Coronavirus - déconfinement : comment les cafés-théâtres résistent-ils ?

Comment les petites salles de spectacles qui risquent de reprendre en dernier leur activité, font-ils pour passer cette crise du coronavirus ? Nous nous sommes penchés sur quelques exemples dans la métropole lilloise.

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La boîte à rire, à Lille, craint de devoir fermer ses portes. La petite structure associative, dont la salle fait une cinquantaine de places, rue Gambetta, a 6000 euros de charges fixes. Malgré les aides de l'Etat, le compte n'y est pas. Face au risque de fermeture, les comédiens qui sont, soit intermittents, soit travaillent à côté, ont décidé de mettre en place une cagnotte pour sauver la structure. Mais comment les salles de spectacles font-elles, elles qui risquent de reprendre en dernier leur activité, pour passer cette crise du Coronavirus ? Nous nous sommes penchés sur quelques exemples de la métropole lilloise.
 

Notre Théâtre est en DANGER !!!! - CotizUp.com

Suite au Covid-19, La Boite à Rire de Lille est en DANGER! En effet, depuis près de 3 mois, aucune recette n'est tombée dans ses caisses. Sans aucune aide, cette petite structure ne peut plus faire face à ses factures. Elle parle de déposer le bilan. Une équipe (comédiens, techniciens, secrétaires...)

 

"Quand il fait beau, pas de spectateur"


"Je pourrais aller pleurer mais je ne serais pas honnête avec moi-même", résume Hamdi Vardar, gérant de la Comédie de Lille, deux salles de 200 personnes dans le centre de Lille, plutôt quartier République Beaux-Arts. Son établissement, il l'a créé il y a 10 ans. Aujourd'hui, il ne paie pas le loyer mais le met de côté : "Je suis les possibilités offertes par la loi", commente-t-il en attendant que les jours moins sombres arrivent.

Mais il assure : "De toute façon, dès les beaux jours, le théâtre c'est fini. Je dis souvent le théâtre ça va avec la neige et le mauvais temps, s'il fait beau, les gens sont dehors. Honnêtement, j'avais envisagé d'arrêter la saison théâtrale le 12 avril pour la reprendre en septembre. Pour la suite, je ne me fais pas trop de bile, les pouvoirs publics se pencheront sur notre sort en temps voulu". Deux interrogations toute de même : la jauge sera-t-elle divisée par deux pour respecter les gestes barrière ? Et le public suivra-t-il en septembre ? N'aura-t-il pas peur du virus dans les salles de théâtre ?
 

Et à l'avenir ? 


A l'Audito à Tourcoing, une salle de concerts hyper-centrale d'une cinquantaine de places, Fabian Flament, directeur artistique de cette structure associative, explique que financièrement, il n'y a "pas de problème" pour le moment mais que l'avenir est appréhendé avec "beaucoup de fébrilité".

"Notre salle fait 50 m2, difficile de mettre en place des gestes barrière à l'intérieur, et un sens de circulation. Alors, avec les artistes programmés, actuellement on a décidé de faire des live diffusés sur le net (1). Trois caméras filment le concert, sa mise en lumière, et l'interview des artistes par deux présentateurs. Un appel au dons pour la prestation est également lancé sur le net lors de la diffusion du concert". L'idée sera-t-elle pérenne ? Même si le loyer de l'Audito (de 350 euros par mois) est très faible et les murs, détenus par des proches avec qui on peut s'arranger, il va bien falloir trouver une solution pour que la salle vive. 
 

"8 000 euros de charges fixes"


Dix ans que Marc et Isabelle ont créé, à Lille, le Spotlight. Leur salle de 160 places accueillent des jeunes pour du stand-up lors de scènes ouvertes, entourés, le cas échéant, par des humoristes plus "aguerris". Quatre salariés en chômage partiel et "actuellement les charges fixes sont de 8 000 euros par mois, dont 6 000 euros de loyer et, plus rien ne rentre".

Pas la billetterie, ni les boissons puisque l'établissement est fermé, ni les aides de l'Etat explique Marc : "Je suis gérant en retraite, je n'ai donc pas droit à ces aides de 1500 euros par mois". En revanche le couple se tourne avec l'association TPR, Théâtres Privés en Régions (lire ci-dessous) vers le centre national de la musique, CNM, et l'ASTP, l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé, deux structures auprès desquelles Marc espère récupérer respectivement les sommes maximales de 8 000 et 12 000 euros. "Le plus vite sera le mieux, même si on a un peu de trésorerie", commente Marc.
 

Reprise en septembre ou avant ? 


Quant à l'avenir, le Premier ministre Edouard Philippe fera-t-il des annonces à propos des salles de spectacles, jeudi 28 mai ? D'un côté, difficile d'imaginer une reprise avant septembre alors que le festival d'Avignon a été annulé, de l'autre, il se murmure du côté de l'association TPR, qu'avec des masques et des jauges réduites à 50% ou 70% ces petites salles pourraient rouvrir - partiellement donc - dès le 15 juin. 


(1) à partir de jeudi 28 mai. 

 
"Se réunir pour peser"
L'association des théâtres privés en régions tente de fédérer les théâtres ou cafés-théâtres 100% privés. A son origine Loïc Bonnet, directeur d'un théâtre à Rouen, en Seine-Maritime, qui entend ainsi "se faire entendre dès à présent pour une aide express". L'association qui compte quelque 80 établissements se donne trois objectifs : 
  • "Une aide directe pour les Gérants et leurs établissements
  • Une annulation de la totalité des charges sur l’année 2020.
  • Une aide de la part de l’ASTP et un remboursement immédiat de nos derniers versements à cette association qui est censée nous soutenir mais qui dans les faits ne nous apporte aucun soutien !" 
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