Brexit : pourquoi le départ du Royaume-Uni le 31 janvier ne changera rien pour vous avant (au moins) 2021

La saga est en fait loin d'être terminée.

Vous n'avez pas fini d'entendre parler du Brexit. La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, d'abord prévue le 29 mars, puis reportée au 12 avril et au 31 octobre, aura finalement lieu le 31 janvier prochain. Mais que vous soyez binational, étudiant, touriste, entrepreneur ou chauffeur routier, ne vous attendez pas à voir de changement avant de longs mois.

Le 31 janvier, nos voisins entreront dans une "période de transition" de 11 mois, qui ne devrait a priori pas être étendue : Boris Johnson avait exclu, en décembre dernier, d'étendre cette période de transition au-delà du 31 décembre 2020.
 
"Notre programme [aux élections législatives du 12 décembre] disait clairement que nous n'étendrions pas la période de transition, et le nouvel accord de retrait interdira légalement le gouvernement d'accepter toute extension", avait-il souligné, dans une déclaration notamment rapportée par le Guardian (article en anglais)

 

"Un avenir radieux et palpitant"


La date du 31 janvier est surtout symbolique. C'est celle à laquelle les eurodéputés britanniques quitteront Bruxelles. En revanche, l'horloge de Big Ben ne devrait pas sonner. Trop cher et clivant, dans un pays toujours déchiré sur le bien-fondé du Brexit.
 
Cela n'a pas empêché le Prime minister s'est réjoui de l'imminence du Brexit dans un communiqué : "Parfois, nous avions l'impression que nous ne franchirions jamais la ligne d'arrivée du Brexit, mais nous l'avons fait. Nous pouvons maintenant oublier les rancœurs et les divisions de ces trois dernières années et nous concentrer sur la mise en oeuvre d'un avenir radieux et palpitant".

L'avenir radieux et palpitant ne viendra pas tout de suite : les onze mois qui s'annoncent promettent d'âpres négociations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Des négociations qui jusque-là avaient été reportées faute d'accord. 
 
 

2020, année turbulente ?


Nouvel accord commercial, sécurité et partage de données, tourisme, fourniture d'énergie, régulation des médicaments... Tout reste à faire, mais que va-t-il se passer concrètement en 2020 ?
  • 31 janvier : date officielle d'entrée en vigueur du Brexit et début de la période de transition.
  • 25 février : le négociateur en chef de l'Union européenne, Michel Barnier, devrait se voir confier un nouveau mandat pour conduire les nouveaux pourparlers.
  • Mars : une fois le mandat de Michel Barnier relancé, les discussions devraient reprendre officiellement début mars. 
  • Juin : un sommet entre l'Union européenne et le Royaume-Uni est prévu, au cours duquel il faudra décider si le nouvel accord commercial peut être finalisé. 
  • 30 juin : dernier délai pour pouvoir prolonger la période de transition au-delà du 31 décembre 2020, ce à quoi s'est déjà opposé Boris Johnson.
  • Novembre : dernier délai pour que l'Union europeénne et le Royaume-Uni signent un second accord, dans l'hypothèse où la date du 31 décembre 2020 est maintenue.
  • 31 décembre : sauf report, le Brexit prendra officiellement effet et le Royaume-Uni quittera à la fois le marché unique européen et l'union douanière. 
 
 

Pêche, migrants... à quoi s'attendre ?


Les pêcheurs britanniques, par exemple, continueront jusqu'au 31 décembre à dépendre la Politique commune de la pêche (PCP), qui "donne à l'ensemble de la flotte de pêche européenne une égalité d'accès aux eaux et aux fonds de pêche de l'UE, et permet aux pêcheurs de se faire une concurrence équitable".
 

Politique commune de la pêche (PCP) by France 3 Hauts-de-France on Scribd


La pêche représente moins de 0,1% du PIB du Royaume-Uni, mais Boris Johnson souhaite légiférer après le Brexit pour évincer les pêcheurs étrangers des eaux britanniques.
 
Les pêcheurs français ne sont pas les seuls à s'inquiéter : côté britannique, leurs confrères craignent d'être "sacrifiés", puisqu'un accord sur l'accès à la pêche dans les eaux britanniques pourrait être une condition préalable à un accord global sur les nouvelles relations post-Brexit, selon l'AFP qui cite un diplomate européen.
 
La question des migrants sera également au centre des futures négociations. La France souhaiterait renégocier les accords du Touquet, et faire que le Royaume-Uni accueille davantage de mineurs isolés de Calais, mais impossible de savoir à l'heure actuelle ce qui ressortira des négociations. Les députés conservateurs ont d'ores et déjà bloqué la réunification familiale, pour les mineurs souhaitant rejoindre leurs proches au Royaume-Uni.
 
Cette incertitude profite à certains : les passeurs instrumentalisent le Brexit pour faire croire aux migrants qu'ils doivent rallier les côtes anglaises au plus vite, avant que le contrôle aux frontières se durcissent, rapportait Le Parisien en novembre dernier, citant François Guennoc, de l'association "L'Auberge des migrants" : "Les passeurs leur disent : dépêchez-vous, ça va être plus difficile après."
 
Un argument pourtant infondé : le Royaume-Uni ne faisant pas partie de l'Espace Schengen, sa politique migratoire ne dépend pas de l'Union européenne et ne devrait pas être bouleversée par le Brexit.

En revanche, Boris Johnson avait assuré, lors d'un sommet Royaume-Uni - Afrique que le Brexit signerait la fin du traitement de faveur des migrants européen et pourrait devenir plus ouvert à l'égard des migrants africains : "Notre système devient plus juste et équitable entre nos amis et partenaires du monde entier et traite les gens de la même manière, d'où qu'ils viennent". Mais pour cela, il faudra encore attendre un an... voire deux.
 
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