Coronavirus : la consommation de frites chute, des tonnes de pommes de terre invendues dans les Hauts-de-France ?

Avec la fermeture des restaurants, des cantines et des friteries, la pomme de terre ne se consomme plus en frites. Les usines de transformation tournent, parfois au ralenti et les stockages commencent à déborder. Une situation sans précédent qui inquiéte les agriculteurs des Hauts-de-France.

Avec le confinement, la consommation des Français à changé et celle de la frite s’est effondrée. Un coup dur pour les Hauts-de-France, première région productrice de pommes de terre avec plus de 2/3 de la production française.


Changement des habitudes alimentaires


Prés 500 000 tonnes de pommes de terre pourraient ne pas être transformées, faute de débouchés industriels explique Nicolas Loingeville, exploitant agricole à Sercus et vice-président de la FDSEA.

"C'est durant cette 3éme semaine de confinement, qu'on a commencé à bien ressentir les conséquences des changements de consommation aprés la fermeture des restaurants, des friteries, des cantines ..Les stocks augmentent, les transporteurs ne viennent plus faute de commandes. Le produit frais s'en sort un peu mieux mais les stocks pour les industriels nous font craindre le pire." Avec cette 4éme semaine de confinement, la situation des producteurs pourrait devenir trés difficile.

 

Pourtant les usines de transformation tournent. Chez Clarebout Potatoes, on confirme continuer d'assurer la chaîne d'approvisionnement : "Nous fabriquons maintenant essentiellement pour la grande distribution puisque les petits commerces de "food service" ont fermé. Notre volume a augmenté d'un côté et diminué de l'autre, l'effet vase communiquant joue son rôle dans notre production. Nous allons assurer toutes les commandes passées aux 1 500 agriculteurs producteurs de pommes de terres, français et belges qui composent nos fournisseurs. Tous les contrats prévus avant la crise, seront honorés", précise Raphaël Tassart, en charge de la communication pour Clarebout Patatoes Warneton (France).

Concernant les sites de production de Mc Cain France, la direction n'a pas été en mesure de nous répondre.

Mais avec la fermeture des frontiéres, les exportations vers l’Asie, puis maintenant vers les Etat-Unis, ont chuté. Conséquence : le marché s'est effondré, les prix de vente aussi.
 

Chute des prix


Pour Denis Delestrez, agriculteur à Fleurbaix, dans le Pas-de-Calais:  "De 140 € la tonne nous sommes passés à 25€ ! C'est 4 fois en dessous du coût de production. Cette crise a bouleversé le marché, les habitudes de consommation. Seuls, les agriculteurs qui vendent des produits frais s'en sortent mieux. On espére tous que les contrats passés avec les industriels avant la crise vont tenir. J'ai actuellement 500 tonnes qui doivent partir mais si ce n'est pas le cas, avant l'été, il me faudra trouver d'autres solutions."
 

Des tonnes de pommes de terre qui restent bloquées dans Hauts-de-France, chez des agriculteurs qui n'ont pas toujours la possibilité de les stocker dans de bonnes conditions. "La pomme de terre est un produit périssable, qui se dégrade en qualité et la conserver jusqu'à cet été doit se faire à 7, 8 degrés maximum. Aujourd'hui, nous sommes déjà dans la plantation de la prochaine récolte pour cet autonome. Ils nous a été conseillé de moins planter pour ne pas aggraver cette situation d'invendus", précise Denis Delestrez.
 

Comment écouler les stocks ?


Les producteurs de la filière envisagent plusieurs pistes pour écouler leurs pommes de terre : l’alimentation du bétail, le don aux associations, la méthanisation. Mais ces débouchés arriveront-ils à écouler les 500 000 tonnes de pomme de terre. La possibilité de réouverture des féculeries qui produisent de l’amidon pour l’industrie agro-alimentaire, est aussi envisagée pour complêter le marché. Mais toujours avec des prix de vente trés bas. 

 

Une situation identique en Belgique et aux Pays-Bas. Depuis mi-mars, l'épidémie de coronavirus a vu fermer de nombreux restaurants servant du "patat frit" et là aussi, le marché de la pommes de terre de consommation s'est effondré du jour au lendemain. Aux Pays-Bas, cette production est d'environ 4 millions de tonnes par an, dont un quart est exportée. L’organisation agricole du pays, LTO, estime à 6 milliards d’euros les pertes causées par les conséquences de l'épidémie du Covid-19.

La France est le premier exportateur mondial de pommes de terre.

 
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