Récupérer de la chaleur émise par l’industrie pour chauffer les habitants d’une ville. Cela se fait à Dunkerque depuis 1985. Le réseau est alimenté par le géant de l’acier ArcelorMittal. L’équivalent de 15 000 logements en bénéficient.

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La chaleur fatale, c’est ainsi que l’on nomme la chaleur émise par une industrie et qui s’en va réchauffer le ciel et les petits oiseaux qui le peuplent.
Depuis 30 ans, le géant de l’acier ArcelorMittal capte une partie de cette chaleur perdue pour alimenter le réseau de chaleur de Dunkerque.
La plus grosse aciérie de France, premier émetteur de GES (Gaz à effet de serre) du Nord Pas-de-Calais, est donc aussi un acteur du développement durable, aussi paradoxal que cela puisse paraître.

Deux hottes géantes pour capter la chaleur fatale

L'opération se déroule lors de la première étape du processus industriel, la transformation du minerai de fer en aggloméré.
Il est pour cela chauffé à 1200°, avant d'être  refroidi par une grande soufflerie. L’air chaud émis à ce moment là, d’une température de 400°, est aspiré par une grande hotte. « Il est ensuite acheminé jusqu’à un échangeur et va réchauffer de l'eau qui se trouve dans des tuyaux. Puis cette eau chaude va être aspirée dans une pomperie et va alimenter le réseau de Dunkerque »,explique Daniel Lemierre, au département fonte d’Arcelor-Mittal.
En 2008, une deuxième hotte a été installée, portant la puissance totale du réseau à 120 MW.

40 km de canalisations sous les trottoirs dunkerquois

Sous la ville de Dunkerque courent 40 km de canalisations. Elles envoient l'eau réchauffée par ArcelorMittal vers toute une série de bâtiments : le centre hospitalier, la communauté urbaine, la mairie, des collèges et lycées ou encore la piscine olympique.
Rien que dans cet équipement, les émissions de gaz à effet de serre ont été divisées par 4. Un champion de l'efficacité énergétique.

6000 logements raccordés au réseau de chaleur

Le réseau alimente aussi des logements collectifs. Dans les sous-sols des immeubles, à chaque fois, une sous-station permet de renvoyer la chaleur dans les appartements. 
« Dans le réseau, l’eau chaude circule à 110°", détaille Dimitri Roussel, responsable du littoral pour l’entreprise Dalkia, l’opérateur du réseau. « Elle arrive donc à cette température dans la sous station. Elle passe alors dans un échangeur où elle est ramenée à 80°, avant de circuler dans le réseau interne du bâtiment pour chauffer entre 40 et 60 logements à chaque fois». En tout, 6000 logements sont aujourd’hui alimentés par le réseau, grâce à 200 sous-stations.

Une énergie de récupération 15 à 20% moins chère

Locataire dans un immeuble relié au réseau, Thérèse Deheunynck bénéficie de cette chaleur. Elle a emménagé il y a un an. Sa facture de chauffage a presque été divisée par deux, grâce à l’isolation performante de son logement neuf, mais aussi grâce à ce système de chauffage, moins cher de 15 à 20% par rapport à ceux qui utilisent des énergies fossiles.
« Déjà on a la même température dans toutes les pièces, c’est plus agréable, et en plus c’est moins cher », se réjouit la locataire.

Un réseau quasiment nul en émission de CO2

Trois cogénérations complètent le dispositif. Ces gros moteurs alimentés au gaz produisent de l’électricité et de la chaleur, laquelle est elle aussi récupérée pour s’additionner à celle émise par ArcelorMittal.
En tout, le réseau dunkerquois utilise 90% d’énergie de récupération, nulle en émission de CO2. L'équivalent de 15 000 logements y sont reliés.

Doublement du réseau en 2020

Ce réseau va être doublé dans les années à venir. 30 kilomètres de canalisations supplémentaires vont être créés. De nouveaux équipements vont être raccordés, ainsi que de nouveaux logements, dans de nouvelles communes.
D’ici 2020, Coudekerque-Branche, Grande-Synthe, Gravelines, Saint Pol, Loon-Plage et Bourbourg bénéficieront du réseau de chaleur.

De nouvelles sources de récupération de chaleur vont être installées, chez d’autres industriels émetteurs de GES comme l’usine d’aluminium Rio Tinto Alcan, l’usine de lin de Bourbourg, et le centre de valorisation énergétique de la Communauté urbaine de Dunkerque.

On est aussi un territoire fragile, concerné par la submersion marine, par les problématiques d’inondations. Donc le changement climatique, c’est concret sur notre territoire. Patrice Vergriete


Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la CUD, se félicite de cette extension du réseau de chaleur.
« On est une industrie du XXe siècle qu'il faut adapter aux enjeux du XXIe siècle, avec cette transition énergétique.  Donc pour Dunkerque, être innovant en la matière, c’est accompagner son industrie pour lui permettre d’évoluer vers celle du XXIe siècle, l’adapter pour qu’elle reste compétitive. C’est un premier enjeu. Mais on est aussi un territoire fragile, concerné par la submersion marine, par les problématiques d’inondations. Donc le changement climatique, c’est concret sur notre territoire. Apporter notre écot à la lutte contre ce changement climatique, c’est aussi un enjeu pour le dunkerquois. Il s’agit donc à la fois de garantir la pérennité de l’industrie et de protéger le territoire. »

La communauté urbaine de Dunkerque s’est engagée à diviser par quatre ses émissions de GES d’ici 2050, comme l’ensemble de la région Nord Pas-de-Calais.

D'ici 5 ans, déjà, l'équivalent de 28 000 logements seront raccordés au réseau. Près de la moitié des habitants de l'agglomération dunkerquoise pourront se vanter d'avoir un excellent bilan carbone en matière de chauffage.

 

L’industrie et les émissions de GES en quelques chiffres
L'industrie est le premier émetteur de GES (gaz à effet de serre) du Nord Pas-de-Calais, avec 48% du total (le double de la moyenne nationale).
La sidérurgie représente la moitié de ces émissions, soit le quart des émissions régionales à elle toute seule.
L’industrie est aussi le secteur dans lequel ces émissions ont le plus baissé ces dernières décennies : 30% en moins par rapport à 1990.

D’une manière globale, dans le Nord Pas-de-Calais, les émissions de GES sont supérieures de 30% à la moyenne nationale. L’ambition de la région est de réduire de 20% ces émissions de GES à l'horizon 2020 (par rapport à 2005), de les diviser par 4 à l'horizon 2050.
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