Sur-mortalité, nombre de cas élevés : une étude de Santé publique France montre que les Hauts-de-France sont la région la plus touchée par le cancer, en particulier dans le Nord et le Pas-de-Calais. Retrouvez les résultats détaillés par type de cancer.
C'est un triste record que décrochent les Hauts-de-France. Il y a plus de cancers et de morts dus à cette maladie dans la région que dans le reste du pays, notamment pour les cancers liés au tabac et à l'alcool.
L'agence sanitaire Santé publique France a publié sur son site une "cartographie des cancers" inédite, sous la forme de 16 rapports régionaux. Cette cartographie, qui porte sur 23 types de cancer, illustre de grandes disparités et des spécificités marquées selon les territoires. Les Hauts-de-France sont globalement la région la plus touchée.
"Une partie importante des cancers en sur-incidence dans les Hauts-de-France présente certains facteurs de risque en lien avec le mode de vie comme les consommations de tabac, d'alcool et la surcharge pondérale", notent les experts qui ont constaté que l'usage régulier et la consommation quotidienne de boissons alcoolisées déclarés en 2005 et 2010 par les adultes du Nord et du Pas-de-Calais étaient supérieurs aux niveaux moyens métropolitains. En Picardie toutefois, ces consommations déclarées apparaissaient inférieures à la moyenne nationale.
Sur le plan nutritionnel, la consommation de fruits et légumes était moindre qu’au niveau national dans le Nord et le Pas-de-Calais. La surcharge pondérale y était plus fréquente et augmentait avec l’âge. Cette zone est celle présentant une prévalence d’obésité parmi les plus élevées du territoire français depuis 1997. Le Nord, le Pas-de-Calais et la Picardie étaient respectivement au 1er et 3e rang des anciennes régions pour cette prévalence en 2012.
Retrouvez nos cartes qui regroupent deux types de données sur les cancers dans les Hauts-de-France. D'abord l'incidence, c'est à dire le nombre de cas nouveaux pour chaque cancer apparus durant la période de l'étude, mais aussi la mortalité par type de maladie. La région est très souvent en rouge.
Tous les cancers concernés
Dans les Hauts-de-France, de 2007 à 2016, les estimations aboutissent à un nombre moyen annuel de 18 133 nouveaux cas de cancers chez l'homme et 14 528 chez la femme. La région présente l’incidence la plus élevée des régions de France métropolitaine chez l’homme et se trouve en 2e position, après la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, chez la femme.
Au niveau départemental, chez l’homme, uniquement dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, les rapports mettent en évidence une sur-incidence importante, respectivement de 12 et 13%.
Dans la région, chez l’homme et chez la femme, les rapports mettent en évidence une sur-mortalité importante respectivement de 24% et 13%. Chez l’homme et la femme, de 2007 à 2014, on estime qu’il y a eu respectivement 8 989 et 6 161 décès par cancer chaque année.
Les Hauts-de-France présentent la mortalité par cancer la plus élevée des régions de France métropolitaine, à la fois chez l’homme et chez la femme. Au sein de la région, pour les deux sexes confondus, quel que soit le département à l'exception de l’Oise, les rapports mettent en évidence une sur-mortalité importante. Elle s’étend, chez l’homme, de 14% dans la Somme à 35% dans le Pas-de-Calais et, chez la femme, de 12% dans l’Aisne à 15% dans le Pas-de-Calais.
Cancer de l'œsophage
Les Hauts-de-France sont la zone qui présente la plus forte incidence pour ce type de cancer. En clair, la région compte le plus grand nombre de nouveaux cas apparus de 2007 à 2016 en France par rapport aux autres régions.
Le cancer de l'œsophage est ainsi en sur-incidence de 52% chez l'homme et 43% chez la femme par rapport à la France métropolitaine, note l'étude. On compte en moyenne 528 cas incidents annuels chez l'homme contre 140 chez la femme. Les départements les plus touchés sont le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme et, l'Aisne uniquement pour les cancers masculins.
Une sur-mortalité y est également constatée, de 64% chez l'homme et 53% chez la femme, par rapport à la France métropolitaine. En moyenne dans la région sur la période de l'étude, le nombre annuel de décès par cancer de l'œsophage est estimé à 416 chez l'homme et à 107 chez la femme.
Cancer de l'estomac
Le cancer de l'estomac n'est pas particulièrement présent dans les Hauts-de-France comparativement aux autres régions. On comptait, de 2007 à 2016, 378 nouveaux cas annuels chez l'homme et 210 chez la femme en moyenne.
Cette maladie est même en sous-incidence (donc on a compté moins de nouveaux cas sur la période de l'étude) de 13% dans le Pas-de-Calais chez la femme. Et les rapports n'indiquent pas de différence significative avec le niveau d'incidence national dans le reste de la région.
