Deux foyers supplémentaires de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO-BTV3) ont été découverts dans les départements du Nord et de l'Aisne ainsi que 22 cas de suspicions de contamination uniquement dans le Nord. Un premier foyer avait été localisé le 5 août dans un élevage ovin à Marpent, près de Maubeuge (Nord). Les éleveurs redoutent une expansion de la maladie, qui touche les ovins, les bovins et les caprins.

C'est l'image d'Épinal de nos campagnes estivales : des vaches paissant en troupeau, mouches et autres petites bêtes aux coins des yeux. Et ce sont bien ces insectes qui sont au cœur des préoccupations des éleveurs du nord de la France, car certains sont vecteurs de la fièvre catarrhale.

Cette maladie, connue aussi sous le nom de "maladie de la langue bleue" touche en premier lieu les ovins, mais aussi les bovins et les caprins. Le 29 juillet, les autorités belges avaient déclaré un foyer de cette fièvre dans la commune de Chimay, frontalière avec la France.

La progression de la maladie vers le sud de la Belgique s’est accentuée depuis une semaine et elle est arrivée dans les Hauts-de-France depuis quelques jours. 22 suspicions sont apparues dans deux à trois élevages dans le Nord et trois à quatre dans l'Aisne. Elles sont toutes en cours d'analyse.

Notre équipe, Arnaud Moreau et Frédérik Giltay, s'est rendue dans l'élevage bovin de Laurent Bouchez, à Fontaine-au-Bois (Nord). L'éleveur partage ses craintes : devoir rapatrier tout son troupeau dans les étables, pour qu'il soit moins exposé aux risques de maladie. Une mesure préventive qu'il aimerait ne pas avoir à prendre car la météo pluvieuse des dernières semaines avait déjà retardé la sortie des vaches.

"Ça fait environ un mois qu'elles sont en prairie, alors que d'habitude elles sortent au mois d'avril", retrace Laurent Bouchez à nos journalistes. "On a dû gérer les pluies et puiser dans nos réserves d'aliments". Une grosse perte économique pour l'agriculteur.

Une maladie très contagieuse

Comme Laurent Bouchez, de nombreux éleveurs de la région scrutent leurs vaches avec attention. Antoine Ramette, vétérinaire à Maroilles (Nord), le confirme : ces derniers jours, il reçoit de plus en plus d'appels pour des cas de moutons et de bovins qui ont des symptômes fortement apparentés à ceux de la fièvre catarrhale ovine.

Fièvre, troubles respiratoires, salivations, œdème de la face et cyanose de la langue font partie des symptômes, mais la maladie peut aussi être asymptomatique, détaille le site web de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Certaines souches virales peuvent même provoquer "des retards de croissance chez les animaux malades, la mort de certains animaux et des avortements chez les femelles infectées". Or, beaucoup de vêlages sont à venir en fin d'été et en automne pour les vaches laitières des Hauts-de-France.

"La situation n'est pas dramatique mais elle reste préoccupante dans la mesure où c'est une maladie virale très contagieuse surtout pour les moutons, explique-t-il, elle est transmissible par de petits moucherons, les culicoïdes", ajoute le vétérinaire Antoine Ramette. En cas de contamination, l'animal doit être isolé. 

Pulvérisation d'insecticide

À quelques kilomètres de la première exploitation, une autre éleveuse, Marie Carpentier, lutte contre les insectes avec ses propres moyens. Elle pulvérise de l'insecticide sur le dos de ses 300 vaches laitières et génisses, regroupées la plupart du temps à l'intérieur d'un hangar. Une opération qu'elle réalise une fois par semaine en attendant l'arrivée des vaccins.

Si d'autres variants de la fièvre catarrhale ovine étaient connus en France, le sérotype 3 était jusqu’à présent non caractérisé. Les 4,6 millions de doses de vaccin sont en préparation dans les laboratoires et devraient être disponibles à l'utilisation à partir du 14 août.

Il faut savoir que la fièvre peut être fatale à l’animal mais n'étant pas une zoonose, elle n'est pas transmissible à l'Homme. Elle n’a aucune incidence sur la qualité sanitaire des denrées issues des animaux malades, selon l'Anses.

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Pour autant, un éleveur dans l'Avesnois, assure que des répercussions économiques de la maladie se font déjà sentir. "Certaines personnes profitent de la situation, par exemple nos acheteurs habituels nous ont déjà dit qu'ils n'achèteraient que la moitié de nos veaux la semaine prochaine", s'alarme-t-il.

Une rentrée d'argent en moins et des frais en plus pour l'éleveur qui devra continuer de nourrir les veaux restants dans son exploitation.

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