Coronavirus - entraînements adaptés, saison chamboulée : les athlètes picards confinés s'organisent

Comment rester au top dans une discipline comme le saut en hauteur ou le 400 mètres haies quand on est confinés dans un appartement ? Les athlètes picards de l'Amiens UC nous racontent leur confinement.

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"Je suis confiné dans ma chambre universitaire de 9 mètres carrés, donc on ne peut même pas dire que je tourne en rond... En rectangle à la limite." Même enfermé, William Aubatin, licencié à Amiens et champion de France de saut en hauteur, n'a pas perdu son sens de l'humour. À 24 ans, il a devant lui un bel avenir sportif. Mais cela exige un entraînement solide et régulier, et pour le moment... il a dû le mettre en pause. "J'ai la piste universitaire en bas de chez moi, mais depuis l'annonce des mesures par Emmanuel Macron, je n'y suis descendu qu'une fois pour m'entraîner.", ajoute-t-il. "Je fais mon devoir de citoyen, on me dit de ne pas trop sortir, je ne sors pas. Il est question de santé publique, ça prend le dessus sur tout, même sur les projets sportifs."

Une saison chamboulée

Dans sa discipline comme dans toutes les autres, la saison sportive va être chamboulée. Les compétitions nationales sont suspendues jusqu'au 24 mai. Sera-t-il prêt ? Difficile à dire. "Si c'est juste 15 jours, ça va, on ne perd pas les acquis en si peu de temps", dit-il, serein. "Le truc, c'est qu'on ne sait pas comment les mesures vont évoluer, ni quand on va reprendre l'entraînement." Mais William le répète, rien n'est plus important pour lui que la sortie de cette crise sanitaire. "Sincèrement, je m'inquiète plus de savoir si tout le monde va pouvoir sortir indemne de cette épidémie, que de savoir si je vais pouvoir faire les championnats d'Europe ou me qualifier aux Jeux olympiques."
 

Même son de cloche du côté de la sprinteuse Stella Akakpo, qui ne peut plus s'entraîner à l'INSEP depuis une semaine. "On se pose beaucoup de question sur la suite de la saison. On se demande si toutes les compétitions vont être décalées. Est-ce que les Jeux olympiques vont se maintenir, sachant que certains athlètes n'auront pas pu se préparer convenablement ?", s'interroge-t-elle. "J'espère que le CIO en aura conscience, surtout que ce ne sera pas un bel événement si les athlètes ne sont pas prêts. Pour l'instant, on lit que les JO sont maintenus, mais je n'en tiens pas compte, parce qu'il est trop tôt pour arrêter une telle décision, sachant qu'on ne sait pas combien de temps la crise va durer.

Comme elle, Laurent Hernu, qui entraîne la championne de 400 mètres haies Maëva Contion, se pose beaucoup de questions sur la suite de la saison, et espère un report des Jeux olympiques au mois de septembre, voire octobre. "C'est compliqué parce qu'il y a des enjeux économiques derrière, mais décaler serait gagnant pour tout le monde." D'autant que beaucoup d'athlètes ne sont pas encore qualifiés pour les Jeux. "Qu'est-ce qui va se passer ?", se demande Laurent. "Les modalités de qualification vont-elles changer ? Les fédérations vont-elles assouplir les règles ?" L'incertitude plane également sur la tenue des championnats de France prévus fin juin, et des championnats d'Europe fin août. "Je pense qu'on aura des éléments de réponse à partir de la mi-avril, c'est encore un peu tôt.

Entraînements adaptés

Mais dans cette période d'incertitude, "il faut garder un état d'esprit positif", assène Stella Akakpo. "Si on lutte tous ensemble, on arrêtera l'épidémie."

Elle n'envisage pas pour autant d'arrêter l'entraînement physique, et cherche constamment des nouveaux moyens de se maintenir en forme. "On n'a pas le choix que de se maintenir. S'ils n'annulent pas les Jeux olympiques, il va bien falloir qu'on soit prêts.", explique-t-elle. "Je n'ai pas d'autre choix que de m'adapter. Avant le début du confinement mardi midi, j'ai pu faire une dernière séance en nature, mais désormais je ne sors plus que devant chez moi." Une fois par jour, elle s'entraîne donc un peu dans sa rue, à Champigny, en région parisienne,"sur le bitume, devant l'épicier."
 
