Ce n'est pas la première fois que le gouvernement belge s'en prend à sa filiale Electrabel.
Le Premier ministre belge, Charles Michel, a accusé lundi la firme Electrabel, filiale du géant français Engie, d'avoir "manqué de la plus élémentaire prévoyance" dans sa gestion du parc nucléaire belge, alors que l'indisponibilité de nombreux réacteurs cet hiver fait craindre une offre d'électricité insuffisante.
"Les hausses de prix liées à l'indisponibilité anormale du parc nucléaire devront être facturées à Electrabel", a aussi déclaré le chef du gouvernement, à l'occasion de sa déclaration politique annuelle devant les députés.
Les sept réacteurs des centrales nucléaires belges de Doel, près d'Anvers, et Tihange, dans la région de Liège, sont exploités par cette filiale d'Engie.
Or les périodes d'indisponibilité pour cause d'entretien s'allongent régulièrement en raison de la vétusté du matériel.
Dépendance du nucléaire
Et entre la mi-octobre et la mi-novembre, un seul des sept réacteurs, Doel 3, devrait être en capacité de fournir de l'électricité. Cela laisse augurer des problèmes d'approvisionnement qui pourraient entraîner une hausse de la facture du consommateur.
Pour Charles Michel, "la gestion du parc nucléaire par Electrabel a manqué de la plus élémentaire prévoyance et chacun a compris que le gouvernement comme les consommateurs ont été confrontés à un fait accompli qui est inacceptable".
Le Premier ministre s'est toutefois voulu rassurant sur l'approvisionnement, alors que les besoins de la Belgique en électricité dépendent pour plus de 50% du nucléaire.
"Le risque pour la sécurité d'approvisionnement s'éloigne chaque jour de plus en plus mais nous continuons le travail avec l'ensemble des acteurs", a-t-il souligné.
"Lors d'une conversation téléphonique hier avec la chancelière Angela Merkel, j'ai obtenu l'assurance du soutien et de la coopération de l'Allemagne dans le cadre des importations", a aussi assuré Charles Michel ce lundi.
Le 24 septembre, trois jours après l'annonce par Electrabel du report de plusieurs mois des redémarrages de Tihange 2 et Tihange 3, la ministre belge de l'Energie, Marie-Christine Marghem, avait déjà mis en cause la mauvaise planification des travaux d'entretien par l'exploitant.
Quatre des sept réacteurs (Tihange 2 et 3, Doel 3 et 4) ont dû faire face récemment à des problèmes de dégradation du béton dans des installations non-nucléaires des centrales, des "problèmes" qui n'ont pas été "bien estimés", a reconnu Philippe Van Troeye, PDG d'Engie Benelux, filiale qui chapeaute Electrabel.
"Electrabel est un acteur industriel important, nous opérons 44% des capacités de production du pays, mais on ne peut pas nous demander d'être les seuls responsables de la sécurité d'approvisionnement, ce n'est pas possible", s'est défendu M. Van Troeye ce week-end dans le quotidien La Libre Belgique.