Coronavirus : une nette surmortalité observée dans les Hauts-de-France depuis le 1er mars par rapport à 2019 et 2018

L'Insee a publié vendredi de nouveaux chiffres sur la mortalité en France entre le 1er mars et le 13 avril. Dans les Hauts-de-France, en raison de l'épidémie de coronavirus, le nombre de morts cumulés dépasse désormais celui des deux dernières années sur la même période.

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L'impact de l'épidémie de coronavirus Covid-19 sur la mortalité régionale s'observe désormais nettement dans les statistiques démographiques. Selon les dernières données publiées vendredi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 8389 décès ont été enregistrés dans les Hauts-de-France entre le 1er mars et le 13 avril 2020, toutes causes confondues.
 


C'est 1537 décès de plus qu'en 2019, sur la même période (+23,3%), et 342 de plus par rapport à 2018 (+4,9%), sachant que le confinement général de la population a aussi réduit cette année, depuis le 17 mars, d'autres causes de mortalité importantes comme les accidents de la route (-40% en mars à l'échelle nationale).

 

La mortalité selon les départements


La situation reste toutefois variable selon les départements des Hauts-de-France. C'est dans l'Oise - principal foyer de l'épidémie de coronavirus dans la région - qu'on observe la plus forte surmortalité : 410 morts de plus par rapport à 2019 (+53,9%) et 365 de plus par rapport à 2018 (+45,3%).   
 

Entre le 1er mars et le 13 avril 2020, le département de l'Aisne, lui, a enregistré 968 décès, soit 279 de plus qu'en 2019 à la même époque (+40,4%) et 155 de plus qu'en 2018 (+19%).
 

Dans la Somme aussi, le nombre de décès recensés depuis le 1er mars excède celui des deux années précédentes : 953 au total, soit 171 de plus qu'en 2019 (+21,8%) et 84 de plus qu'en 2018 (+9,6%).
 

Dans le Nord, la surmortalité ne s'observe, pour le moment, que rapport l'année dernière : 3370 décès en cumulé, soit 566 de plus qu'en 2019 (+20,2%). En revanche, le département le plus peuplé de la région comptait, au 13 avril, 75 décès de moins qu'en 2018 (-2,2%). Mais le graphique ci-dessous montre que les courbes devraient sans doute se croiser d'ici la fin du mois.
 
 
Dans le Pas-de-Calais, les décès depuis le 1er mars restent eux aussi inférieurs à ceux de 2018 sur la même période : 1928 au total, soit 137 morts de moins (-6,6%). Mais la mortalité dépasse celle de 2019, avec 131 décès en plus (+7,3%).
 


La mortalité selon les âges


Depuis le 1er mars, la mortalité des moins de 25 ans a fortement baissé dans les Hauts-de-France : -14% par rapport à 2019, -42,6% par rapport à 2018. Les jeunes, on le sait, développent peu de formes graves du Covid-19. A ce jour, aucun patient de moins de 20 ans n'est décédé du coronavirus dans les hôpitaux des Hauts-de-France, un seul chez les 20-29 ans. Les mesures de confinement ont par ailleurs réduit d'autres causes de décès, notamment les accidents routiers.
 


Chez les 25-49 ans, le nombre de décès baisse plus légèrement dans la région comparé aux années précédentes : -4% par rapport à 2019 et - 0,4% par rapport à 2018 (un seul décès en moins). Seul le département de la Somme compte plus de morts cette année dans cette catégorie d'âge (+39,3% par rapport à 2019; +56% par rapport à 2018).
 


Chez les 50-64 ans, la mortalité régionale est légèrement supérieure à celle de 2019 (+2,3%) mais inférieure à celle de 2018 (-6,3%). Seul le département de l'Oise, foyer de l'épidémie de Covid-19, enregistre, depuis le 1er mars, un nombre très nettement supérieur de décès pour cette catégorie d'âge : +15,4% par rapport à 2019, +17,9% par rapport à 2018.
 


