COP21 : à Renescure, de la chaleur avec du fumier

A Renescure, des agriculteurs ont eu l'idée de transformer leurs effluents et fumiers d'élevage en biogaz. Un fabricant de pousses de soja situé juste à côté en profite pour récupérer la chaleur émise. Dans le Nord Pas-de-Calais, il existe une douzaine d'unités de méthanisation agricoles.

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Et si les vaches devenaient une source d'énergie renouvelable ? L'idée a germé chez deux agriculteurs de Renescure. Jean-Damien Devynck et son cousin Julien Wyckaert ont ainsi trouvé un nouveau débouché pour les déchets de leurs troupeaux, et créé leur propre unité de méthanisation, baptisée Agri Flandres Energie. « On récupère 10 à 12 tonnes de fumier chaque jour sur nos deux exploitations », explique Jean-Damien, à la tête du GAEC Bloemstrate. « Tout ça transite par l’unité de méthanisation et est transformé en biogaz ». Cette unité de méthanisation, nos deux agriculteurs l'ont créée à moins d'un kilomètre de leur ferme. Chaque jour, ils y déversent leurs effluents d'élevage donc, mais aussi les épluchures du géant Bonduelle installé juste à côté, ainsi que les déchets verts du village.

Diversification des revenus agricoles

Toute cette matière végétale est broyée, puis incorporée dans le digesteur. Cette grosse cuve bombée agit comme un estomac, grâce aux bactéries contenues dans les bouses de vaches. En 40 jours, à une température de 40°, elle produit le fameux biogaz. « C’est une bonne façon de diversifier nos activités et nos sources de revenus, expose Julien Wyckaert. « Face aux aléas du monde agricole, la méthanisation nous paraissait une solution intéressante, aussi bien sur le plan économique que sur le plan environnemental ».

Du biogaz qui permet de générer de la chaleur et de l'électricité

Le biogaz va ensuite servir de carburant pour alimenter une cogénération, un gros moteur qui produit de l'électricité. Revendue à ERDF, celle-ci approvisionne l'équivalent de 300 foyers
Le moteur génère aussi de la chaleur, utilisée dans un réseau d'eau, relié à une usine de soja, à 300 m de là.
« Pour faire pousser du soja, il nous faut de l’eau et de la chaleur », explique  François Bonduelle, directeur de l’entreprise  Wostin'. « Via un échangeur, l’eau chaude qui nous arrive de l’unité de méthanisation nous permet de réchauffer notre eau d’arrosage, qui arrive par forage à 12° et que l’on va porter à 22°. Mais elle nous permet aussi de porter la température de nos salles de pousses à 26° ». En un an, le système a permis au site une économie de 20% sur sa facture d'énergie.

Réduire le bilan carbone

« Aujourd’hui, nous avons réduit notre consommation de gaz de 40%, et on espère bien passer à 80%, pour réduire encore notre impact carbone », se réjouit le patron de Wostin’. L'unité de Renescure s'apprête en effet à doubler sa production. 
Epandu dans les champs, le résidu de la méthanisation, appelé « digestat », est aussi un excellent fertilisant naturel. Comme l’azote qu’il contient est déjà minéralisé, il peut-être directement absorbé par la plante. Un engrais naturel, sans odeur, qui a déjà permis à nos deux agriculteurs de réduire de 50% leurs engrais chimiques. Et donc de faire pousser de nouveaux légumes pour le géant Bonduelle de façon plus naturelle. Un cercle vertueux, dont tous les acteurs se situent dans un rayon d’un kilomètre.



Emissions de Gaz à effet de serre et agriculture dans le Nord Pas-de-Calais
L’agriculture est responsable de 7% des émissions de GES (gaz à effet de serre) du Nord Pas-de-Calais, mais constitue un acteur majeur  de la lutte contre le réchauffement climatique, notamment parce qu’il génère une importante activité agro-alimentaire, ce qui en fait le premier employeur de la région (emploi directs et indirects).

Le Nord Pas-de-Calais a pour ambition de devenir la première région européenne pour la production de biométhane injecté, soit à partir de déchets agricoles comme le montre notre exemple, soit à partir de centre de traitements des déchets.
Plus globalement, dans le Nord Pas-de-Calais, les émissions de GES (Gaz à effet de serre) sont supérieures de 30% à la moyenne nationale. L’ambition de la région est de réduire de 20% ces émissions de GES à l'horizon 2020 (par rapport à 2005), de les diviser par 4 à l'horizon 2050.
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