Coronavirus. Malentendu à la frontière : les Belges autorisés à visiter les pays limitrophes, la France les refuse

Le soleil brille en ce long week-end de Pentecôte. Mais au poste-frontière de Saint-Aybert, pagaille et déception dominent : contrairement à ce qu'ils croyaient, les Belges ne peuvent toujours pas se rendre en France.

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Vendredi, le ministre belge de l'Intérieur, Pieter De Crem avait autorisé à partir de samedi ses concitoyens à se rendre dans un pays limitrophe pour "faire leurs courses" et "voir leurs proches". Ces déplacements étaient interdits depuis le 20 mars dans le cadre des mesures de confinement mises en oeuvre pour lutter contre la pandémie provoquée par le coronavirus.
 


 Seules les visites d'un parent âgé en Ehpad (établissement pour personnes âgées) ou les déplacements d'un enfant en garde partagé ou d'un travailleur frontalier étaient autorisées. Or si en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas, les Belges ont pu passer sans problèmes la frontière -le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn s'est d'ailleurs félicité de cette décision-, il n'en est rien en France.

Ici, la police réclame toujours une attestation avec de bonnes raisons professionnelles ou familiales pour laisser entrer les voisins étrangers, belges ou autres.
 


Demi tour à la frontière


"Depuis ce matin, plus de cent véhicules ont dû faire demi tour", explique à l'AFP sous couvert d'anonymat l'un des trois policiers en faction au poste-frontière de Saint-Aybert, sur l'autoroute reliant Bruxelles à Paris. "Nous n'avons reçu aucune nouvelle directive, on nous a dit de continuer les contrôles comme avant", a-t-il ajouté.

Parmi les conducteurs refoulés, la tristesse domine. "Nous sommes déçus", réagit les larmes aux yeux Renée-France Ringard, une Belge d'une cinquantaine d'années qui comptait retrouver son père demeurant à Croix, dans la banlieue de Lille. Elle ne l'a pas vu depuis le confinement, il y a maintenant plus de deux mois et demi. "Le policier nous a expliqué qu'il n'y a pas de concertation entre les Français et les Belges", raconte-t-elle. "Nous avons promené la voiture", conclut cette Bruxelloise pour résumer sa journée.
 
Même déconvenue pour Yvon Mathurin et Paule Wetz, un couple d'une cinquantaine d'années, qui s'étaient fait une joie de voir leur fille et leurs petits-enfants, résidant à Aniche (France). "A la télévision, nous avons vu le ministre belge dire que les visites étaient autorisées, ainsi que les courses. On est fort surpris, cela paraît injuste, il n'y a pas de coordination en Europe", dit la quinquagénaire. Et son mari d'ajouter : "On ne sait pas à quoi s'en tenir, il faudrait que les gouvernements se mettent d'accord".

Résidant à Pont-à-Celles (au sud de Bruxelles), ils sont repartis avec les pâtisseries achetées pour fêter leurs retrouvailles avec leurs petits-enfants qu'ils n'ont pas vu depuis février.

Légèrement moins amer, André Dhaeyer, vivant à Quaregnon, voulait se rendre en France pour "acheter de l'eau et du fromage". "Ce matin, en écoutant la radio, j'y ai cru. L'information ne circule pas bien", se plaint-il, avant d'ajouter qu'il "n'allait pas mourir de soif", néanmoins.

Selon nos confrères de La Voix du Nord, les plots en béton qui séparaient Mouscron de Wattrelos ont été retirés hier samedi après-midi. Alors que la frontière est toujours officiellement fermée. 
 


Manque de concertation entre les deux pays


"Il y a eu un peu de confusion dans la presse qui a parlé de pays voisins", reconnaît de son côté le porte-parole du ministère belge de l'Intérieur, Karl Lagatie. Cette situation "dépend des mesures en vigueur en France", explique son confrère du ministère belge de l'Intérieur, Erik Eenaerts.

"Quand on se rend dans un pays, on doit toujours tenir compte des mesures qui sont en application", continue-t-il. "Les Français, avec de la famille en Belgique, peuvent venir en Belgique. Je ne peux pas changer la situation en France (...) Nous, on a pris les mesures pour notre territoire", ajoute-t-il.
 

Les ministres belge et français des Affaires étrangères sont en contact pour évaluer la situation, selon les deux porte-parole. Mais, sauf changement, la situation en France devrait perdurer au moins jusqu'au 15 juin, ont-il dit.

 
Il existe une pétition pour la réouverture anticipée de la frontière
Depuis quelques jours, une pétition sur Change.org demande la réouverture de la frontière. "Nous pensons que ce n'est pas en bloquant les frontières qu'on vaincra le virus mais en respectant les gestes sanitaires", estime Jean-René Bruneel, à l'initiative du texte. 

La pétition a récolté plus de 7 000 signatures. 
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