Certains ont été dans le coma pendant plusieurs semaines. D'autres sont trop faibles pour appeler à l'aide. Tous ont besoin de soutien, même après les soins intensifs.
À l'hôpital Erasme de Bruxelles, la route est encore longue pour les survivants du Covid-19.
"Ce sont des patients qui ont été dans le coma pendant longtemps et, donc, on sent qu'ils ont besoin d'exprimer leurs peurs, leurs inquiétudes, leurs émotions. Et on doit être là pour eux", raconte l'infirmière Agnès Lambert.
Mme Lambert travaille dans une unité spéciale Covid-19 de l'hôpital Erasme, appelée "Middle Care", dont l'objectif est de remettre sur pied les patients à leur sortie des soins intensifs.
En Belgique, qui entame son déconfinement lundi, le nombre de nouveaux cas diminue. Mais le pays reste l'un de ceux où le taux d'infection par habitant est le plus élevé. Et ceux qui ont été traités et guéris ont encore besoin de soins.
"Retrouver des réflexes et les actes tout à fait naturels"
"Ce qu'il y a de pénible, pour toutes les personnes dans mon état, mais ça l'est également pour moi, c'est de devoir retrouver les réflexes et les actes qui sont tout à fait naturels. Marcher – essentiellement marcher – lire, écrire...", raconte Pierre Fonteyne, 74 ans, en voie de guérison.
Deux soignants, visière en plastique au visage, l'aident à s'asseoir. Un troisième lui donne un anti-inflammatoire. Puis, il se relève pour une brève marche assistée et quelques flexions des genoux.
"Au bout d'un mois, la guérison s'est faite au niveau pathogène, mais pas du reste", dit-il à l'AFP, expliquant avoir été diagnostiqué positif au Covid-19 alors qu'il était venu à l'hôpital pour une autre raison.
"C'est ce qui m'a sauvé la vie et celle de ma femme. Parce que je ne savais pas que j'étais atteint par le coronavirus. Mais je l'étais, très fort", ajoute cet assureur à la retraite.
"Echappé à la mort"
Pour les médecins d'Erasme, M. Fonteyne, malgré ses 74 ans, fait partie d'une jeune génération de patients, après une première vague constituée de personnes très âgées, qui n'ont pas toutes réussi à s'en sortir.
En Belgique, "les premiers cas sévères sont en train d'être en convalescence maintenant, et donc, au niveau belge en tout cas, on n'a pas encore l'expérience de patients qui ont complètement récupérés", explique le pneumologue Olivier Taton.
L'unité "Middle Care" compte dix lits, où les soins et l'attention restent importants, ce qui permet à l'hôpital de faire sortir les patients des soins intensifs.
Des moniteurs enregistrent en permanence le rythme cardiaque, le niveau d'oxygène et la pression sanguine. "Il y a également des caméras dans chaque chambre pour pouvoir voir si les patients ont un problème", précise M. Taton.
"Si, par exemple, certains patients ont perdu tellement de muscle" qu'ils ne peuvent plus agir "eux-mêmes sur la sonnette pour appeler à l'aide, à ce moment-là on peut le voir directement sur les écrans et venir les aider", poursuit le médecin.
Un long travail pour le patient
Mais les patients ne sont pas uniquement ici pour rester allongés et attendre de l'aide : ils entament aussi leur processus de récupération.
"C'est des patients qui ont été, pour la plupart, intubés vraiment longtemps, plusieurs semaines", rappelle Julien Dutrieux, kinésithérapeute.
"Y a pas de secrets : il faut marcher, bouger, stimuler le patient, afin qu'il retrouve la force musculaire, le volume pulmonaire que celui-ci avait avant, pour qu'il aille vers le mieux", ajoute-t-il.
Pour l'infirmière Agnès Lambert, travailler dans une telle unité est gratifiant : "Ces patients, au jour le jour, vont mieux."
M. Fonteyne, lui, est reconnaissant, mais philosophe : "Moi je ne suis pas un cas gravissime. J'ai échappé à la mort, c'est tout."