La mortalité pour ce cancer n'est pas plus élevée dans les Hauts-de-France que sur le territoire métropolitain. De 2007 à 2014, on estime que ce cancer est en cause en moyenne dans 250 décès par an chez l'homme et 141 chez la femme.
Cancer du côlon-rectum
L'étude relève un nombre plus élevé de nouveaux cas de 2007 à 2016 pour ce type de cancer dans les Hauts-de-France. Une sur-incidence de 9% chez l’homme et de 4% chez la femme. Avec, en moyenne, 2 061 cas incidents par an chez l'homme et 1 741 chez la femme pour 2007-2016. "Il s’agit de l’incidence régionale la plus élevée en métropole", selon Santé publique France.
Les départements les plus touchés pour les cancers masculins sont le Nord où l'excès de risque est de 12% et le Pas-de-Calais où il est de 14%. Pour les femmes, il n'est pas mis en évidence de sur-incidence importante.
La mortalité est plus importante de 19% chez les deux sexes dans la région pour le cancer du côlon-rectum, ce qui situe les Hauts-de-France au 1er rang des régions de France métropolitaine. On compte 850 décès par an en moyenne chez l'homme et 803 chez la femme sur la période 2007-2014.
La mortalité est plus importante chez les hommes dans le Nord et le Pas-de-Calais. Et chez les femmes, ces deux départements sont aussi concernés avec l'Aisne en plus.
Cancer du foie
Les Hauts-de-France se situent en 3e position des régions de France métropolitaine les plus touchées par ce cancer derrière les Pays de la Loire et la Bretagne. Seul le Pas-de-Calais a une sur-incidence importante de 25%. Ailleurs, le nombre de cas déclarés de 2007 à 2016 est semblable à l'ensemble de la métropole.
Chez l'homme une sur-incidence de 11% a été observée par rapport au reste du territoire national avec une moyenne de 651 cas par an. Chez la femme, les estimations d’incidence du cancer du foie ne sont pas disponibles : "les disparités géographiques ne peuvent être approchées qu’au travers de l’incidence observée dans les territoires couverts par un registre", indique l'étude.
Dans la région, la sur-mortalité par cancer du foie est chez l’homme de 18% avec 558 décès annuels et chez la femme de 28% avec 234 décès par an en moyenne de 2007 à 2014. Ce qui situe la région, chez l'homme, au 3e rang des régions de France métropolitaine derrière les Pays de la Loire et la Bretagne, et chez la femme au 1er rang.
Chez l'homme, une sur-mortalité importante de 27% a été observée dans le Nord et de 33% pour le Pas-de-Calais. Chez la femme, la sur-mortalité est importante dans quatre départements : l'Aisne (22%), la Somme (23%), le Pas-de-Calais (29%) et dans le Nord (34%).
Cancer de la lèvre-bouche-pharynx
Les estimations montrent une sur-incidence importante de 44% chez l'homme et 12% chez le femme dans les Hauts-de-France par rapport au territoire métropolitain. On compte, en moyenne, 1 270 nouveaux cas chaque année chez l'homme et 301 chez la femme pour la période 2007-2016.
Les Hauts-de-France sont ainsi en 1re position parmi les régions métropolitaines les plus touchées par le cancer lèvres-bouche-pharynx (LBP). A l'échelle des départements, les plus touchés son : le Nord et le Pas-de-Calais pour les deux sexes (sur-incidence respective de 50% et 77% chez l’homme, et de 13% et 2 % chez la femme) ainsi que dans la Somme et l'Aisne, uniquement chez l’homme (de 28% et 17%).
Mais le plus alarmant reste la sur-mortalité pour ce type de cancer : elle est de 64% chez l’homme et 34% chez la femme par rapport à la France métropolitaine. En moyenne, au cours de la période 2007-2014, le nombre annuel de décès par cancer LBP est estimé à 446 chez l’homme et à 95 chez la femme.
Les Hauts-de-France sont iansi au 1er rang des régions françaises. Au niveau départemental, à l’exception de l'Aisne et de l'Oise chez la femme, les rapports indiquent une sur-mortalité notable. Elle est variable selon le sexe et les départements.
Chez l’homme l'excès de mortalité est de 12% dans l’Oise, 33% dans l’Aisne, 42% dans la Somme, 79% dans le Nord et 90% dans le Pas-de-Calais. Chez la femme il est de 20% dans la Somme, 41% dans le Nord et 45% dans le Pas-de-Calais.
Cancer du poumon
Dans les Hauts-de-France, les estimations montrent, chez l'homme, une sur-incidence importante de 21% par rapport à la France métropolitaine et chez la femme, une sous-incidence importante de 18%. Une moyenne de 2 933 cas incidents annuels ont été relevés chez les hommes entre 2007 et 2016, plaçant les Hauts-de-France sont au 1er rang des régions françaises. Chez la femme, avec 801 nouveaux cas annuels, la région est à l’inverse au dernier rang.
