Brexit : les négociations sur la pêche dans les eaux britanniques commencent

Le Brexit enfin acté laisse place aux négociations. Et sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais, l'attention est particulièrement mise sur l'avenir des accords de pêche entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. 

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Que va-t-il advenir des accords de pêche maintenant que le Brexit est acté ? La réponse est en train d'être négociée en ce moment entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. 

Les pêcheurs des Hauts-de-France sont particulièrement concernés. Ils pêchent 75% de leurs poissons dans les eaux britanniques. Un chiffre qui a amené Xavier Bertrand à se montrer ferme ce lundi 3 février sur BFM TV. "Nous devons dire aux Britanniques que si nous ne pouvons plus pêcher dans les eaux britanniques; alors ils ne transformeront plus leurs poissons chez nous."
 


Pour l'Union européenne, tout l'objectif est donc de permettre aux navires européens de continuer à pêcher dans les eaux britanniques, très poissonneuses. Car malgré que la pêche ne représente qu'une partie infime du PIB de l'UE, l'activité est vitale pour de nombreuses communautés du littoral dont celui du Nord et du Pas-de-Calais. La Bretagne, la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas sont aussi concernés. 
 

 

"Cinq fois plus de bateaux européens dans les eaux britanniques que de bateaux britanniques dans les eaux européennes"


Pierre Karleskind est euro député membre du parti Renew Europe et est pressenti pour reprendre la tête de la commission Pêche au Parlement européen après le départ de son président britannique. Il rappelle qu"il y a cinq fois plus de bateaux européens dans les eaux britanniques que de bateaux britanniques dans les eaux européennes."

 



Environ 30% de la valeur des captures françaises est effectuée dans les eaux du Royaume-Uni, un chiffre qui peut monter à 50% pour la Belgique. Outre la mer du Nord et la Manche, les bateaux français dont notamment ceux de Boulogne-sur-Mer se rendent aussi en mer Celtique et jusqu'à l'ouest de l'Écosse. 
 

La politique commune de pêche remise en question 


La politique commune de pêche (PCP) permet aux États membres - et au Royaume-Uni jusqu'à la fin de l'année - de gérer les stocks de poissons de façon durable, avec une égalité d'accès aux eaux, ce que les Britanniques n'ont cessé de dénoncer. 

Les quotas de pêche sont négociés chaque année au "rendement minimum durable" pour assurer le renouvellement des stocks, puis distribués entre chaque Etat. 
 

"Un maillon faible qui ne soit pas une variable d'ajustement"


L'Union européenne, dépendante du Royaume-Uni pour pouvoir préserver cet accord, a adopté une stratégie. Faire de l'accord sur la pêche le premier point indispensable avant toute autre négociation sur le reste de l'accord sur le commerce. "L'accord que nous souhaitons dans l'intérêt des pêcheurs britanniques et des pêcheurs européens [...] fait partie de manière indissociable de l'accord de commerce", a explique le négociateur pour l'Union européenne, Michel Barnier. 
 
Une position qui permet aux Européens de disposer d'un levier de négociations. "On commence par la pêche et on ne continue pas la négociation sur l'accord global s'il n'y a pas d'aboutissement. Cela permet que notre maillon faible ne soit pas une variable d'ajustement", souligne Pierre Karleskind. 

La question de la pêche devra être réglée au 1er juillet, pour rendre possible la répartition des quotas à partir de 2021. 
 

Le Royaume-Uni veut s'inspirer du modèle norvégien, islandais et de celui des îles Féroé


Le gouvernement britannique se réjouit de redevenir "un État côtier indépendant". Il "va, comme la Norvège, l'Islande et les îles Féroé, avoir des négociations annuelles avec l'UE sur l'accès aux eaux et les opportunités de pêche". 

Ces trois pays n'ont que quelques stocks à gérer avec l'Union alors que pour le Royaume-Uni et l'UE, une centaine de stocks sont concernés. 
 
La flotte de pêche britannique n'a pas la capacité de couvrir la totalité des quantités prises par les bateaux européens. En outre, elle a besoin du marché européen pour ses produits de la mer. L'UE est la destination de 70% de ses exportations. "La question de la pêche a été fondamentale dans le contexte du Brexit [...]. Cela promet des négociations beaucoup plus difficiles qu'avec la Norvège par exemple", prédit François-Xavier Bellamy, euro député du PPE. 

 
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