De Cambrai au Ternois, un pilote photographie les coulées de boue et alerte sur un "désastre"

C'est un phénomène qui, de l'avis de Philippe Frutier, est récent et pourrait être lié aux nouveaux modes d'agriculture.

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C'est le cri du cœur d'un amoureux de la nature, familier du monde de l'agriculture. Philippe Frutier, pilote et photographe aérien, partage de nombreux clichés de la région sur sa page Facebook "Paysages et patrimoine des Hauts-de-France vus du ciel". Jeudi dernier, ce sont des photos alarmantes qu'il y a publiées, après les fortes pluies qui se sont déversées sur la région.

"Nous sommes très peu à être témoin de la réalité et de l'ampleur d'un phénomène très préoccupant. Il est de mon devoir de partager" avance le pilote pour accompagner les photos de champs défigurés par des coulées de boue. "Je parcours le ciel de notre région depuis plus de 25 ans et je n'ai jamais vu un tel désastre !" Un désastre nouveau qu'il associe à l'évolution des pratiques de l'agriculture.

Paysages et Patrimoine des Hauts de France vus du ciel

CONSTAT D'UN DESASTRE : Nous sommes très peu à être témoin de la réalité et de l'ampleur d'un phénomène très préoccupant. Il est de mon devoir de partager. Je parcours le ciel de notre région depuis...

C'est en simple observateur que Philippe Fruitier s'indigne de ce "phénomène généralisé" qui "s'intensifie, par sa puissance et par sa répartition territoriale" depuis plusieurs années. "Des milliers d'hectares sont touchés !".

On ne peut pas s'en rendre compte à terre


Ces photos, le pilote les a prises en deux vols de trois heures dans le Cambrésis, l'Artois et le Ternois, les 26 et 28 mai après les épisodes orageux. Car les coulées de boue n'ont pas seulement infiltré les maisons à Ramecourt ou ailleurs, elles ont également défiguré les paysages. "Ce sont des étendues immenses qui sont touchées" regrette Philippe Frutier. "On ne peut pas s'en rendre compte à terre." Les photographies aériennes "permettent de se rendre compte de l'étendue du problème."



Les agriculteurs, premières victimes ?


Pour autant, le photographe aérien n'accable pas les agriculteurs, qui sont par ailleurs les premières victimes de ce phénomène. "On leur a presque imposé ce mode d'agriculture."

"On ne peut pas dire que c'est que la faute du monde agricole" abonde Jean-Bernard Bayard, président de la Chambre d'Agriculture du Nord-Pas-de-Calais. " Il y a une part agricole, mais il n'y a pas qu'une part agricole. Il y a un ensemble de sujets et je voudrais bien qu'on regarde l'ensemble de la problématique."


Paysages et Patrimoine des Hauts de France vus du ciel

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"On a tué la terre" ajoute-t-il. "Ce n'est pas moi qui le dis" ajoute-t-il en citant l'agronome Marc Dufumier, l'écologiste Pierre Rabhi et l'ingénieur agronome Claude Bourguignon. 

On a l'impression que la terre, c'est de la poussière


"Il est urgent d'agir" clame le pilote, pour qui l'agriculture chimique a épuisé la terre. "On a l'impression que la terre, c'est de la poussière" explique-t-il. "Il n'y a plus de lombrics pour drainer l'eau". De fait, la terre part à chaque coulée "dans les rivières, dans les fossés, elle bouche l'évacuation d'eau, ce qui risque de provoquer des inondations plus intenses."

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