Canicule : chevaux, porcs ou encore manchots, les animaux des Hauts-de-France ont aussi souffert

En période de canicule, les professionnels font face à des questions qu’ils ne se posent pas en temps normal. Il faut composer avec des animaux qui souffrent de la chaleur et du matériel pas toujours adapté.

Le thermomètre s’affole, les compteurs ne cessent de grimper, mais pendant ce temps, il faut continuer à faire travailler les chevaux de course du centre d'entraînement de Chantilly dans l’Oise. Pas de week-end, pas de jour férié... Et pas de dérogation en cas de fortes chaleurs : les purs-sang qui s'entraînent tous les jours sur l’immense domaine sont tenus de ne pas sécher les cours. Seulement en cette période de forte chaleur, les désagréments physiques sont nombreux. “Avec cette chaleur, c’est comme nous”, souligne Robert Collet, l’un des entraîneurs du centre de Chantilly.


De la débrouille

Pour pallier le manque d’infrastructures adaptées, c’est un système D qui prend le relai : deux douches par jour au jet d’eau, des entraînements qui commencent à 5h30 - une heure plus tôt qu’à l’habitude - ou encore un ventilateur qui tourne en continu dans le box d'une jument blessée. Autre solution pour préserver les coureurs, la délocalisation des courses à Deauville, "comme on annonce plus de 40 degrés à Paris", raconte Eric Beaudelot, surveillant de pistes :

"pas mal de précautions sont prises pour les courses en général et pour les chevaux de course en particulier."

 


Rien ne remplace l’accompagnement

40 degrés c’est aussi la température qu’André Rougegrez, éleveur de porcs en Picardie depuis 1961, souligne alors que les équipes de France 3 viennent à sa rencontre le 8 août 2003 en pleine canicule. "Aussi chaud que ça, je ne m’en rappelle pas", raconte l’éleveur dont l’exploitation est aujourd’hui gérée par le fils. Il faut rafraîchir 1500 porcs : seule méthode, la ventilation. Mais elle est insuffisante pour les porcs. "Ils avaient tous leur gueule ouverte [...] et il y a eu de la perte : j’en ai perdu 18 à 20." Pour les soulager, l’agriculteur arrose alors ses porcs au jet d'eau. 
 

Seize ans après, le bétail souffre toujours de ces épisodes de fortes chaleurs et les éleveurs doivent toujours redoubler d’attention pour garantir le bien-être de leur cheptel. "Les étables les plus modernes s’équipent de ventilateurs et de brumisateurs, explique Denis Bully, éleveur bovin de la Somme, mais on ne va pas investir une fortune pour des événements climatiques ponctuels et exceptionnels."

Comme souvent, les agriculteurs font donc avec les moyens du bord, au plus près de leurs bêtes.

"On est particulièrement attentifs aux vaches qui viennent de vêler et aux veaux, poursuit l’éleveur, et on essaie de veiller au mieux à leur bien-être."

L’essentiel est de garantir un abreuvage correct pour éviter la déshydratation. "C’est comme pour les êtres humains, conclut Denis Bully. On peut mettre en place tous les plans d’urgence qu’on veut, rien ne remplace l’accompagnement." 


Des éleveurs laitiers inquiets

10°C à 12°C, c’est la température de confort d’une vache. Autant dire qu’en période de canicule les éleveurs doivent tout mettre en œuvre pour préserver leur bien-être. Mise à l’abri, brumisateur, aération, toutes les solutions sont bonnes pour rafraîchir le troupeau.

La ferme des milles vaches quant à elle, compte sur son architecture pour préserver la fraîcheur. "Dès qu’on rentre dans le bâtiment on a le frais et le vent. La conception du bâtiment, la hauteur, l’absence d’entrée de lumière fait que ça ne chauffe pas et on n’a pas de murs, les côtés sont complètement ouverts [...] on arrive à recréer du froid ressenti sans dépenser un kilowatt”, démontre Michel Welter, gérant de la ferme des 1000 vaches.

Les bêtes souffrent de la chaleur, mais les plantes aussi. Des dizaines de feux de récolte sont à déplorer dans la région et avec la sécheresse l’herbe vient à manquer. Et voilà le plus inquiétant pour les éleveurs : le fourrage. Le maïs représente trois quarts de l’alimentation des vaches laitières et sa récolte s’annonce catastrophique, notamment dans la Somme.
D’après Simon Traullé, ingénieur conseil en production laitière "la solution est de puiser dans les stocks prévus pour cet hiver et avoir recours aux achats de matières extérieures qui auront un impact direct sur le revenu de l’éleveur".
 
 

Au zoo souffrent surtout les manchots 

Un constat que partageait aussi l’éléphant du zoo d’Amiens en août 2003. Pendant qu’il avale 150 litres d’eau par jour, "les antilopes, les zèbres, les zébus restent couchés toutes la journée le long des grillages [...]", même s’ils sont des habitués. Les 90 espèces du zoo proviennent de pays dont le climat ressemble davantage à une canicule permanente. 
 

Malgré tout, certaines espèces nécessitent une attention toute particulière, notamment les manchots qui souffrent de ces conditions climatiques. L’un des responsables du zoo racontait en 2003 qu’ils "sont rentrés en mue, ils mangent beaucoup moins qu’avant : on leur donne 6 à 7 kilos pour l’ensemble des manchots par jour. Là si on regarde dans le bassin, il reste du poisson au fond". Cette semaine encore, éleveurs, soignants ou entraîneurs ont été au plus près de leurs animaux.
 
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