Le site américain Climate Central propose une carte interactive pour évaluer les risques de submersion marine et s'appuie sur une étude publiée ce mardi 29 octobre. Elle estime que, d'ici 2050, 300 millions de personnes pourraient être menacées par la montée des eaux.
Le site américain Climate Central propose une nouvelle carte interactive permettant de visualiser les différents scénarios de submersion marine. Il s'appuie sur la dernière étude en date, plus précise que les précédentes, publiée ce mardi 29 octobre.
Comment fonctionne la carte ?
Pour accéder à la carte, il faut cliquer sur ce lien. En bas à gauche, vous pouvez choisir entre deux méthodes de calcul des données : l'ancienne méthode "legacy data" ou la dernière méthode "CostalIDEM", considérée comme plus précise par les chercheurs.
Pour varier les critères, il faut cliquer sur "change projections".
Il y a cinq critères sur lesquels vous pouvez influer :
- "Projection type", le type de projection : vous pouvez sélectionner le critère augmentation du niveau de la mer "sea level rise". Avec "sea level rise + annual flood", le critère d'augmentation du niveau de la mer sera ajouté à une inondation annuelle. Dernier critère, la montée des eaux couplée avec une inondation modérée : "sea level rise + moderate flood"
- "Year", les années : vous pouvez déplacer le curseur pour choisir entre les dizaines d'années. La projection s'étend de 2030 à 2100.
- "Pollution scenario", le scénario en terme de pollution : Si le taux d'émission de gaz à effet de serre est réduit de manière profonde et rapide, il faut sélectionner "deep and rapid cuts", s'il le phénomène n'est que modérément réduit, il faut choisir "moderate cuts". Si vous voulez voir son impact s'il n'est aucunement réduit, il faut glisser le curseur totalement à droite sur "unchecked pollution".
- "Luck", la chance : plus surprenant, vous pouvez choisir entre une bonne chance "good", une modérée "medium", ou encore une mauvaise "bad".
- "Sea-Level-Projection Source" : vous pouvez ici sélectionner la source des données sur laquelle la carte va s'appuyer. Vous avez une première catégorie de données "Mid-range" jugée ni optimiste ni pessimiste et une deuxième catégorie "pessimistic", qui elle, rassemble les données les plus pessimistes.
Est-ce que toutes les zones rouges seront dès 2030 sous l'eau ?
Non. Il existe déjà des zones situées sous le niveau de la mer mais elles ne sont pas pour autant submergées. Des ouvrages naturels ou des installations humaines ont permis aux hommes de prendre le dessus sur la mer mais la carte ne les prend pas en compte.
"Les digues et autres ouvrages de défense qui protègent actuellement des dizaines ou des centaines de millions de résidents de zones à l'échelle mondiale montrent qu'il est possible de protéger des zones toujours plus vastes à mesure que la mer s'élève", reconnaît l'étude.
Pourtant, elle met en garde et appelle à une vigilance aiguë : "Dans le même temps, les défenses côtières actuelles ne devraient pas être considérées comme adéquates pour assurer une protection contre le niveau de la mer et les tempêtes futures sans un entretien continu, et probablement, une amélioration".
Sur le littoral de la côte d'Opale, "les risques de submersion marine et d'élévation de la mer sont les principales vulnérabilités de la région", admet Dominique Poissonnier, prévisionniste à Météo France Lille.
La zone triangulaire qui relie Dunkerque, Calais et Saint-Omer est d'ailleurs la principale concernée avec près de 400 000 personnes qui vivent sous le niveau de la mer. Cette surface artificielle appelée "polder" a été gagnée sur l'eau grâce à un système de wateringues, des canaux chargés de pomper l'eau.
"Quand on voit ces cartes, on ne peut que se dire que c'est une approche très grossière du problème. Le polder, en dehors du changement climatique, est en dessous du niveau des hautes mer. D'ores et déjà, pendant la marée haute, si on enlève les digues et les ports, il y a de l'eau sur la terre. Ça fait 1 000 ans que l'on protège le territoire contre les invasions marines et les inondations", se justifie Philippe Parent, directeur de l'institution interdépartementale des wateringues.
Olivier Caillaud, chef de service commun de défense contre la mer du Pôle métropolitain de la Côte d'Opale (PMCO) se veut rassurant. "S'il y a un risque dans les zones inondables, ce serait suite à un gros événement climatique. Peut-être que dans certains secteurs, dans les années à venir, on devra revoir les choses, mais on ne va pas non plus déplacer Dunkerque à l'intérieur des terres".
Qu'apporte cette nouvelle étude ?
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont corrigé les données existantes sur l'altitude des terres dans les zones côtières via l'intelligence artificielle. Jusque-là, ces données sous-estimaient parfois l'étendue des zones touchées lors des marées hautes ou de fortes tempêtes.
Ben Strauss, co-auteur de l'étude et président-directeur de Climate Central, un institut de recherches aux États-Unis explique que "les projections de l'élévation du niveau des océans n'ont pas changé. Mais lorsque nous utilisons nos nouvelles données concernant le relief, nous trouvons beaucoup plus de gens vivant dans des régions vulnérables que ce que nous estimions jusqu'à présent".
Il y a cinq ans, Ben Strauss et Scott Kulp ont réalisé que le système qu'ils utilisaient jusque-là surestimait systématiquement l'altitude des bords de mer, confondant des toits et des arbres avec le niveau du sol.
Elle estime que d'ici 2050, des zones côtières abritant 300 millions de personnes pourraient être menacées par la montée des océans liée au changement climatique. Plus des 2/3 des populations concernées se trouveront en Chine, au Bangladesh, en Inde, au Vietnam, en Indonésie et en Thaïlande.