Coronavirus : à Calais et Grande-Synthe, les migrants sont "oubliés", dénoncent les associations

"Ils doivent pouvoir être en capacité de respecter les mesures de confinement" : à Calais et Grande-Synthe, les quelque 2.000 réfugiés présents sur le littoral sont "oubliés" du plan mis en place par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus, dénoncent des associations.

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Depuis mardi, l'association Salam ne distribue plus de repas aux quelque 500 migrants installés à Grande-Synthe. "Les bénévoles ont peur, pour eux, pour leurs proches, parce qu'ils ont plus de 70 ans... donc on a dû suspendre", explique Claire Millot de l'association.

Alors désormais, selon elle, c'est "à l'Etat de prendre la relève" et "mettre à l'abri les exilés".  "Ce n'est pas normal d'interdire des rassemblements, de décider un confinement total, et de laisser plusieurs centaines de personnes entassées sous un hangar", estime la bénévole. 

 


"Innommable"


Dans une lettre adressée lundi aux préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ainsi qu'aux maires de Calais et Grande-Synthe, les associations ont décrit une situation "innommable" et ont réclamé des "mesures d'urgence" pour les réfugiés.

"Tout le monde est très inquiet" car les réfugiés sont pour beaucoup "vulnérables", "confinés à plusieurs", "parfois quatre ou cinq dans des tentes deux places", ils sont "épuisés", "stressés", donc "si un virus se déclenche dans un campement, ça va être horrible", affirme Antoine Nehr coordinateur d'Utopia 56 à Calais où vivent entre 1.200 et 1.400 migrants selon les associations.

Puis il pointe un problème "majeur" pour les réfugiés : "s'ils doivent appeler les secours", en cas de symptômes, "ils doivent déjà avoir un téléphone avec de la batterie, mais aussi tomber sur quelqu'un qui parle leur langue... c'est compliqué".

Et surtout, "comment déceler rapidement les symptômes du coronavirus quand on vit dehors et qu'on est déjà affaibli ? Qu'on tousse déjà ?", questionne Juliette Delaplace du Secours catholique. 


"Insuffisant"


Pour répondre à cette situation, les préfectures du Nord et du Pas-de-Calais ont annoncé mardi une série de mesures : communication en plusieurs langues, garantie de l'accès à l'eau et au savon, repérage et prise en charge des personnes présentant des symptômes, maraudes sanitaires assurées par la Croix Rouge... 

Mais "c'est insuffisant", estime Claire Millot. "Il y a 400 personnes entassés sur une seule citerne d'eau !", souligne-t-elle. "Il faut les mettre à l'abri. Et actuellement, on peut réquisitionner des gymnases ou des internats, en dur, avec des douches et des toilettes, en petits groupes".

"Certes, cela nécessite du personnel. Mais on débloque des millions pour les entreprises qui vont fermer, on peut trouver quelques milliers pour éviter que des gens meurent."

Par mesure de sécurité, des membres des associations d'aide aux migrants ont arrêté leur activité pour un temps. "Nous ne sommes pas des professionnels de gestion de crise, ni de santé, nous sommes obligés de prendre nos précautions. Mais si rien ne se passe pour eux, on va être obligé de continuer à y aller et être aussi à risque", regrette Antoine Nehr. 

A Calais et Grande-Synthe, "l'Etat est absent, la situation repose majoritairement sur les bénévoles et c'est extrêmement dur d'avoir cette responsabilité", dénonce Mme Delaplace. "On a l'impression que cette population est délaissée, livrée à elle-même", poursuit-elle. "Un campement à Calais se trouve à 1km d'un point d'eau avec du savon !".

Elle regrette également le peu d'information délivrée aux réfugiés, "seulement des affiches leur indiquant de se laver les mains". "Ils ont dépassé tellement d'obstacles, que le coronavirus n'en est pour eux qu'un de plus, mais ils restent inquiets", poursuit la bénévole. "On demande juste qu'ils soient en mesure de pouvoir respecter la quarantaine".

 
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