Au Touquet, Sarkozy raille les "oreilles sensibles" de Juppé sur ses propositions

Nicolas Sarkozy a raillé samedi au Touquet sans le nommer les "oreilles sensibles" sur ses propositions de son principal rival pour la primaire à droite, Alain Juppé, se présentant comme l'antithèse du "candidat des compromis bancals, des dénis de réalité et des demi-solutions".

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"J'ai proposé --apparemment ça a choqué quelques oreilles sensibles-- de suspendre le regroupement familial tant que l'Europe ne se serait pas dotée d'une politique migratoire. C'est curieux, ça choque quand je le dis, quand (la chancelière allemande) Mme Merkel le fait à l'endroit des réfugiés syriens, personne ne le dit" a fait mine de s'étonner l'ancien chef de l'Etat, alors que M. Juppé a jugé que ce serait "pas une attitude humaine".

Reportage de Jean-Louis Manand et Patrick Duluc.

L'ancien chef de l'Etat s'exprimait devant plus d'un millier de personnes (2 000 selon les organisateurs) dans la chaleur étouffante d'une salle du Touquet (Pas-de-Calais) où était organisé pour la 5e année consécutive un Campus des Jeunes Républicains. "Je ne serai pas le candidat des compromis bancals, des dénis de réalité et des demi-solutions sur l'immigration comme sur le reste" a-t-il aussitôt poursuivi. Dans un passage sur la nécessaire "unité" de son camp et l'appel à une primaire qui ne "dérive pas dans des querelles de personnes", M. Sarkozy a par exemple à nouveau pris à témoin le maire de Bordeaux, rappelant leurs différences sur l'"identité nationale" qu'il a "toujours défendue : "Certains la voient heureuse" a-t-il dit, citant sans le nommer son rival, le tout sous quelques sifflets, "d'autres comme moi la voient avec un regard plus réaliste."

"Nous ne voulons pas de signe extérieur d'appartenance à une religion dans notre pays"

Devant des soutiens, comme le vice-président LR de la région Hauts-de-France Gérald Darmanin, le numéro deux des Républicains Eric Woerth, mais aussi devant le président non-aligné dans la primaire de la région Xavier Bertrand, M. Sarkozy a lancé peu après : "Choisissez qui vous voulez, préférez qui vous voulez, ne sifflez pas, ne critiquez pas, on a déjà assez à faire avec la gauche, avec le FN et même avec le parti des observateurs". Au lendemain de la décision du Conseil d'Etat de suspendre un arrêté interdisant le port du "burkini", M. Sarkozy a redit son souhait d'une loi interdisant ce vêtement mais aussi le port du voile à l'université, car "nous ne voulons pas de signe extérieur d'appartenance à une religion dans notre pays". "Nous ne l'acceptons pas, c'est la loi, c'est notre mode de vie français, c'est la culture française, c'est la tradition française, c'est comme ça que nous vivons et que nous voulons continuer à vivre", a-t-il lancé sous les acclamations. 

"Je veux parler de la vie que vous vivez", a par ailleurs lancé M. Sarkozy, qui a levé cette semaine le faux suspense sur sa candidature pour la primaire. "Je veux que celui qui n'en peut plus d'avoir peur pour sa femme et ses enfants dans les transports en commun se dise" en pensant à Nicolas Sarkozy : ""Lui, il a compris ce qu'on vit"", a dit l'ancien président. Alors que M. Juppé propose un pacte avec les responsables musulmans, Nicolas Sarkozy a lui estimé qu'il n'y a "pas de compromis raisonnable avec l'islam radical et l'islam politique", sources selon lui de menaces pour les Juifs de France, les prêtres, les homosexuels, les femmes, la jeunesse.
Calais: Sarkozy pour une remise en cause des accords du Touquet
Lors de son discours, Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour une remise en cause des accords qu'il avait lui-même signés dans cette ville en 2003 en tant que ministre de l'Intérieur et qui placent à Calais la frontière franco-britannique, entravant ainsi l'immigration clandestine vers la Grande-Bretagne. Concernant "tous ceux qui sont ici à Calais et qui veulent passer en Angleterre, que les Anglais instruisent en Angleterre le dossier de ces candidats, ce n'est pas en France que nous devons le faire", a-t-il déclaré. "Je demande l'ouverture d'un centre de traitement des demandes d'asile pour tous ceux qui sont à Calais en Angleterre, de manière à ce que les Anglais fassent le travail qui les concerne (...). Ils organiseront des charters pour renvoyer chez eux les gens dont ils ne veulent pas", a poursuivi M. Sarkozy.
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