salah Abdeslam s'inquiète également auprès de lui d'avoir égaré lors de son arrestation "une ba'yah", une lettre dans laquelle il dit avoir prêté allégeance au calife de Daesh. Les enquêteurs ne l'ont jamais retrouvée.
 
Le procès des attentats du 13 novembre 2015 - qui ont fait 131 morts et 450 blessés -  devrait se dérouler l'an prochain. Salah Abdeslam, aujourd'hui âgé de 30 ans, a déjà été condamné à 20 ans de prison en Belgique pour une fusillade survenue le 15 mars 2016. Il a également été inculpé pour "participation aux activités d'un groupe terroriste" dans l'enquête sur les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 qui avaient suivi son arrestation.
    
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