Un collectif antiraciste a appelé à manifester vendredi en mémoire d'un étudiant belge né de père africain, mort à 20 ans en 2018 à la suite d'un bizutage, une affaire qui suscite une vive émotion en Flandre.
Sous le mot d'ordre "Justice for Sanda", le collectif Belgian Youth Against Racism a appelé sur FaceBook à une veillée silencieuse vendredi soir à Louvain (centre), la ville néerlandophone où ce jeune homme, Sanda Dia, suivait des études d'ingénieur.
Ce drame de décembre 2018 est revenu sur le devant de l'actualité cet été après la décision du parquet chapeautant l'enquête judiciaire de réclamer un procès pour une petite vingtaine d'étudiants soupçonnés d'avoir joué un rôle dans la mort du jeune homme.
La manifestation avait été programmée le jour où le chambre du conseil de Hasselt devait se prononcer sur cette demande de renvoi devant un tribunal correctionnel, une décision qui a finalement été différée.
"Sanda a subi le racisme et l'humiliation de la part de (la fraternité étudiante) Reuzegom (...) Sanda est mort, ils lui ont tout pris, ils l'ont laissé crever", écrit Belgian Youth Against Racism.
Les 4 et 5 décembre 2018, Sanda Dia avait dû subir avec deux autres étudiants une série d'épreuves humiliantes lors de ce "baptême" pour intégrer la fraternité Reuzegom, bien implantée à l'université catholique de Louvain (KU Leuven).
"Rituel" fatal
Le premier jour, l'étudiant anversois né de père mauritanien avait dû ingurgiter une grande quantité d'alcool sans pouvoir ensuite s'hydrater pour faire baisser le taux d'alcoolémie. Du scotch avait été collé sur tous les robinets de son appartement.Le second jour, dans un chalet isolé de la région anversoise, il avait notamment dû avaler un mélange salé à base d'huile de poisson, puis séjourner dehors dans le froid dans un trou rempli d'eau glacée.
L'étudiant de 20 ans est décédé le 7 décembre 2018 à l'hôpital d'Anvers, des suites d'"un oedème cérébral", selon une source proche du dossier. D'après des médias flamands, sa température corporelle était tombée à 27 degrés après le rituel du "puits" d'eau glacée, et il s'est écoulé plusieurs heures avant qu'il ne soit emmené à l'hôpital.
Ce drame constitue "l'une des pages les plus noires dans l'histoire de notre université", avait déploré début août le recteur de la KU Leuven, Luc Sels. Au coeur de l'été, le parquet du Limbourg a signé un réquisitoire dans lequel il réclame le renvoi en procès de 18 membres de Reuzegom, soupçonnés selon les cas de "traitements dégradants", "administration de substance nocive ayant entraîné la mort", "négligence coupable" voire "homicide involontaire".