Fallait-il réquisitionner les cliniques et hôpitaux privés ? La fédération nationale du secteur le demande à l’Etat. Dans les faits, les soignants du privé sont déjà engagés pleinement dans la lutte contre l’épidémie.
"L"État demande à notre clinique de se préparer à un tsunami. C’est une épreuve que nous essayons d’anticiper et d’organiser 7 jours sur 7 depuis trois semaines." Stéphane de Butler, le PDG de la clinique Victor Pauchet, est engagé dans une course contre la montre. Tout comme le CHU d'Amiens, la clinique amiénoise s'est mise en ordre de bataille pour affronter l'épidémie, sous l'impulsion de l'État."Nous avons demandé à être réquisitionnés, cela ne se fera pas, notamment pour des raisons légales, mais nous avons des injonctions..." En clair, depuis plusieurs jours, les opérations non-urgentes sont déprogrammées, comme dans le public. Une partie des services se mettent en sommeil pour faire face à un potentiel afflux de malades du coronavirus. "Les consultations sont reportées autant que possible. La cancérologie continue, et doit continuer, toutes les pathologies ne s’arrêtent pas. Evidemment, pour les prothèses de hanche, par exemple, cela peut attendre."
Déjà des patients transférés de l’hôpital public
À Compiègne, la polyclinique Saint Côme s’est réorganisée il y a trois semaines, désormais. L’établissement est aujourd'hui capable d'accueillir des patients atteints du Covid-19, et le fait déjà, sans toutefois communiquer de chiffres. La direction vient ainsi soulager le CHI de Compiègne-Noyon dans cette crise sanitaire. Un hôpital récemment endeuillé avec la disparition du Dr Jean-Jacques Razafindranazy, premier soignant à succomber du Covid-19 en France.Tout comme Victor Pauchet vient en soutien du CHU à Amiens. Une quinzaine de patients Covid-19 y sont actuellement pris en charge, dont certains en soins intensifs. Stéphane de Butler détaille : "Nous ne sommes pas encore submergés, mais il se peut que ce soit la même guerre qu’en Alsace." La préoccupation du moment : augmenter les capacités et les moyens en réanimation : "Nous ne pourrons pas avoir les mêmes équipements que le CHU, qui gardera les cas les plus graves. Nous serons complémentaires."
Les mêmes problèmes que dans le public
Dans cette lutte contre la maladie, la question des masques ne fait pas de distinction, privés comme publics, les établissements de santé sont en quête. Le directeur de la clinique amiénoise a, comme d’autres, formulé une demande pour importer des masques chinois non certifiés en Europe. Refus de l’État, pour le moment. "Ces masques ont prouvé leur efficacité en Chine, mais nous nous imposons des barrières…", le casse-tête des masques va donc continuer à se poser pour Stéphane de Butler et ses équipes.
À Compiègne, l’établissement Saint Côme lance par ailleurs un appel à la solidarité : "à toutes les entreprises et les collectivités qui auraient du matériel de protection type masques, blouses, surchaussures, charlottes" pour ses salariés. Public ou privé, qu'importe aujourd'hui, tous affichent les mêmes difficultés, et la même détermination.