Coronavirus : faire venir ou non les salariés, le dilemme des entreprises picardes pendant le confinement

Depuis l'annonce, lundi 16 mars, d'un confinement pour freiner la pandémie, des questions subsistent pour les salariés qui ne peuvent pas être en télétravail. En Picardie, certaines entreprises décident de réduire leur activité, tandis que d'autres s'en tiennent aux consignes nationales.

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"Restez chez vous." La consigne est quotidiennement répétée depuis le 16 mars. Depuis, elle laisse de nombreux salariés et chefs d’entreprise dans la perplexité. Faut-il ou non faire une entorse au confinement pour se rendre au travail ? Quels secteurs peuvent assurer une présence des salariés ? Alors que les fermetures temporaires d'entreprises s’égrainent depuis le début de la semaine en Picardie et dans le reste de la France, on fait le point.
 

Les commerces restreints


Depuis samedi, une restriction s’applique aux lieux qui accueillent du public : sur ce point, seuls les services et commerces jugés essentiels sont autorisés à ouvrir. La liste comprend notamment les commerces alimentaires, les stations services, les services funéraires… Mais aussi les blanchisseries et réparateurs informatiques, auxquels pourraient bientôt s'ajouter, selon les voeux de Bruno Le Maire, les libraires. 
 
Pour les autres entreprises, le formulaire de dérogation au confinement permet les "déplacements entre le domicile et le lieu d’exercice de l’activité professionnelle, lorsqu’ils sont indispensables à l’exercice d’activités ne pouvant être organisées sous forme de télétravail". "Tous les secteurs" sont concernés, confirme la préfecture de la Somme.
 

"Les Français peuvent se rendre au travail"


Chargé de détailler les modalités du confinement annoncé quelques heures plus tôt par Emmanuel Macron, Christophe Castaner est revenu sur ce sujet en conférence de presse lundi soir : "Il n’est pas envisagé d’interdire à tous les Français qui ne seraient pas dans des fonctions essentielles au bon fonctionnement de la nation de se rendre au travail, rappelait-il. Les Français peuvent se rendre au travail, mais doivent limiter au maximum leurs déplacements et s’ils peuvent, par exemple, user du télétravail pour éviter de se rendre dans l’entreprise, cela doit être favorisé."

"Il n'est pas envisagé d'empêcher tous les Français de se rendre au travail, mais ils doivent limiter au maximum leurs déplacements et, s'ils peuvent utiliser le télétravail, cela doit être favorisé", explique Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur pic.twitter.com/wGlwhPlwGj

— franceinfo (@franceinfo) March 16, 2020


Il ne serait donc pas question pour l’heure de restreindre les dérogations aux seuls personnels médicaux, postiers, employés de supermarché ou encore du secteur agroalimentaire. Deux conditions s'imposent aux entreprises, rappelle toutefois la préfecture de la Somme : que le poste ne soit pas compatible avec le télétravail, et permette "la mise en place des gestes barrières".
 

"Le coronavirus va s’arrêter un jour"


C'est parce qu'il estime respecter ces normes sanitaires que le PDG d'une usine de papiers peints de Moreuil, dans la Somme, maintient aujourd'hui la production. "Le télétravail a été mis en place pour un maximum de personnes, argumente Pascal Siellet. Nous faisons en sorte que les gens soient bien éloignés sur leurs postes de travail. (…) Il est évident que je n’aurais pas fait tourner l’usine, et fait travailler mes collaborateurs, si je sentais qu’il y avait un danger quelconque."

"On fait le maximum au niveau sanitaire, ajoute-t-il. De l’autre côté, on a des commandes à honorer. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus important aujourd’hui, les commandes, mais on a des clients qui sont demandeurs. Le coronavirus va s’arrêter un jour, on sera contents si ces clients restent chez nous. C’est important pour l’économie locale et pour tous les salariés de l’entreprise." Pascal Siellet affirme être disposé à fermer si les consignes nationales venaient à évoluer. 

"On n'a pas encore inventé le téléparpaing"


D'autres entreprises ont préféré prendre les devants et suspendre leurs activités. La branche axonaise de la Fédération Française du Bâtiment conseille ainsi à ses quelque 250 adhérents d'interrompre les chantiers non-urgents. Son président, Eric Hermet, dénonce le "flou artistique" dans lequel se trouve le secteur. "On nous dit qu’on doit rester confinés mais qu’on peut aller travailler moyennant des mesures sanitaires tellement importantes qu’elles sont difficilement applicables sur les chantiers."
 


"On est dans une activité nomade : on transporte nos salariés. Garder des gens à une distance d’un mètre dans un véhicule utilitaire, c’est très difficile", développe son secrétaire général Thierry Coulvier, qui ajoute également les freins administratifs et la fermeture de certains fournisseurs aux difficultés rencontrées. Et "on n'a pas encore inventé le téléparpaing", soupire-t-il, alors que l'organisation demande à l'Etat de statuer sur la suspension des chantiers. 
 

Droits de retrait


Dans d'autres cas, c'est l'intervention des employés qui pousse à une réduction voire à un arrêt de l'activité. Mardi après-midi, des salariés de l'équipementier automobile Valéo, à Amiens, ont choisi d'exercer leur droit de retrait, justifiant cette décision par le diagnostic de plusieurs employés du site, positifs au Covid-19. "Les salariés ont décidé de cesser le travail d’eux-mêmes vers midi, expliquait alors Alexis de Sainte Maresville, représentant syndical CGT. Ils ne comprennent pas pourquoi l’usine reste ouverte, ils ont peur de contaminer leur famille en rentrant chez eux."


Cette disposition permet au salarié, lorsque "la situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé", d'arrêter le travail sans accord préalable de l'employeur. Il n'implique pas nécessairement la fermeture du site et la mise en place de chômage partiel mais est valable "tant que l'employeur n'a pas mis en place les mesures de prévention adaptées".  
 


 

Quels papiers pour aller travailler ?
Les mesures de confinement en place depuis le 17 mars doivent durer un minimum de 15 jours, après quoi elles pourraient être prolongées. Si vous devez aller travailler dans cette période, il vous faudra vous munir :
  • d'une attestation de déplacement obligatoire, imprimée ou rédigée sur papier libre, à compléter pour chaque jour de sortie
  • d'un justificatif de déplacement professionnel rempli par l'employeur
  • de votre carte professionnelle, si votre profession en requiert une
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