Depuis le début du confinement, le succès des produits locaux ne se dément pas. En magasin comme en vente directe. Mais aussi dans les distributeurs automatiques installés par des agriculteurs ou des maraîchers.
"D'habitude, je recharge une fois par jour. Mais depuis le confinement, c'est deux fois par jour au minimum. Le samedi, je pourrais venir même trois fois dans la journée !!". Au téléphone, Alexis Le Couteulx ne cache pas sa surprise. Agriculteur-maraîcher à Nivillers dans l'Oise, il possède deux distributeurs automatiques de produits de la ferme : un sur son exploitation, le deuxième à Abbeville-Saint-Lucien également dans l'Oise.Marie Courtier fait le même constat. Elle gère une exploitation agricole et maraîchère à Contay dans la Somme. Et 5 distributeurs automatiques installés dans le département à Albert, Dury, Saleux et Villers-Bretonneux en plus de celui sur sa ferme. "En temps normal, je les ré-approvisionne tous les matins et deux après-midi par semaine. En ce moment, j'y vais deux fois par jour, raconte la jeune femme. Et pour certains produits, comme les oeufs, je pourrais y aller même trois fois par jour. Mais c'est compliqué en terme de temps et puis les poules, elles pondent une fois dans la journée pas deux ! A Dury, quand j'arrive, à chaque fois tout est vide!"
Une activité multipliée par 2
"En général, c'est un peu calme au printemps. Parce qu'on est dans un entre-deux : on vend encore des produits d'hiver et ceux du printemps sortent à peine, explique Alexis Le Couteulx. C'est une période creuse en terme de gamme : en légumes, je ne tourne qu'avec des pommes de terre, des carottes et de la salade. Rien de très sexy ! Mais cette année, par rapport à la même période il y a un an, j'ai multiplié mon activité par deux voire par trois. Je tourne avec un rythme d'été". Au point qu'il a du embauché deux CDD. "Logiquement, je n'aurais dû embaucher qu'une personne. Mais avec le surplus d'activité, les distributeurs à recharger, les semis et les plantations à faire, j'ai eu besoin de quelqu'un de plus. Et je vais avoir besoin d'eux jusqu'en novembre. Même le miel est dévalisé ! C'est dingue !".
De nouveaux clients
Pour les deux profesionnels, le succès de leurs distributeurs automatiques est une conséquence indéniable du confinement. "J'ai tous mes habitués mais aussi de nouveaux clients, explique Marie Courtier. Et quand je les croise sur place et que je parle avec eux, certains me disent qu'ils n'avaient pas forcément le temps de venir avant ou qu'ils viennent au plus près, au plus vite. D'autres qu'ils sont curieux de connaître les producteurs locaux ou que leur façon de manger a changé et qu'ils ont davantage besoin de produits frais".Alexis a également constaté la venue de nouveaux clients : "certains n'achetaient chez nous qu'en été. Le confinement les fait venir plus tôt dans l'année".
Un débouché bienvenu pour les producteurs locaux
"Le peu de clients qu'on voit, ce sont des nouvelles têtes", confirme Henry Dossin. Agriculteur dans le petit village de Montcornet au nord de l'Aisne, il possède lui aussi un distributeur automatique de produits de la ferme.Selon lui, le distributeur a un côté pratique indispensable en cette période de confinement : "le petit supermarché du village est toujours ouvert mais il ne laisse pas rentrer beaucoup de gens à la fois. Le distributeur, ça va plus vite". Un succès difficile à gérer au quotidien : "on a doublé l'activité. Et on a du mal à suivre pour remplir, avoue-t-il. La farine de notre voisin part bien. Les oeufs, c'est de la folie ! Et puis tous les fruits et les légumes de saison partent bien aussi. Entre notre petit garçon qui ne peut plus aller à la crèche, les semis dans les champs et aller chercher les produits chez les autres producteurs ça fait de longues journées".
Car tous, Alexis, Marie et Henry mettent dans les casiers de leurs distributeurs les produits de collègues : miel, oeufs, jus de fruits, beurre, pain, fromages. Pour beaucoup de producteurs locaux, ces distributeurs sont un débouché non négligeable à l'heure où les marchés ne tournent plus à plein.
Désinfection régulière
Et comme tous les commerces, les distributeurs automatiques de Alexis, Marie et Henry sont désinfectés et nettoyés plus souvent qu'à l'ordinaire. "On n'a eu aucune consigne de ce côté là, pointe Alexis. Donc on fait ça comme on peut en terme de temps. Moi, je désinfecte tout tous les deux jours avec un mélange d'alcool et d'eau".Une nouvelle contrainte qui ne passe pas inapercue dans la journée de travail de Marie : "Je désinfecte les poignées et la borne à chaque fois que je viens remplir les distributeurs. Deux fois par jour, je nettoye tout au vinaigre blanc. Je passe deux fois plus de temps à chaque fois sur place qu'avant".
Même astreinte chez Henry à Montcornet : "l'écran tactile est désinfecté à chaque remplissage et toute la machine, une fois par jour. On a demandé à ce qu'il y ait une seule personne dans le local à chaque fois. C'est plus ou moin bien respecté".
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