La surmortalité, liée au coronavirus, est davantage marquée à partir 65-74 ans : 23,4% de décès en plus dans la région par rapport à l'an dernier, +13,6% par rapport à 2018. Ce constat est encore plus marqué dans l'Oise : 74,3% de morts de plus qu'en 2019 et 40,7% de plus qu'en 2018.
 


Cette surmortalité est encore plus importante chez les 75-84 ans : +30,6% par rapport à 2019, +48,8% par rapport à 2018.
 


Chez les 85 ans et plus, la sumortalité est moins marquée. Elle est tout de même de +29,2% par rapport à 2019, mais seulement 1,9% plus forte qu'en 2018, année où la grippe saisonnière a fait beaucoup de victimes chez les personnes très âgées. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, moins de personnes de cette catégorie d'âge sont décédées cette année entre le 1er mars et le 13 avril qu'il y a deux ans sur la même période. En revanche, dans le foyer épidémique de l'Oise, la mortalité a fortement bondi pour les 85 ans et plus : +64,11% par rapport à 2019 et +49,2% par rapport à 2018.
 
 

La mortalité selon les lieux de décès


L'Insee fournit également des données sur les lieux où ont été enregistrés les décès survenus depuis le 1er mars dans la région, répertoriées sous trois catégories : les décès à l'hôpital ou en clinique privée, les décès dans les établissements pour personnes âgées et les décès au domicile.

Dans les hôpitaux et cliniques des Hauts-de-France, on observe ainsi, au 13 avril, davantage de décès que les deux années précédentes, toutes causes confondues : +24,3% par rapport à 2019, +3,3% par rapport à 2018. Le constat est beaucoup plus marqué dans l'Aisne (+67,1% par rapport à 2019, +23,8% par rapport à 2018) et dans l'Oise (+62,8% par rapport à 2019, +38,2% par rapport à 2018). En revanche, le Pas-de-Calais compte cette année moins d'habitants décédés à l'hôpital depuis le 1er mars qu'en 2019 (-2%) et 2018 (-14,3%). 
 


Dans les établissements pour personnes âgées, on observe, à l'échelle régionale, une surmortalité plus importante : +48,1% par rapport à 2019, +7,8% par rapport à 2018, année où la grippe saisonnière a fait de nombreuses victimes. Dans l'Oise, foyer épidémique du Covid-19, la surmortalité est particulièrement élevée dans ces établissements depuis début mars. Le nombre de décès a plus que doublé par rapport à 2018 (+106%). On compte également 63,5% de morts en plus que l'an dernier. 
 
 

L'Insee recense pour finir 2134 décès au domicile, dans les Hauts-de-France, entre le 1er et le 13 avril, toutes causes confondues. C'est 17,2% de plus qu'en 2019 mais seulement 1,1% de plus qu'en 2018.
 

Même si cette hausse ne peut être imputée intégralement à l'épidémie actuelle de coronavirus, il s'agit d'un indicateur important, car les bilans quotidiens, diffusés chaque soir par Santé publique France, ne tiennent compte que des décès survenus à l'hôpital et dans les établissements médico-sociaux, mais pas des décès survenus au domicile.
 
Dans l'Oise, principal foyer épidémique dans la région, le nombre de décès au domicile est resté relativement stable par rapport aux deux années précédentes : seulement 2 morts de plus qu'en 2019 (+1,2%) et 7 de plus qu'en 2018 (+4,5%). Même chose dans la Somme, où le nombre de décès au domicile est le même qu'en 2019 et inférieur de 9% à celui de 2018. Dans l'Aisne, les décès au domicile ont progressé de 17,7% par rapport à l'an dernier et de 6% par rapport à 2018.

Dans le Pas-de-Calais, la mortalité au domicile a augmenté de 10,8% par rapport à 2019 mais baissé de 4,7% par rapport à 2018. C'est le département du Nord qui enregistre en fait la plus forte surmortalité au domicile dans la région, depuis le 1er mars : +29,9% par rapport à 2019 et +6% par rapport à 2018. Reste à savoir si cette surmortalité est imputable à l'épidémie de coronavirus ou à d'autres pathologies qui n'auraient pas pu être traitées, par crainte d'aller chez le médecin ou à l'hôpital... 
 
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