VIDEO. Coronavirus : Morbecque veut tester tous ses habitants, bonne ou mauvaise idée ?

Le maire de Morbecque (Nord) veut faire passer un test sérologique aux 2558 habitants de sa commune d’ici fin mai. C’est la première commune de France à aller jusqu’au bout de cette initiative pour limiter la propagation du Covid-19.

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Un mois, qu’il y pensait... Cette fois, il saute le pas. Jérôme Darques, le maire de Morbecque (près d'Hazebrouck, dans le Nord), veut proposer aux 2558 habitants de sa commune de passer un test sérologique, d’ici la fin du mois de mai. Cette analyse consiste à rechercher des traces d'anticorps dans le sang. Leur présence indique que l'on a attrapé le Covid-19, avec ou sans symptômes, et que l'organisme s'est défendu. 
 


 

Des tests sérologiques entre 20 et 50€

 

Le maire a contacté un laboratoire du Nord Pas-de-Calais pour réaliser ces tests. Si l’accord se fait, les Morbecquois devraient recevoir un courrier à partir de la semaine prochaine, leur indiquant qu’ils peuvent - s’ils le souhaitent - aller faire une prise de sang dans le laboratoire concerné.

Aujourd’hui, n’importe qui peut se faire dépister sans ordonnance à condition de payer entre 25 et 50 euros. Pour les habitants de Morbecque, “la facture sera prise en charge par la commune, dans le budget de fonctionnement”, indique le maire. Une facture qui pourrait s’élever selon nos informations à près de 64 000€ si tout le village se fait dépister, à raison de 25€ par test.
 

L’anonymat des administrés resterait protégé. Le laboratoire enverrait les résultats individuellement aux habitants testés et ne fournirait à la mairie que le pourcentage d’habitants testés positifs et négatifs. 

 

"Je n'attends pas l'Etat, je préfère agir" 



En s'inspirant de l’Allemagne et du Luxembourg, Jérôme Darques veut tester l’ensemble de sa population. Arrivé largement en tête aux élections municipales, il veut servir de modèle en France : “J’essaye de prendre des mesures de prévention pour ma commune, il faut se bouger pour sortir de cette crise sanitaire. Si ça a servi dans d’autres pays d’Europe, pourquoi on ne le ferait pas ici. Je n’attends pas l’Etat, je préfère agir.”
 


Une première, pour une commune française. À l'international, les communes à se lancer dans les campagnes dépistage massif sont rares. On compte notamment ville portugaise de Cascais, qui a annoncé vendredi vouloir proposer des tests gratuits à ses 214 000 habitants. Une campagne a débuté début mai en Andorre. Le gouvernement de la petite principauté pyrénéenne veut tester l'ensemble de ses 77.000 habitants. 

Tester tout le monde, et après ? 


A priori utile et rassurant, cette analyse a ses limites. La commune de Saint-Nicolas-de-Port en Meurthe-et-Moselle a aussi voulu se lancer dans cette étude épidémiologique, avant de renoncer, faute de test homologué par la Haute autorité de santé. 

Les tests sérologiques aujourd’hui commercialisés le sont grâce à un marquage CE sur déclaration du fabricant. Mais pour l’instant, le centre national de référence, chargé de leur évaluation, n’a pas encore émis de liste officielle de tests homologués. Certains tests, ni homologués ni validés par des laboratoires français, peuvent atteindre "40% de faux négatifs", prévenait le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 19 avril. 

Tester tout un village dès maintenant ne serait pas forcément pertinent selon Didier Hober, chef de Service de virologie au CHU de Lille : “Je ne vois pas trop ce qu’on va en tirer. Bien sûr, il existe ce ‘fantasme’ chez tout le monde de savoir si l’on a eu ou non le Covid-19, mais une fois que chacun a fait le test, comment agit-on derrière ? Si c’est négatif, ça ne veut pas dire que vous serez positif dans trois jours.” Outre cette nébuleuse d’actions à mettre en oeuvre après un dépistage comme celui prévu à Morbecque, le virologue recommande la patience : “Attendons que les tests soient fiables”. 

 

Test virologique : pas un “passeport d’immunité”



Le 2 mai, la Haute Autorité de Santé (HAS) a appelé à la prudence quant à l’utilisation des tests sérologiques, “qui ne peuvent aujourd’hui pas permettre d’établir un passeport d’immunité”, et a recommandé de réserver leur utilisation à des situations limitées. Selon l’HAS, “ils ne permettent pas de statuer sur une potentielle immunité protectrice ni a fortiori sur sa durée. Et ils n’apportent pas d’information sur la contagiosité”. Elle rappelle que “le respect des mesures barrières reste fondamental pour chacun.” 



 
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