Un jihadiste belgo-marocain, Oussama Atar, est considéré par les enquêteurs comme l'un des coordinateurs depuis la Syrie des attentats de Paris et Bruxelles, a-t-on appris mardi de sources proches de l'enquête, confirmant une information du Monde.
Les enquêteurs pensent que derrière le nom de guerre "Abou Ahmad", cité à plusieurs reprises dans les investigations, se cache Oussama Atar, 32 ans, un vétéran du jihad aujourd'hui membre de l'organisation Etat islamique, qui avait revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris et ceux du 22 mars à Bruxelles. "Il est le seul coordinateur depuis la Syrie à avoir été identifié en l'état des investigations", a affirmé une des sources.
La "kounya" (surnom) Abou Ahmad est apparue dans l'enquête après l'interpellation, le 10 décembre en Autriche, de l'Algérien Adel Haddadi et du Pakistanais Mohamed Usman. Les deux hommes avaient débarqué le 3 octobre 2015 sur l'île grecque de Leros, parmi le flot de migrants, en même temps que les deux kamikazes irakiens qui se sont fait exploser aux abords du Stade de France. Après des dénégations, Adel Haddadi a avoué qu'ils avaient été missionnés pour commettre des attentats à Paris et que le mystérieux Abou Ahmad avait organisé leur venue en Europe depuis la Syrie.
Cousin des frères El-Bakraoui
Le suspect algérien a désigné Oussama Atar comme étant probablement Abou Ahmad d'après une planche de photos qui lui était soumise par les enquêteurs, selon une des sources.Le surnom Abou Ahmad est par ailleurs apparu dans l'enquête grâce à l'exploitation d'un ordinateur abandonné dans une poubelle près d'une des planques utilisée par la cellule jihadiste en Belgique. Les enquêteurs ont exhumé des conversations dans lesquelles des membres de la cellule semblent s'adresser à Abou Ahmad en évoquant des testaments et des modes d'actions, selon une source proche de l'enquête.
Son entourage ciblé -
Cousin éloigné des frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, qui se sont fait exploser avec un troisième kamikaze à Bruxelles, Oussama Atar est un nom bien connu de l'antiterrorisme. Parti en Syrie, sa trace a été perdue par les services il y a plusieurs mois, selon une source proche de l'enquête.Auparavant, il avait été interpellé fin 2004 à Ramadi, en Irak, en pleine guerre un an et demi après le début de l'intervention américaine. Ramadi était alors un des bastions de l'insurrection jihadiste en Irak. Le Belgo-Marocain avait été condamné à dix ans de prison pour avoir illégalement franchi la frontière entre la Syrie et l'Irak.
Emprisonné dans plusieurs geôles irakiennes, notamment dans la prison d'Abou Ghraib où il est resté trois ans, selon son avocat de l'époque Vincent Lurquin, il était retourné en Belgique après sa libération en septembre 2012. Sa famille avait choisi de médiatiser son cas dans l'espoir de le faire libérer et il avait à l'époque bénéficié de soutiens de la part de personnalités politiques ou d'ONG, comme Amnesty International.
Dans une interview en 2011 au quotidien belge Le Soir, Oussama Atar racontait être allé en Syrie "pour étudier l'arabe", avant de se rendre en Irak par l'intermédiaire d'une association afin d'y acheminer des médicaments. Son entourage familial a lui aussi été ciblé par l'enquête belge sur les attentats de Bruxelles et de Paris. Son jeune frère Yassine a été arrêté cinq jours après les attentats de Bruxelles et des proches ont fait l'objet de perquisitions.