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« Back to the street » ??‍♀️ C’est dérisoire, quand on sait que je viens de Crepy en Valois et que j’ai grandis la bas. L’une des toutes premieres ville à avoir été touché par le coronavirus, avec le premier mort en France, qui était un ancien professeur de mon grand frère au collège. Paix a son âme. ?? Il n’y a pas vraiment de street, mais des longs et grands pavillons tranquilles. Avant d’entrer en pôle, je m’entraînais la bas, sans réel moyens techniques : sur le bitume ou dans la rue devant chez-moi. Aujourd’hui, c’est un peu pareille mais cette fois-ci, dans mon quartier, sur Champigny. Les temps sont durs, mais il ne faut pas baisser les bras. Et, peu importe si les solutions sont « contraignantes » pour le haut niveau, nous devons continuer d’y croire en faisant confiance au corps médical. Paix sur vous ???

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"Ce n'est pas idéal mais j'essaie de positiver en me disant que j'ai la chance de pouvoir prendre l'air devant chez moi, quand d'autres sont dans leur lit d'hôpital." D'autant que Stella a fait partie des premiers sportifs à prendre la mesure de la crise sanitaire : elle a grandi à Crépy-en-Valois, foyer de l'épidémie, et connaissait le premier Français décédé du coronavirus, un professeur de collège. 

Le reste du temps, elle fait des séances de renforcement musculaire, de gainage, d'abdos dans son appartement. "Entre athlètes, il faut aussi qu'on s'entraide et qu'on communique. Si on fait des vidéos pour montrer ce qu'on a mis au point comme séances, ça peut donner des idées aux autres. C'est important qu'on soit solidaires."

C'est ce qu'a prévu aussi la Creilloise Maëva Contion. Elle a même installé une salle de musculation à ciel ouvert sur sa terrasse.

Son entraîneur redouble d'imagination pour qu'elle puisse continuer à travailler. "Il est très important de ne pas perdre nos objectifs de vue." Il avait d'ailleurs anticipé la possibilité du confinement. "J'ai tout le matériel nécessaire à la musculation chez moi, donc dans le pire des cas, on avait prévu l'éventualité qu'elle soit confinée chez moi." Finalement, ça n'a pas été nécessaire, elle s'entraîne depuis chez elle, en contact quotidien avec son coach.

D'après lui, l'athlète s'adapte avec sérénité. "J'essaie de mettre en place des exercices qui permettent d'entretenir le cycle de musculation qu'on avait entamé, ça se passe bien. Mon seul regret, c'est qu'elle n'ait pas accès à une piste, et qu'elle ne puisse pas participer aux stages qu'on avait prévus ce mois-ci. Mais pour l'instant, on n'est pas trop mal, on fait avec."

Préparation mentale

S'il a fait le choix d'éviter d'aller sur la piste en bas de chez lui, William Aubatin ne perd pas non plus de vue ses objectifs. "Je fais plus de préparation mentale. Ça consiste à entrer en immersion totale dans ses pensées, à visualiser la course parfaite, le saut parfait, dans le temps le plus précis possible.", explique l'athlète. "Il faut faire comme si on y était vraiment." Ces exercices, il les a mis en place il y a longtemps déjà avec un professeur de l'université Picardie-Jules Verne, où il est étudiant en STAPS. "Avant le confinement, on se voyait en entretien individuel toutes les deux semaines. Désormais, on travaille ensemble à distance, grâce aux réseaux sociaux."

Si la situation venait à durer encore plusieurs semaines, chacun devra encore imaginer de nouveaux moyens de garder la forme... Mais aussi de garder le moral, pour avoir un mental d'acier lors de la reprise, et briller à nouveau sur les pistes internationales. 
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