La plainte va être déposée ce mardi 31 mars, à l'initiative de la CGT du site.
Une plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" va être déposée ce mardi 31 mars, visant la direction d'Amazon à Lauwin-Planque, près de Douai (Nord), a annoncé la CGT du site, où plus de 200 salariés avaient fait valoir leur droit de retrait le 17 mars, après la détection de plusieurs cas de Covid-19
Depuis le début de la période de confinement, la colère monte ainsi au sein du personnel de l'entrepôt, où "environ 3000 salariés se croisent, empruntent les mêmes rampes d’escaliers, les mêmes tourniqués sans aucunes protection", dénonce le syndicat dans un communiqué. Il devrait être bientôt rejoint dans la procédure par la CFDT du site.
Un "chantage au salaire" ?
"On veut surtout une prise de conscience de la direction d'Amazon", explique leur avocat Alain Cockenpot, qui pointe deux choses : "D'abord, permettre aux salariés qui estiment ne pas être en capacité de travailler" en raison du contexte de pandémie de coronavirus "d'exercer leur droit de retrait sans qu'il y ait un chantage au salaire. Aujourd'hui, s'ils font valoir leur droit de retrait, ces salariés ne sont pas payés."
L'autre objectif, c'est "de permettre à Amazon de comprendre qu'il est compliqué de maintenir une telle activité pendant cette période". Les clients confinés peuvent grâce au géant américain continuer à passer commande pour se faire livrer des biens chez eux, mais l'Union Syndicale Solidaires Nord écrivait, il y a dix jours, que "la plateforme est jugée activité indispensable par le gouvernement alors que le personnel passe son temps à emballer des DVD et autres godemichets".
Amazon pointé du doigt par le gouvernement
Le gouvernement, justement, avait réagi la polémique : le 19 mars, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait estimé sur France Inter que "les pressions subies par le personnel sont inacceptables" et qu'il le ferait "savoir à Amazon".
Dimanche 29 mars, c'était au tour de la ministre du Travail Muriel Pénicaut de pointer du doigt le géant du commerce en ligne : "La semaine dernière, j'ai appelé le directeur général d'Amazon", après les signalements de manquements en nombre aux règles de prévention sanitaire, a-t-elle souligné dans l'émission "Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI". "Ils ont changé une partie (des règles) mais ça ne suffit pas, ils ne sont pas encore au bout et donc on ne lâche pas jusqu'à ce que ce soit les bonnes mesures pour protéger les salariés.""
Aujourd'hui, "c'est assez difficile de savoir s'il y a des gens atteints du Covid" au sein de l'entreprise, déplore Me Cockenpot, car il n'y a pas eu de communication depuis les premiers cas détectés. "Il y a des salariés qui ne veulent pas faire courir de risques à leur proches."
La réponse d'Amazon
"Nous ne commentons pas les éventuelles plaintes ou procédures en cours", a réagi Amazon Lauwin-Planque, qui précise que "depuis le début de cette crise sanitaire, la santé et la sécurité de nos collaborateurs sont nos priorités absolues". Le groupe détaille les mesures qui ont été prises au sein de l'entreprises, telles que :
- une distanciation sociale de 2 mètres dans les bâtiments (supérieure à ce que préconise le gouvernement)
- des horaires de début et de pause des "shifts" de travail échelonnées
- le renforcement du nettoyage de toutes les installations, et désinfection des poignées de porte, rampes d'escalier, boutons d'ascenseur, casiers ou écrans tactiles
- le rappel des mesures d'hygiène et de sécurité aux salariés
- une modification de la manière dont sont livrés les articles pour minimiser les contacts entre les partenaires de livraison et les clients