Emmanuel Macron a engagé mardi un "Grand débat national" au cours duquel les citoyens peuvent exprimer leurs idées de réformes localement jusqu'au 15 mars 2019. Le point sur les débats déjà prévus dans les Hauts-de-France.
Où se tiendront les premiers débats locaux, organisées dans le cadre du Grand débat national ? Le site officiel du dispositif fournit une liste des débats à venir (92 en France métropolitaine, en date du 17 janvier). Dans les Hauts-de-France, on n'en compte pour l'heure que sept, mais ce chiffre est amené à évoluer.
Portant sur des thèmes (soumis par les citoyens) aussi divers que "Soutien aux Gilets jaunes", "Le pouvoir d'achat" ou "Dialogue citoyen", les premiers débats locaux se tiendront dès vendredi :
- Château-Thierry (Oise) le vendredi 18 janvier (sur la question "Comment améliorer le pouvoir d’achat")
- Lys-les-Lannoy (Nord) le vendredi 18 janvier (organisé par la mairie pour "être à l’écoute de nos administrés explication des thèmes et mise en place des cahiers de doléances")
- Pierrepont (Aisne) le vendredi 18 janvier (pour un "brainstorming autour des thématiques du Grand débat)
- Arras (Pas-de-Calais) le samedi 19 janvier (dans le but de "définir l’organisation du Grand débat qui aura lieu à Arras" et de créer un groupe d'organisateurs local)
- Bouchain (Nord) le samedi 19 janvier (pour "apporter la contribution des Bouchinois au Grand débat national")
- Roubaix (Nord) le lundi 21 janvier (sur la problématique "Quelles relations à envisager entre l’État et le citoyen ?")
- Chaumont-en-Vexin (Oise) le mardi 22 janvier (organisé par une Gilet jaune qui souhaite créer un débat, y compris pour ceux qui ne snt pas du mouvement.
Le Grand débat national avait été énoncé dans ses grandes lignes par Emmanuel Macron dans une lettre ouverte aux Français pour "reposer ensemble les grandes questions de notre avenir". Ce long courrier annonce les bases du grand débat national censé répondre à la colère des Gilets jaunes mobilisés depuis novembre.
Selon les mots du président de la République, les citoyens peuvent exprimer depuis le 15 janvier et jusqu'au 15 mars leurs doléances au sein de réunions "dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs" mais aussi sur internet.
Certains maires ne s'investiront pas dans l'organisation
À la veille du début de l'opération, le 14 janvier, les principales villes des Hauts-de-France confiaient ne pas avoir reçu d'information concernant l'organisation, à l'échelle locale, de ce grand débat national. "Nous n'avons pour le moment pas reçu de consignes et sommes en attente de ce que voudront bien nous transmettre les services de l'État. Si consignes il y a, nous jouerons le jeu," indiquait-t-on par exemple à Péronne dans la Somme.Frédéric Dietrich, le maire de Laigneville (Oise), a lui aussi déjà pris sa décision quant à l'organisation de ce grand débat par la municipalité. "Je n'organiserai rien. D'abord parce que le débat est tronqué : certaines questions sont orientées comme celle qui demande s'il y a trop de collectivités locales. C'est quand même dans les poches des collectivités locales que le gouvernement se sert depuis des mois !" ironise l'élu. Et d'un point de vue purement pratique, c'est aux députés d'organiser ce débat, pas aux maires. Moi j'ai autre chose à faire, notamment à faire tourner une commune avec des miettes. En revanche, je ne ferai pas obstacle aux particuliers qui veulent faire un débat.". L'édile souligne qu'il n'a ouvert et n'ouvrira aucun cahier de doléances pour les mêmes raisons : " les députés n'ont qu'à s'en occuper...".
Une position partagée à demi-mot par Caroline Cayeux. Dans un tweet, la maire DVD de Beauvais, a indiqué que "les maires doivent être des facilitateurs" de ce débat national et "en aucun cas des animateurs ou des modérateurs". Par son retweet, l'Association des villes de France qu'elle préside semble soutenir cette décision. Néanmoins, la Ville de Beauvais confie mener une réflexion sur "l'organisation de réunions publiques avec les habitants à partir du mois de février 2019".
?LIVE #BFM ~ Les maires doivent être des facilitateurs du #GrandDebatNational. En aucun cas des animateurs ou des modérateurs. @villes2fr @villedebeauvais pic.twitter.com/hcA9SqcrwM
— Caroline Cayeux (@carolinecayeux) 14 janvier 2019
[#GrandDebatNational]
— Caroline Cayeux (@carolinecayeux) 15 janvier 2019
Rappel ?Un cahier des doléances est à votre disposition à l’Hôtel de Ville aux heures d’ouverture au public. Nous préciserons ultérieurement les modalités d’organisation du débat à #Beauvais #GiletsJaunes #GrandBourgtheroulde pic.twitter.com/twBSC7veMb
Des concertations avant l'annonce du Président
D'autres municipalités n'ont pas attendu la lettre présidentielle pour commencer les débats. C'est le cas d'Arras : le chef-lieu du Pas-de-Calais a annoncé sur sa page Facebook la tenue, le 19 janvier, d'une réunion de préparation au débat. Les personnes qui souhaitent s'investir dans l'organisation peuvent s'inscrire par mail à l'adresse participation@ville-arras.fr.Dans l'Aisne, Château-Thierry a aussi enclenché un cycle de quatre réunions publiques, autour des quatre thèmes principaux des revendications des Gilets jaunes. La première s'est tenue le 11 janvier autour de la fiscalité et le pouvoir d'achat, a rassemblé une centaine de Castrothéodoriciens. "Notre souhait, c'était de laisser les Gilets jaunes organiser ces réunions. Vendredi, ils ont formulé une douzaine de propositions, charge à eux d'établir ensuite un compte rendu de ces séances et de les porter au niveau national," explique Sébastien Eugène, maire PRG de la ville.
La prochaine concertation, prévue le 22 janvier, portera sur la représentation et la citoyenneté, et les deux dernières, consacrées logiquement à la transition écologique et le service public, n'ont pas encore inscrites à l'agenda.
Contactée, la mairie de Soissons rappelle qu'elle est "tout à fait disposée à mettre à disposition des locaux pour permettre à celles et ceux qui le souhaiteraient de pouvoir se réunir," à condition qu'un responsable soit désigné pour des questions d'assurance et de sécurité.
Comme Soissons, de nombreuses communes ont déjà mis à disposition, dès décembre pour certaines, des cahiers de doléances disponibles en mairie pendant les heures d'ouverture. C'est le cas notamment à Amiens, Marly (Nord), Pont-Saint-Maxence (Oise), Clermont-de-l'Oise, Tergnier (Aisne), Laon ou Doullens (Somme). Senlis a de son côté laissé une urne dans laquelle les habitants peuvent glisser un bulletin rempli avec leurs propositions. "La plupart des revendications porte sur l'injustice fiscale - retour de l'ISF, hausse de la CSG - et sur le délitement du service public," indique-t-on à la mairie de Tergnier.
Les préfectures ignorent aussi quel rôle elles vont jouer dans cette grande concertation. "Nous ne savons pas, à l'heure actuelle, si l'État va nous confier la gestion locale du grand débat, ou alors à la commission nationale du débat public," souligne-t-on à la préfecture de la Somme. Dans l'Aisne, pas de nouvelles non plus de l'exécutif, mais la préfecture indique qu'elle "aura probablement un rôle de "facilitateur" plutôt que d'organisateur".
De l'avis des communes et préfectures interrogées, les consignes seront probablement communiquées au cours de cette semaine.