D'abord interdites puis autorisées à nouveau, deux manifestations ont eu lieu dans la capitale belge. Celle qui a réuni le plus de participants dénonce le Pacte de Marrakech adopté lundi par plus de 150 pays, dont la Belgique. Mais le rassemblement a rapidement dégénéré.
Des heurts avec les forces de l'ordre ont éclaté lors de la manifestation organisée par un collectif d'organisations d'extrême droite à Bruxelles. Au moins 5 500 personnes ont manifesté, ce dimanche 16 décembre, contre le Pacte de l'ONU sur les migrations, selon la police. Une centaine d'entre eux a été interpellée, selon plusieurs médias belges.
Les participants se sont réunis au coeur du quartier des institutions européennes. "Notre peuple d'abord", "Nous en avons marre, frontières fermées", pouvait-on lire sur des pancartes, tandis que des slogans appelaient à la démission du Premier ministre belge, Charles Michel.
#Marrakech Pétards et fumigènes sont allumés un peu partout durant les discours des extrémistes flamands opposés au pacte des migrations qui demandent la démission de Charles Michel. @lesoir pic.twitter.com/qhrGCbKSsm
— Frédéric Delepierre (@fred_delepierre) 16 décembre 2018
Après un début dans le calme, des manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre et commis des dégradations, notamment sur des façades de bâtiments de l'Union européenne. La police a répliqué en faisant usage de gaz lacrymogènes et de lances à eau pour disperser les fauteurs de troubles.
#Marrakech La manifestation statique ne l’est plus. Des manifestants lancent des projectiles contre la police à hauteur du Berlaymont. L’arroseuse arrive. @lesoir pic.twitter.com/LF3WkPYU9N
— Frédéric Delepierre (@fred_delepierre) 16 décembre 2018
Contre-manifestation
Une contre-manifestation, organisée par un collectif d'organisations appelant à ne pas stigmatiser les migrants, a réuni de son côté un millier de participants dans un autre quartier de Bruxelles. Elle a rapidement été dispersée par les forces de l'ordre d'après un journaliste de BFMTV.
#Bruxelles #PlaceDeLaBourse Contre manifestation "anti fachos" rapidement dispersée par les forces de l'ordre. pic.twitter.com/zQqpsE8FIk
— Tanguy de Lanlay (@tanguydl) 2 avril 2016
Ces manifestations avaient d'abord été interdites par les autorités bruxelloises. Une décision rare liée à des craintes d'affrontements. Mais le Conseil d'Etat belge avait annulé cette interdiction, jugeant que les motifs invoqués n'étaient pas "suffisants" pour restreindre la liberté de manifester.
Les opposants aux Pacte de l'ONU sur les migrations, adopté lundi par plus de 150 pays dont la Belgique, ont baptisé leur rassemblement "Marche contre Marrakech", en référence à la ville marocaine où a été approuvé le texte controversé.
Un pacte non-contraignant
Le pacte mondial sur les migrations recense des principes, comme la défense des droits de l'homme et des enfants ou l'intégration des migrants. Il prône l'interdiction des détentions arbitraires, n'autorisant les arrestations qu'en dernier recours. Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.
Malgré son caractère non contraignant, il a provoqué une crise au sein du gouvernement belge. Dimanche dernier, les ministres nationalistes flamands de la N-VA ont quitté le gouvernement dirigé par le libéral francophone Charles Michel, car ils refusaient de s'associer au soutien de la Belgique à ce texte.
Le premier ministre est désormais à la tête d'un gouvernement sans majorité au Parlement. Et plusieurs partis d'opposition ont réclamé un vote de confiance à la Chambre des députés pour juger de la capacité du gouvernement à poursuivre son travail.