Le parquet national antiterroriste a annoncé vendredi avoir requis un procès aux assises contre 20 personnes dans l'enquête tentaculaire sur les sanglants attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
Le seul membre encore en vie des commandos, Salah Abdeslam, et quatre membres présumés de la cellule jihadiste franco-belge à l'origine des attaques qui ont fait 130 morts, sont visés par ces réquisitions. La décision finale sur les contours de ce procès hors norme, prévu en 2021 à Paris, revient désormais aux juges d'instruction.
Outre Salah Abdelslam, dix-neuf personnes pourraient être jugées pour les attentats du 13 novembre 2015. Planificateurs, logisticiens, convoyeurs, intermédiaires..
Voici ce que l'on sait des 20 suspects pour lesquels le parquet antiterroriste a requis un procès.
Salah ABDESLAM
Parmi les dix membres du commando jihadiste, il est le seul encore en vie. Né à Molenbeek (Belgique), ce Franco-belge de 30 ans est accusé d'avoir déposé les trois kamikazes du Stade de France avant d'abandonner une ceinture
explosive, laissant penser qu'il devait lui aussi mener une attaque-suicide.
Arrêté à Molenbeek le 18 mars 2016, il a été condamné en avril 2018 à 20 ans de prison en Belgique pour une fusillade à Bruxelles trois jours avant son interpellation. Quasi mutique depuis son incarcération en France, il a justifié les attaques jihadistes en juin 2018 dans une brève déclaration aux juges.
La cellule jihadiste franco-belge :
Mohamed ABRINI
Cet ami d'enfance des frères Abdeslam est soupçonné d'avoir accompagné en région parisienne les commandos qui ont commis les attentats, mais aussi d'avoir joué un rôle dans le financement des attaques et la fourniture des armes. Incarcéré en Belgique, cet homme de 34 ans a par ailleurs reconnu être "l'homme au chapeau" qui accompagnait deux kamikazes à l'aéroport de Bruxelles lors de l'attentat du 22 mars 2016.
Mohamed BAKKALI
Considéré comme un logisticien clé, Mohamed Bakkali est accusé d'avoir loué des voitures en vue des attentats. Détenu en France depuis 2018, ce Belge de 32 ans est également mis en cause pour la location de plusieurs planques pour la cellule jihadiste sous une fausse identité.
Osama KRAYEM et Sofien AYARI
Osama Krayem, 27 ans, a rejoint la Syrie en 2014 puis regagné l'Europe en profitant des routes ouvertes pour les migrants. Détenu en Belgique, ce Suédois a été identifié comme l'un des bourreaux du pilote jordanien assassiné
par le groupe Etat islamique début 2015 en Syrie. Son rôle dans les attentats du 13-Novembre reste flou.
Sofian Ayari, compagnon de cavale d'Abdeslam, est revenu en Europe depuis la Syrie avec Osama Krayem et Ahmad Alkhad, considéré comme le principal artificier de la cellule jihadiste. Ayari, un Tunisien de 26 ans, détenu lui aussi en Belgique, a fait un aller-retour mystérieux avec Krayem à Amsterdam le 13 novembre. Les enquêteurs soupçonnent la cellule d'avoir projeté un attentat à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol.
Les faux réfugiés
Adel HADDADI et Muhammed USMAN
Interpellés un mois après les attentats dans un foyer de migrants en Autriche, Haddadi, un Algérien de 32 ans, et Usman, un Pakistanais de 26 ans ancien artificier de groupes jihadistes pakistanais réputés proches d'Al-Qaïda, sont soupçonnés d'avoir suivi la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France. Ils sont détenus en France.
L'exfiltration d'Abdeslam
Mohamed AMRI et Hamza ATTOU
Le Franco-belge de 31 ans et le Belge de 25 ans sont allés chercher Salah Abdeslam en voiture le soir des attentats pour le ramener en Belgique. L'enquête a aussi démontré les liens étroits d'Amri avec les frères Abdeslam dans les semaines précédant l'attaque, laissant soupçonner au minimum une connaissance du projet. Mohamed Amri est incarcéré en France. Hamza Attou, moins impliqué, a été libéré sous contrôle judiciaire en mai 2018.
Ali OULKADI
Proche de Brahim Abdeslam - l'un des kamikazes du 13-Novembre -, ce Français de 35 ans est soupçonné d'avoir aidé Salah Abdeslam à se cacher à son arrivée à Bruxelles le 14 novembre, mais a toujours nié avoir été au courant du projet terroriste. Il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin 2018.
Les soutiens logistiques présumés
Farid KHARKHACH
Né au Maroc, Farid Kharkhach, 37 ans, est accusé d'avoir fourni des faux papiers à l'ensemble de la cellule à la demande de Khalid El Bakraoui, l'un des auteurs des attentats de Bruxelles. Ce Belge est actuellement détenu en France
Yassine ATAR
Cet homme de 33 ans, détenu en France, est le frère d'Oussama Atar, vétéran du jihad soupçonné d'avoir coordonné les attentats depuis la Syrie. Ce Belge était en lien étroit avec ses cousins, les frères El Bakraoui, kamikazes des attentats
de Bruxelles. La clé d'une planque où ont été confectionnées les ceintures explosives utilisées à Paris a été retrouvée chez lui.
Ali EL HADDAD ASUFI
Ce Belge de 35 ans, lui aussi détenu en France, était en contact récurrent avec les membres de la cellule jihadiste franco-belge. Il aurait notamment participé à la fourniture d'armes.
Abdellah CHOUAA
Dernier mis en examen de l'enquête, ce Belge de 38 ans est soupçonné d'avoir apporté un soutien logistique à la cellule. Fils d'un imam de Molenbeek, il a été laissé libre sous contrôle judiciaire.
Les protagonistes absents ou donnés pour morts
Oussama ATAR
Membre important du groupe Etat islamique (EI), ce Belge né en 1984 est considéré comme le "cerveau" des attentats du 13-Novembre, qu'il aurait planifiés depuis Raqa, en Syrie. Vétéran du jihad, il avait été incarcéré en Irak dans les années 2000, où il était parti rejoindre Al-Qaïda. Identifié sous le nom de guerre d'"Abou Ahmed", il serait mort en Syrie lors d'une frappe aérienne en novembre 2017.
Fabien et Jean-Michel CLAIN
Visés eux aussi par un mandat d'arrêt, ces deux Toulousains auraient été tués en février dans une frappe aérienne en Syrie. Fabien Clain a été identifié comme l'homme qui a enregistré le message audio revendiquant les attentats du 13-Novembre et dans lequel son frère Jean-Michel psalmodiait des chants religieux.
Ahmad ALKHAD
Sous ce nom d'emprunt se cache Omar Darif, principal artificier présumé du groupe. L'ADN de ce Syrien de 29 ans a été retrouvé sur des ceintures explosives des jihadistes. Arrivé en Europe en septembre 2015, il est parvenu à reprendre la route de la Syrie deux semaines avant les attentats. Il est considéré comme le seul acteur majeur des commandos encore en fuite.
Ahmed DAHMANI
Ce Belgo-Marocain de 30 ans, originaire de Molenbeek comme son ami Salah Abdeslam, est soupçonné d'être un logisticien de la cellule jihadiste. Ce petit délinquant radicalisé s'était enfui en Turquie le 14 novembre 2015 où il a été condamné en 2016 à dix ans de prison et écroué.
Obeida AREF DIBO
Ce Syrien serait un cadre de l'EI, proche d'Ahmad Akhad. Cousin d'hommes impliqués dans la fuite de Dahmani, il serait mort dans un bombardement en 2016.