Le nouveau camp de migrants de Grande-Synthe, de type HCR, a accueilli tous ses occupants en 3 jours, malgré l'opposition du gouvernement. Une situation bien différente de celle de Calais, où l'Etat, qui démantèle la zone sud de la "Jungle", peine à convaincre les réfugiés d'intégrer le camp en dur.
Quelles sont les propositions de logements offertes ?
A Calais, les services de l'Etat proposent deux options principales, lors de "maraudes sociales" régulières à l'intérieur de la "jungle" :- soit le centre d'accueil provisoire (CAP), un espace clos aménagé par l'Etat, pouvant accueillir 1500 personnes dans des conteneurs chauffés de 12 places.
- soit l'un des 112 centres d'accueil et d'orientation (CAO) de France où les migrants pourront déposer une demande d'asile.
A Grande-Synthe, des agents de l'OFPRA (protection des réfugiés) et de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) effectuent aussi des "maraudes sociales". Mais, pour "répondre à l'urgence humanitaire", le maire écologiste Damien Carême, sans le soutien de l'Etat, a ouvert lundi un camp avec le concours de Médecins sans frontières, où 1300 personnes sont logées dans des cabanons chauffés de quatre places. Douches, toilettes et espaces de vie (cuisines, école) y sont installés. Les services annexes (repas, cours, soins) sont assurés par des bénévoles. Il se substitue au cloaque de Basroch, aux conditions sanitaires épouvantables. MSF l'a financé à hauteur de 2,6 millions d'euros, la ville et la communauté urbaine de Dunkerque apportant 0,5 million d'euros. Le maire espère une prise en charge du coût par l'Etat. "Ce n'est pas envisagé", a répondu le préfet du Nord Jean-François Cordet. Depuis le début de la crise des réfugiés, le gouvernement s'est toujours catégoriquement opposé à l'ouverture de camps de réfugiés sur le territoire national.
Pourquoi des réticences plus fortes à Calais ?
Les migrants restent méfiants vis-à-vis du CAP, ouvert en janvier et dont quelque 200 places sont encore vacantes. "Il reste des inquiétudes à dissiper, des discours faux de passeurs et de militants No border à déconstruire", observe la préfecture du Pas-de-Calais. En cause principalement: son aspect sécuritaire. Les entrées et sorties du camp, entouré de grilles imposantes, y sont contrôlées, au moyen d'une identification de "la morphologie palmaire" assimilée par des migrants à une prise d'empreintes digitales."A Grande-Synthe, c'est un camp humanitaire libre d'accès, alors que le CAP est un camp d'Etat avec contrôles des entrées", fait valoir Olivier Caremelle, directeur de cabinet de la mairie écologiste nordiste. S'y ajoute la structure du nouveau camp de "la Linière": "on a voulu proposer des espaces plus personnels et personnalisables pour des familles et non des dortoirs sans réels lieux de vie communautaires comme à Calais", explique Angélique Muller, coordinatrice à Grande-Synthe de MSF.
Les camps sont-ils limités dans le temps ?
Oui selon les responsables, mais aucune échéance n'a été fixée pour leur démantèlement. La préfète du Pas-de-Calais a régulièrement rappelé son souhait de ramener la population de la "jungle" et de ses annexes à "2000 personnes sur le site", contre 3700 (source préfecture) à 7000 (source associations) aujourd'hui. Sur les 18 hectares de la "Jungle", 7,5 sont en cours de démantèlement dans la partie sud, mais aucune date n'a été donnée pour la partie nord, où vivent, hors CAP et centre Jules Ferry, entre 1100 personnes (préfecture) et 2040 (associations)."Les réfugiés n'ont pas vocation à rester 10 ans. On les a sortis du bourbier, à eux de montrer leur motivation à vouloir rester dans un camp sommaire ou effectuer une demande d'asile", estime de son côté M. Caremelle. "La Linière" est cependant dimensionné pour "à terme" 2500 personnes, selon MSF.