Le rejet de l'accord négocié entre Londres et Bruxelles par le Parlement britannique "ajoute de l'incertitude à l'incertitude", a estimé le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Le Medef a appelé mercredi les entreprises françaises à se préparer au "pire scénario", tandis que la CPME s'inquiètait des "conséquences pratiques" d'un Brexit sans accord, au lendemain du rejet par le Parlement britannique de celui négocié entre Londres et Bruxelles.
"Le vote d'hier soir ajoute de l'incertitude à l'incertitude", a affirmé le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, cité dans un communiqué qui alerte sur la possibilité d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE "sans accord, le 29 mars prochain".
"Il n'y aurait alors ni transition, ni délais, ni dérogation", prévient l'organisation patronale. "Les personnes, les biens, les services et les capitaux ne pourraient plus circuler librement entre l'Europe et le Royaume-Uni", ajoute-elle.
"Face au Brexit, la seule urgence pour nous est d'accélérer la préparation des entreprises au pire scénario, même si le pire n'est pas sûr", a insisté M. Roux de Bézieux.
300 000 Français travaillent outre-Manche
Le Medef rappelle que 300.000 Français travaillent actuellement au Royaume-Uni et que 150.000 Britanniques sont installés en France. Selon l'organisation patronale, 30.000 entreprises françaises exportent au Royaume-Uni, dont plus de 3.000 y sont installées.Pour sa part, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a aussi exprimé ses craintes que "des secteurs entiers d'activité soient concernés" et des "conséquences pratiques" d'un Brexit sans accord.
La CPME "recommande aux entreprises de vérifier le plus rapidement possible l'origine des produits alimentant leur chaîne d'approvisionnement et ce afin de surveiller leur conformité avec les règles en vigueur dans l'Europe des 27", a-t-elle expliqué dans un communiqué.
"Protéger les marques et modèles"
L'organisation appelle aussi les entreprises à "protéger leurs marques, dessins et modèles" auprès de l'Intellectual Property Office (IPO), l'autorité britannique en la manière, car "la seule protection communautaire s'avérera brutalement inefficace au Royaume-Uni" s'il n'y a pas d'accord.Selon l'Elysée, la France va intensifier ses préparatifs pour un Brexit sans accord. Le Premier ministre Édouard Philippe réunira jeudi matin "les principaux ministres concernés pour faire le point sur les préparatifs et les accélérer", a précisé la présidence.
Cette réunion avait été planifiée avant le vote britannique, dans le cadre des préparatifs menés depuis plusieurs mois en vue du Brexit, prévu le 29 mars.
Fin novembre, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin s'était déclaré "très inquiet" de la préparation des entreprises françaises à un Brexit dur.
Préparation des douanes
Le ministère a assuré ce mercredi que "les douanes se sont préparées depuis des mois au Brexit". "Nous avons demandé le recrutement de 700 douaniers supplémentaires, dont 500 seront à pied d'oeuvre dès le 29 mars en cas de Brexit sans accord", a ajouté une source de Bercy.Un projet de loi d'habilitation permettant au gouvernement à prendre par ordonnance des mesures de préparation au Brexit sera par ailleurs examiné au Sénat jeudi.