Belgique : on vous explique #BalancetonWilly, nouvelle vague de témoignages d'agressions sexuelles sur Twitter

Depuis début août, plusieurs internautes belges partagent le récit de leurs agressions sexuelles sur le compte @BalancetonWilly. Des histoires glaçantes de femmes et parfois d'hommes souvent originaires de Bruxelles qui veulent mettre fin à cette omerta, déjà dénoncée lors du mouvement #MeToo. 

"Témoignage 1. 12 août 2020. L’histoire date de deux ans, j’avais 18 ans, j’étais partie dans un Airbnb avec un gars avec qui je parlais depuis quelques mois. Il m’avait l’air d’être un gars bien", commence cette internaute qui a décidé de raconter son histoire sur le compte Twitter @BalancetonWilly.

Une histoire au premier abord banale, mais l'internaute déroule le fil de son récit, qui se transforme peu à peu en cauchemar, jusqu'à ces mots fatidiques : "Ils ont commencé à me violer à 2 heures, ils ont arrêté à 6 heures. Ils étaient quatre."

"Mon père a abusé de moi quand j'étais enfant", "violée par mon oncle quand j'avais neuf ans", "la police m'a ri au nez en me disant : un homme violé ? C'est impossible monsieur, c'est que vous le vouliez", "Je me souviens juste du moment où on s'est approché l'un de l'autre. Puis le trou noir", ... Des histoires comme celles de ces internautes ont été envoyées par centaines chaque jour à la créatrice du compte @BalanceTonWilly. 

Un nouveau #MeToo ? 

La créatrice du compte l'assure : "Je n'avais jamais entendu parler de #MeToo avant très récemment. Mais je connaissais déjà #Balancetonporc ou #Balancetonvioleur."

Selon elle, le fonctionnement est le même : "Ces témoignages n'ont rien de différent à part que les victimes expliquent en détail et racontent leur histoire. Ce n'est pas juste un tweet."

"Ce mouvement a pris de l'ampleur en Belgique, car c'est la première fois que nous avons un mouvement belge où les victimes témoignent sur les réseaux sociaux", estime-t-elle. 

Qui est Willy ? 

Le comportement d'un Belge au pseudo de "Willy", avait poussé la créatrice à créer ce compte. "J'avais entendu à la radio qu'il avait donné rendez-vous à une fille pour ensuite la laisser sur l'autoroute, car elle avait refusé ses avances. Il avait ensuite fait demi-tour pour la récupérer et l'avait ramenée dans son appartement pour la déshabiller et se masturber devant elle", narre-t-elle. 

C'était l'histoire de trop, le déclic qui a amené la créatrice à créer ce compte. 

Qui est derrière ce compte ? 

Si la créatrice du compte préfère conserver son anonymat, car elle "reçoit des menaces", elle dit être étudiante de l'université de Gand, en Flandres. Âgée de 20 ans, elle est aussi une victime de viol, d'agression sexuelle et de revenge porn. Le revenge porn est la divulgation de contenus sexuellement explicites sans le consentement de la ou des personnes qui y figurent dans une optique de vengeance. 

Femme noire, elle a dans un premier temps "suivi les personnes qu'elle connaissait qui sont presque tous noires. Ces gens-là se sont ensuite abonnés en retour et ont commencé à retweeter les témoignages publiés sur mon compte."

Ayant eux-mêmes plus d'abonnés noirs et Bruxellois, les premiers témoignages ont laissé penser que #BalanceTonWilly correspondait à la libération de la parole des femmes noires. 

"#BalanceTonWilly n'est en aucun cas le #MeToo des femmes noires", préfère préciser la créatrice sur son compte. "Nous menons tous le même combat, donc pourquoi commencer à séparer les victimes de violences sexuelles par rapport à leur couleur de peau ? ", interroge-t-elle.

D'autant que depuis la médiatisation de son compte, elle reçoit "beaucoup plus de témoignages de personnes blanches" et remarque "une mixité d'origine."

Une idée soutenue par la police bruxelloise

Dans un tweet, la police bruxelloise a encouragé cette initiative et a invité "toute personne à dénoncer le(s) fait(s) d'agression sexuelle dont elle a été victime auprès du commissariat de son choix." En lien, elle dirige vers le centre de prise en charge des violences sexuelles installé à Bruxelles. Il propose une prise en charge médicale, médico-légale ainsi qu'un soutien et un suivi psychologique aux victimes. 

Des inspecteurs de police spécialisés peuvent aussi venir dans ce centre pour prendre la déposition si la victime souhaite porter plainte. 

De son côté, la créatrice prend le temps d'échanger avec les personnes qui lui apportent leur témoignage. "Je les incite à porter plainte bien sûr. Certains ont déjà porté plainte et me répondent que ça ne sert à rien, que la justice s'en fout. S'ils le souhaitent, je continue de discuter avec eux et les redirige vers des associations belges comme SOS viol."

D'autres préfèrent s'arrêter à leur simple témoignage : "Ils veulent juste être entendus."
 
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