Tous les départements présentent une sur-incidence importante chez l'homme, allant de 11% dans l’Oise à 26% dans le Pas-de-Calais. Et chez la femme, deux départements présentent une sous-incidence importante : le Nord avec 21% et le Pas-de-Calais avec 27%.
La région affiche, chez l’homme, une sur-mortalité de 27% par rapport à la moyenne nationale et, chez la femme, une sous-mortalité de 13% avec 2 374 décès par cancer du poumon estimés chaque année en moyenne chez l’homme et 577 chez la femme de 2007 à 2014. Les Hauts-de-France sont également au 1er rang des régions de France métropolitaine pour la mortalité l'homme et à l'avant-dernier rang pour la femme.
Tous les départements présentent un excès de mortalité important chez l'homme allant de 11% dans l’Oise à 39% dans le Pas-de-Calais. Chez la femme, deux départements présentent une sous-mortalité importante : le Nord et le Pas-de-Calais.
Cancer de la vessie
Dans les Hauts-de-France, les estimations mettent en évidence une sur-incidence de 8% du cancer de la vessie chez les hommes par rapport à la France métropolitaine alors que chez les femmes, elles, ne mettent pas en évidence d'incidence anormale. Sur la période 2007-2016, le nombre moyen de nouveaux cas de cancer de la vessie est estimé à 825 par an chez l’homme et 179 chez la femme.
Au sein des départements, chez l’homme, une sur-incidence importante de 12% par rapport à la moyenne nationale a été relevée dans le Nord.
Les Hauts-de-France présentent une sur-mortalité importante de 29% chez l’homme et 11% chez la femme par rapport à la moyenne nationale. De 2007 à 2014, le nombre annuel moyen de décès par cancer de la vessie est estimé à 383 chez l’homme et 112 chez la femme. La région est au premier rang en métropole chez l’homme et au deuxième chez la femme.
Au niveau départemental, une sur-mortalité importante par rapport à la moyenne nationale de 15 à 38% est observée dans tous les départements chez les hommes, et dans le Nord (14 %) chez les femmes.
Cancer du sein
Si le nombre de cas de cancer du sein n'est pas plus élevé dans les Hauts-de-France qu'ailleurs, la mortalité, elle, est préoccupante. La région présente une sur-mortalité de 25% par rapport à la moyenne de la France métropolitaine. Sur la période 2007-2014, le nombre annuel moyen de décès par cancer du sein est estimé à 1 268. Les Hauts-de-France sont ainsi au premier rang des régions métropolitaines.
Au sein de la région, une sur-mortalité importante est observée dans les cinq départements, les plaçant dans les premiers rangs des départements métropolitains. Elle est de 13% dans l’Oise, 18% dans l’Aisne, 20% dans la Somme, 27% dans le Nord et 33% dans le Pas-de-Calais.
Cancer du col de l'utérus
Dans les Hauts-de-France, il existe une sur-incidence importante du cancer du col de l'utérus par rapport à la France métropolitaine. Sur la période 2007-2016, le nombre moyen de nouveaux cas de cancer du col est estimé à 320 par an. Les Hauts-de-France sont en 3e position des régions métropolitaines les plus touchées par ce cancer.
Au sein des départements, les rapports ne mettent pas en évidence de sur-incidence significative par rapport à la moyenne nationale. Et l'étude rappelle que "les taux de mortalité ne peuvent pas être calculés de façon distincte pour le col et le corps de l’utérus aux niveaux régional et départemental".
Cancer de la prostate
Le nombre de cas n'est pas anormalement élevé dans les Hauts-de-France, avec un nombre moyen de nouveaux cas de cancer de la prostate est estimé à 4 405 en moyenne par an.
Mais la région présente une sur-mortalité importante de 17% par rapport à la moyenne de la France métropolitaine. De 2007 à 2014, le nombre annuel moyen de décès par cancer de la prostate est estimé à 781, ce qui place les Hauts-de-France au premier rang des régions métropolitaines. Une sur-mortalité de 14 à 20% par rapport à la moyenne nationale est observée dans les cinq départements de la région.
Cancer du testicule
Dans les Hauts-de-France, les estimations ne mettent pas en évidence d'incidence plus ou moins importante du cancer du testicule par rapport à la France métropolitaine. Sur la période 2007-2016, 198 décès par an en moyenne ont été relevés.
La mortalité par cancer du testicule y est également très faible. De 2007 à 2014, le nombre annuel moyen de décès par cancer du testicule est estimé à 11 dans les Hauts-de-France. Du fait de ce faible effectif, "l'incertitude entourant les estimations de la mortalité au niveau de la région et de ses départements est importante, et il est difficile de mettre en évidence des spécificités régionales et infra-régionales de la mortalité pour ce cancer", indique Santé publique France.