Alors que les lieux de sociabilisation sont désormais ouverts et que les gestes barrières n'y sont pas toujours respectés, des professeurs du CHU de Lille s'inquiètent de l'avenir de la pandémie.
Parmi la foule présente dans les villes des Hauts-de-France ce mercredi 19 mai pour fêter la réouverture des terrasses, tout le monde n'a pas goutté le laisser-aller ambiant. Car malgré l’envie de classer le Covid-19 dans le rayon des mauvais souvenirs, l’épidémie est toujours là, rappellent les professeurs Patrick Goldstein, chef des urgences du CHU de Lille, et Philippe Amouyel, épidémiologiste au même hôpital. Dans la région, 2.650 personnes sont encore hospitalisées à cause de ce virus, 1.746 l’attrapent quotidiennement et le taux d’incidence reste supérieur à 200, bien au-delà du seuil d’alerte.
"Ce que j’ai vu mercredi soir m’a inquiété", affirme en conséquence Patrick Goldstein, qui juge néanmoins qu'"on ne peut que se féliciter d’un retour à la liberté". Attablé comme beaucoup à une terrasse de café dans le centre de Lille ce mercredi 19 mai dans la soirée, il a souhaité venir pour observer la foule et ses façons de faire. Il est conscient que sa voix, à l’heure du déconfinement, sonne comme le réveil qui suit une courte nuit de sommeil. Mais il tient à noter que le comportement des plus jeunes aperçus mercredi, et notamment celui les lycéens, ne présage rien de bon pour l'évolution de l'épidémie : "J’en ai vu beaucoup aux terrasses à plus de 6, et parfois sans masque. Je ne suis pas rassuré du tout. Ce sont des comportements qui doivent être tempérés", alerte-t-il.
"L’impact d’une journée comme celle-ci, nous le verrons d’ici deux semaines au niveau des contaminations et trois semaines dans les hôpitaux"
Une remarque partagée par Philippe Amouyel : "le port du masque était relatif alors que les terrasses étaient pleines. Les distances physiques n'étaient pas respectées. Même lorsqu’ils ne mangeaient pas et ne buvaient pas, certains n’avaient pas le masque", regrette le professeur. "Ce n'était qu'une soirée mais il ne faudrait pas qu’il y en ait beaucoup d’autres comme cela", espère Patrick Goldstein qui juge que le centre-ville de Lille s’était entiché d’une atmosphère de braderie ce mercredi. "L’impact d’une journée comme celle-ci, et en fonction des suivantes, nous le verrons d’ici deux semaines au niveau des contaminations et trois semaines dans les hôpitaux", rappelle Philippe Amouyel. Les deux experts soulignent que les jeunes, massivement représentés ce mercredi soir, ne sont pas encore vaccinés. Ils sont donc potentiellement un maillon important de la transmission du virus.
Les professeurs insistent sur la nécessité pour ces jeunes d'aller se faire vacciner dès que cela sera possible : "Il faudrait pouvoir vacciner les moins de 18 ans avant la rentrée de septembre", juge Philippe Amouyel. Le risque, sinon, serait de voir arriver une quatrième vague à l'automne, ou avant, dès juillet.