TÉMOIGNAGE - Coronavirus : "Je suis passé d’homme normal à pestiféré", raconte le maire de Crépy-en-Valois

Il raconte son confinement chez lui avec son épouse par appel vidéo depuis son téléphone, un masque sur le visage. Bruno Fortier, maire de Crépy-en-Valois dans l'Oise, est positif au coronavirus. Il avait passé un test au CHU d'Amiens.

"Je suis passé en quelques secondes du statut d’homme normal au statut d’homme pestiféré mais c’est parfaitement normal", se résigne Bruno Fortier au téléphone. Depuis dimanche 1er mars, le maire (SE) de Crépy-en-Valois dans l'Oise est fixé : le test qu'il a passé la veille au CHU d'Amiens est revenu positif au coronavirus. L'élu était confiné depuis vendredi 28 février. 
 
Atteint d'une toux persistante, il avait décidé de se confiner dans son bureau de la mairie pour protéger son entourage et rassurer ses administrés.

Pas de fièvre mais une "petite" toux


Joint par téléphone, Bruno Fortier nous explique qu'il ne sera pas hospitalisé, n'ayant pas de fièvre.  "Je suis porteur de cette cochonnerie mais je ne suis pas malade". Il doit rester chez lui et porte un masque. Son épouse, qui porte elle aussi un masque, passera un test la semaine prochaine. "Mais elle ne présente pas de symptômes", rassure Bruno Fortier. 

c'est notre fille qui fait nos courses. Mais on avait un peu prévu la chose !


Concernant la prise en charge de la maladie, Bruno Fortier précise sur un ton contrarié : "Je n'ai reçu aucune consigne. J’ai encore appelé ce matin pour l’hôpital d’Amiens et on m’a dit « il n’y a pas de traitement ». Il y en a pour ceux qui ont de la fièvre pour la faire baisser, pour ceux qui sont en état fébrile, il y a des médicaments. Mais à part un peu de toux, c’est tout ce que j’ai, il n’y a pas de traitement. Ma toux commence d’ailleurs à disparaitre depuis deux jours. J’ai d’ailleurs été tout à fait étonné d’être positif".

Dès qu'il a reçu les résultats de son test, le premier édile a tenu à rassurer les habitants de Crépy-en-Valois sur son compte Facebook :
Plus tôt dans la journée, la conseillère municipale qui présentait des signes plus alarmants lui a appris qu'elle et son mari étaient également positifs au coronavirus. "Elle a été hospitalisée ce [lundi] matin à Amiens avec quelques difficultés", explique l'élu
La ville a annoncé l'interdiction de manifestation ou de rassemblement à Crépy-en-Valois. Pendant quinze jours, aucune sortie scolaire, animation, compétition sportive ne se tiendront donc dans la commune de l'Oise. Toutes les structures accueillant des enfants sont également fermées. 
 

Nous allons devenir une ville morte

"De toutes façons, il faut en passer par là pour endiguer le virus, reconnaît Bruno Fortier. Mais je crains qu’une psychose ne s’installe. J’espère que les autorités vont prendre les mesures à la hauteur de la situation. Les mesures prises samedi auraient dû être prises bien avant. Il faut être beaucoup plus rapide que le virus. Mais je suis persuadé que nous allons passer très rapidement au stade 3. Il faut suivre les consignes d’hygiène et éviter les déplacements inutiles."

Le conseil municipal et le conseil communautaire annulés


Bruno Fortier va continuer à administrer sa commune malgré la maladie. Il raconte après une petite quinte de toux : "Je suis coincé chez moi. Je ne peux plus aller travailler normalement. Pour la mairie, on fonctionne  par mail. Mais à Crépy, tout est fermé y compris la mairie. On va voir comment faire pour ouvrir au minimum dès demain mais ça ne va pas être facile. Tous les services administratifs de la  ville sont fermés. C’est triste pour une ville de 15 000 habitants. Le prochain conseil municipal est annulé. Le conseil communautaire qui devait avoir lieu va être annulé. Aucune réunion, publique et électorale, ne peut avoir lieu."

La suite pour Bruno Fortier, c'est de rester chez lui pendant 14 jours : "On m’a dit que j’allais peut-être passer un nouveau test pour voir l’évolution mais je n’en sais pas plus", avouet-t-il peu las.

Une conseillère de Rouville hospitalisée à Tourcoing

Une élue de Rouville, commune voisine de Crépy-en-Valois, se trouve dans état plus préoccupant et a été hospitalisée au CH de Tourcoing (Nord). Il a été confirmé qu'elle serait infectée par le coronavirus. Cette conseillère municipale est une enseignante du lycée Jean-Monnet de Crépy-en-Valois, la même commune où travaillait le professeur de technologie décédé du virus le 25 février.
 
Dans la soirée du 27 février, 12 nouveaux cas dans l'Oise ont été recensés, dont la conseillère municipale de Rouville, en plus des deux premières personnes infectées à la mi-février. Un homme de 55 ans, agent civil sur la base aérienne de Creil et résidant à La Croix-Saint-Ouen (Oise), est toujours en soins intensifs au CHU d'Amiens depuis le 25 février. Un autre, l'enseignant de Crépy-en-Valois âgé de 60 ans, est malheureusement décédé le 25 février.

Attendu ce 28 février pour une conférence de presse à Crépy-en-Valois, le ministre de la Santé Olivier Véran devrait communiquer davantage d'informations sur ces nouveaux cas en Hauts-de-France.
 
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