Coronavirus : en Belgique, des examens sous les auspices des dieux du rock

Ils alignent avec méthode crayons et calculettes, là même où Lou Reed et les Clash ont fait rugir leurs guitares : l'Ancienne Belgique, salle mythique de Bruxelles, se reconvertit le temps d'un été en centre d'examen, pour cause de coronavirus.

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Moins sexy (pour certains) qu'un riff de Mick Jones, la toute première épreuve a vu débarquer mardi 80 étudiants, qui ont bûché plusieurs heures durant sur du "Droit fiscal européen et international".

Comme un soir de concert, les candidats ont d'abord passé les tourniquets métalliques, puis traversé le bar (vide), pour prendre place dans la grande salle, qui peut accueillir jusqu'à 2.000 personnes.

Une playlist éclectique les accueille à leur arrivée, qu'on croirait composée spécialement pour l'occasion : "The Final Countdown", du vieux groupe glam métal suédois Europe, "Harder, Better, Faster, Stronger" de Daft Punk et "Another Brick in the Wall" de Pink Floyd.


"Cool"


A l'intérieur, alignement parfait des tables en bois, séparées d'au moins un mètre cinquante, tant dans la salle que sur scène. Un employé les désinfecte une à une, chiffon à la main.

Kasper, 23 ans, barbe épaisse derrière son masque chirurgical, est déjà assis. Il remue nerveusement la jambe à l'approche de l'épreuve, observant le décor : fauteuils rouges, projecteurs et enceintes de haute qualité. "L'environnement est spécial, c'est vrai. Mais c'est cool d'être ici. J'étais venu ils y a quelques années voir les Vaccines", un groupe de rock britannique, se souvient-il.

Quelques privilégiés passent leur épreuve sur la scène, comme Barbara De Beer, 24 ans, tout sourire : "La prochaine fois que je viendrai ici, je pourrai dire que j'étais sur scène, en train de +performer+".

Située en plein coeur de Bruxelles, l'Ancienne Belgique, jumeau belge de l'Olympia, a vu défiler une pléiade d'artistes, de Jacques Brel bien sûr, à Leonard Cohen, en passant par Frank Zappa ou Kraftwerk.


"Mépris pour le sport"


A cause du coronavirus, la salle est fermée depuis mi-mars. Et elle a été contrainte d'annuler ou de reporter de nombreux concerts. D'où l'idée de l'employer à d'autres fins.

"Des écoles n'avaient pas assez de place pour organiser leurs examens (...) Et nous avons ce lieu extraordinaire qui n'est pas utilisé pour le moment. Nous avons donc pensé qu'il était temps de l'ouvrir pour les étudiants", explique Jens Van Den Wyngaert, chargé de la communication.

Malgré trois sessions quotidiennes d'examens jusqu'au 3 juillet, pas de quoi combler la perte de chiffre d'affaires : les écoles couvrent essentiellement "les coûts de production", comme les lumières ou le personnel mobilisé, dit-il.

"Espérons que nous pourrons ouvrir en septembre et que les étudiants reviendront (...) juste pour un concert régulier", ajoute-t-il.

A 40 km de là, une autre salle, de sport cette fois-ci, subit le même sort : celle de Louvain-la-Neuve, sorte d'équivalent de l'Insep en France, sera utilisée jusqu'au 4 juillet pour des examens universitaires.

Tans pis pour les athlètes belge, priés d'aller s'entraîner ailleurs, à l'image de la championne olympique et du monde de l'heptathlon, Nafissatou Thiam, elle-même étudiante en géographie.

Selon les médias belges, elle trouve "dommage" de risquer d'abîmer un tel lieu, mais se dit satisfaite d'une décision "solidaire" avec le monde étudiant.

Interrogé par l'AFP, le père des frères Borlée, qui est également leur entraineur, Jacques, considère lui que l'utilisation d'un tel outil démontre "le mépris pour le sport de haut niveau en Belgique".

Il craint une détérioration de la piste, encore neuve, qui a nécessité 22 millions d'euros d'investissement. Le gestionnaire du site, Marc Jeanvoye, assure cependant, test à l'appui, qu'il n'y aura aucun dégât.

Les frères Borlée (Jonathan, Kevin et Dylan), ossature du relais 4x400 mètres belge surnommé "Belgian Tornados", ont obtenu 13 médailles internationales depuis 2010.

 
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