Depuis l'attentat de Nice, les mesures de sécurité réclamées par les services de l'État ont contraint certains organisateurs à annuler leur manifestation. Mais comment sont décidées ces annulations ? Éléments de réponse avec les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais.
De nombreux événements ont aussi été suspendus dans le Nord et le Pas-de-Calais pour raisons de sécurité depuis l'attentat de Nice. L'annulation la plus emblématique est bien sûr celle de la braderie de Lille, mais des manifestations de moins grande importance ont également été contraintes d'annuler. Par exemple, les plages musicales de Berck, la braderie d'Avesnes-sur-Helpe, ou le vide-grenier de Dunkerque n'ont pas lieu cette année.
Nous avons interrogé les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais pour comprendre pourquoi certains événements sont maintenus quand d'autres sont annulés.
Sur quels critères se basent les préfectures ?
"Concrètement, les élus et organisateurs transmettent un dossier "Grand événement" à la préfecture, où figurent les plans et dispositifs de sécurité, prenant en compte les types de menaces et les risques potentiels" , explique-t-on à la préfecture du Nord. "Nous indiquons ensuite si le niveau de sécurité est suffisant sur tel ou tel point du dispositif, et nous proposons des solutions si ce n'est pas le cas", ajoute le Pas-de-Calais.Les manifestations suspectibles d'attirer moins de 10 000 personnes au même moment sont gérées par la sous-préfecture dont dépend la commune où a lieu l'événement. Celles qui peuvent accueillir plus de 10 000 personnes remontent au niveau de la préfecture. "Mais l'exigence de sécurité est la même partout", insiste-t-on du côté du Pas-de-Calais. Chaque événement fait l'objet d'une évaluation au cas par cas lors de réunions entre la préfecture, organisateurs, mairies, forces de police et services de secours.
Un courrier a été envoyé fin juillet à tous les maires après l'attentat de Nice (voir ci-dessous), courrier qui reprend les instructions du gouvernement. "Le ministre de l'Intérieur a rappelé l'importance d'établir, pour chaque manifestation, un cahier des charges très précis, définissant les responsabilités de chacun", indique la préfecture du Nord. "Si les conditions de sécurité ne peuvent être réunies pour le bon déroulement d'une manifestation, celle-ci doit faire l'objet d'une décision d'annulation."
"Certains, à la lecture du courrier, ont décidé d'annuler d'eux-mêmes leurs événements. D'autres nous ont demandé des informations complémentaires", détaille le Pas-de-Calais. Dans le Nord, on ajoute que "très peu de manifestations ont été annulées dans le département". Les préfectures indiquent n'avoir jamais interdit unilatéralement une manifestation. Ce sont les maires ou les organisateurs qui ont pris eux-même la décision, après échange avec les services en charge de la sécurité.
"C'est notre vocation de faire en sorte que les événements se tiennent en toute sécurité, mais la vie doit se poursuivre", insistent les services de l'État du Pas-de-Calais.
Pourquoi certains événements sont maintenus et pas d'autres ?
Difficile quelque fois de comprendre pourquoi un événement peut avoir lieu, et pas un autre. La préfecture du Pas-de-Calais donne l'exemple de l'embrasement du beffroi à Arras et de la ronde des géants à Lens. L'un maintenu, l'autre reporté."Sur la ronde des géants, on est sur un événement en plein centre-ville de Lens. C'est un linéaire long où on peut accueillir près de 20 000 personnes à un instant T par beau temps. Il y a une trentaine de points d'accès à sécuriser. Pour l'embrasement du beffroi d'Arras, c'est un événement qui peut attirer plus de 10 000 personnes. Mais la place des Héros n'a que quatre points d'accès qu'on peut beaucoup plus facilement sécuriser."
"Chaque événement fait l'objet d'un traitement spécifique, il n'y a pas de réponse globale", rappelle la préfecture du Nord. Les lieux clos, plus faciles à sécuriser, sont bien sûr préférables aux endroits ouverts. Mais chaque manifestation doit faire l'objet d'un renforcement de la sécurité par rapport aux éditions précédentes, en faisant notamment appel à la police municiplae et à des agents de sécurité privée habilités à effectuer des fouilles. Enfin, "à chaque fois que police et gendarmerie interviennent directement au profit de l'organisateur et non dans le cadre d'une mission liée à l'ordre public, les prestations correspondantes doivent être remboursées à l'État."
Le courrier envoyé le 20 juillet par la préfète du Pas de Calais aux maires et présidents d'intercommunalités :
Un document similaire a été adressé le 21 juillet par le préfet du Nord aux élus du département.