A Wissant et dans le Pas-de-Calais, le risque de submersion marine s’intensifie chaque année. Face à la menace du recul du littoral, les habitants et les autorités ne veulent pas baisser les bras et tentent de trouver des solutions.
Le temps passe et la mer se rapproche, inexorablement. De sa maison située à Wissant, Brigitte Couhé la voit grignoter du terrain chaque année. "Il y a dix ans, la mer était à 200 mètres", explique-t-elle. Aujourd’hui, la mer n’est qu’à 60 mètres, et seulement une petite dune sépare désormais sa maison de la plage, puis de la mer.
Plantée entre le Cap Blanc Nez et le Cap Gris-nez, sa maison est menacée par la montée des eaux, comme 200 autres habitations. L’histoire de Brigitte Couhé raconte celle du littoral du Pas-de-Calais, où la mer gagne chaque année du terrain, comme dans plusieurs régions en France. Avec le réchauffement climatique, le niveau de la mer pourrait s’élever d’un mètre à la fin du siècle. Et faire disparaitre des pans entiers de terre.
"Rustine"
Brigitte Couhé ne veut pas y penser. Membre de l’association "Les Amis de Wissant", elle prépare une exposition sur les moyens de se protéger de la mer. La maire de Wissant, Laurence Prouvot, vit au quotidien la montée des eaux. Elle fait régulièrement remettre du sable, comme pour repousser inexorablement cette fatalité. "Mais ce n’est pas une solution pérenne, plutôt une rustine… ", concède-t-elle.
Sa ville se trouve en zone basse de submersion marine. La digue, reconstruite en 2015, est chaque jour un peu plus menacée. "A court terme, on pourra s’adapter, mais à moyen terme, il faudra songer à ne plus urbaniser sur le rivage, et à long terme, à l’échelle d’un siècle, rester sur ces zones ne sera plus possible", explique Olivier Cohen, géomorphologue à l’université du Littoral.
"Je partirai les deux pieds devant ici, mais je resterai jusqu'au bout."
Face à cette issue, les autorités tentent de trouver des solutions. Les élus du littoral pensent que la vie en zone inondable y est possible. Ici et là, on voit apparaitre des maisons neuves sur pilotis à Wissant ou Groffliers. Jean-François Rapin , sénateur Les Républicains du Pas-de-Calais et président de l'Association Nationale des Elus du Littoral (ANEL), défend cette idée.
"Ça fait partie de la résilience, c’est l’adaptation des constructions. On doit peut-être commencer à fixer des règles de construction qui soient dans l’adaptation de ces phénomènes dans 20, 30 ou 40 ans. Anticipons l’adaptation, l’idée de maisons sur pilotis n’est pas idiote."
En attendant, et face à la montée des eaux, la vie continue. Pour Brigitte Couhé, il est impensable de partir. "On ne peut pas laisser ça partir, c’est notre patrimoine. Je partirai les deux pieds devant ici, mais je resterai jusqu’au bout."