Auchan annonce la mise en vente de 21 sites déficitaires en France. 3 sites des Hauts-de-France sont concernés.
C'était dans l'air depuis quelques semaines. Auchan a confirmé ce mardi la cession de 21 magasins en France (cf liste dans l'encadré plus bas). Ce sont des sites déficitaires qui seront mis en vente. L'annonce a été faite aux partenaires sociaux réunis en comité central d'entreprise (CCE) à Marcq-en-Baroeul (Nord).
Dans la région Hauts-de-France, on sait d'ores et déjà que les magasins de Marquette-lez-Lille (Auchan Bio), Arras (supermarché) et Albert (supermarché) sont concernés. Ces sites sont "sans perspective réaliste de retour à la rentabilité", selon Auchan.
PSE en cas d'échec de la vente
723 salariés sont concernés par cette cession. Ils pourraient être licenciés si les magasins ne sont pas vendus. Dans un communiqué, le groupe nordiste de distribution précise que si ces 21 sites (supermarché, hypermarché, entrepôt et drive) ne trouvaient pas preneur, "un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) serait donc ouvert".
"Le choix de la cession répond à une triple volonté de l’entreprise : préserver l’emploi des collaborateurs concernés, assurer la continuité commerciale aux habitants et garantir le dynamisme économique des territoires", précise Auchan.
"Pour chacun de ces sites, nous sommes en recherche active de repreneurs afin de les céder, c'est notre priorité", écrit dans une lettre aux salariés Ali Khosrovi, Directeur Général Auchan Retail France. Ce n'est que si ces recherches n'aboutissent pas favorablement que nous envisageons de fermer des sites. Nous devons nous préparer à ce que ce soit le cas pour certains d'entre eux."
La CFDT "scandalisée"
Les syndicats s'attendaient à des annonces ce mardi : "Dans le secret des dieux, il se prépare de la casse sociale", disait un syndicaliste à France Bleu Nord.
"La CFDT est scandalisée d'apprendre que l'entreprise décide d'un PSE d'envergure en mode départ contraint sur les sites de production", souligne le syndicat dans un communiqué. Ce "PSE intervient après des années d'errances stratégiques et alors qu'Auchan et le groupe Mulliez ont perçu au titre du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr) 500 millions d'euros sur les six dernières années, ce qui est d'autant plus inacceptable",
écrit également le syndicat.
"Ça veut dire qu'il y a des salariés qui voient leur emploi remis en question. C'est dramatique pour eux", a estimé Guy Laplatine, délégué central CFDT Auchan. Ça veut dire qu'il y a eu des décisions lamentables qui ont été prises en terme de commerce et notamment, on a arrêté ce qui faisait la force d'Auchan : la publicité et la promo. Pour simplement dégager des résultats. Je pense qu'ils avaient une vraie démarche de gestion et financière. On a arrêté de faire du commerce et ça s'est traduit par une désertion des clients. On paye la note et puis il y a aussi le fait que la grande distribution est mise à mal, il n'y a pas qu'Auchan. Le modèle d'hypermarché n'est plus à l'ordre du jour, voilà..."
Le syndicat revendique la "reconnaissance sociale et économique du Groupe Mulliez qui rassemble des dizaines d'enseignes, Auchan, Leroy Merlin, Kiabi, Kiloutou, Flunch... présentes le plus souvent sur les même zones commerciales." Cette "reconnaissance" permettrait selon la CFDT "de créer des passerelles inter-enseignes et d'augmenter sensiblement les chances de reclassement en proximité pour tous les salariés".
"Trahi"
"On a été bernés. C'est près de 800 salariés demain qui vont être dans des grandes difficultés d'ordre psychologique, sociale, financière et donc c'est une vraie catastrophe sociale", s'est indigné Gérald Villeroy, délégué syndical central CGT. "On se sent trahi parce qu'aujourd'hui, on a une enseigne qui (...) dégage des bénéfices et a touché au niveau du groupe plus de 500 millions d'euros de CICE", a renchéri Gilles Martin, délégué syndical central CFDT pour les hypermarchés. "C'est de l'argent public, un vrai scandale financier parce qu'à l'origine le CICE était fait pour maintenir l'emploi".
"Vu le contexte économique, on a un gros doute" sur la possibilité de trouver des repreneurs, a de son côté estimé Ludovic Vinchon, délégué central FO, se disant "très inquiet".
Si j'ai bien suivi, sur le marché des actifs commerciaux, il y a donc désormais 2 vendeurs officiels : @Groupe_Casino et @AUCHAN_France. Ce qui, par principe, fait quand même les affaires des acheteurs qui auront plus de choix. Et, ce faisant, de pouvoir dans les négos...
— Olivier Dauvers (@Dauvers70) 30 avril 2019
Auchan possède 644 points de ventes en France, et compte plus de 73 800 salariés, dont 13 000 dans le Nord Pas-de-Calais (1er employeur privé de la région).
Début mars, l'enseigne nordiste avait annoncé une perte nette de 1,145 milliard d'euros en 2018 et un plan de "redressement" de son pôle distribution, qui devait passer par une réforme en profondeur de ses hypermarchés et des coupes financières.
"Identifier les foyers de pertes"
Ce plan devait également permettre "une identification de tous les foyers de pertes sans a priori" et, selon un principe de réalité, de "soit redresser les magasins, soit de les réformer", avait expliqué Edgard Bonte, le nouveau président du directoire de la société.
Il était également prévu de baisser "de moitié" les investissements, ce qui génèrera "plusieurs centaines de millions d'économies en année pleine". Aucun plan de réduction d'effectifs, notamment en France, n'était en revanche programmé, avait alors assuré le dirigeant.
Jusqu'à maintenant, Auchan n'avait jamais cédé ses magasins. En 2017, un plan social avait abouti à la suppression de 400 postes dans le domaine administratif.
Les réactions politiques
723 emplois sur 21 sites du groupe #Auchan menacés par un PSE. Peut-on savoir où sont passés les millions du CICE après que les dividendes de la famille Mulliez aient été multipliés par 3 entre 2014 et 2015 ?
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 30 avril 2019
"Peut-on savoir où sont passés les millions du CICE après que les dividendes de la famille Mulliez aient été multipliés par trois entre 2014 et 2015 ?", a réagi sur Twitter le député La France insoumise du Nord Adrien Quatennens. "L'Etat doit être ferme et demander le remboursement !" a aussi tweeté le secrétaire national du PCF Fabien Roussel.
Les 21 sites Auchan qui vont être mis à la vente
- 13 supermarchés situés à Faulquemont 57), Tours (37), Esvres (37), Roanne (42), Marquette-Lez-Lille, (59), Arras (62), Perpignan (66), Mulhouse(68), Rouen (76), Albert (80), Athis-Mons (91), Chevilly-La-Rue (94), Saint-Ouen L’Aumône (95)- 4 Chronodrive situés à Agen (47), Bayonne (64), Caen (14), Vannes (56)
- 2 Halles d’Auchan situés à Meaux (77) et Bobigny (93)
- 1 hypermarché situé à Villetaneuse (93)
- 1 centre de préparation Auchandirect situé à Marseille (13)