Coronavirus : pourquoi il ne faut surtout pas jeter les masques dans la poubelle jaune

Depuis le début de la crise sanitaire, les agents qui collectent et qui trient les déchets ont remarqué, un peu partout en France, une recrudescence du nombre de masques dans les poubelles de tri sélectif. Ils appellent à la vigilance : ces déchets doivent être jetés avec les ordures ménagères.

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À l'heure du déconfinement plus que jamais, les mouchoirs, les gants et les masques à usage unique font partie de notre quotidien. Des objets en plastique ou en papier que l'on est tentés de mettre dans la poubelle de tri sélectif. Et pourtant... c'est une erreur qui peut avoir de sérieuses conséquences. 

Les agents en première ligne


D'abord, lors de la collecte des déchets. "Depuis le début de la crise, nos agents trouvent des lingettes, des mouchoirs, des gants et des masques, soit parce qu'ils ne sont pas dans des sacs, soit parce qu'ils sont dans des sacs mal ou pas fermés", explique Line Raphaël Pardon, directrice de l'Environnement à la communauté d'agglomération Creil Sud Oise, qui regroupe onze communes. "Les agents se retrouvent donc en contact direct avec ces objets potentiellement contaminés.

Les consignes sont donc très strictes, et valables partout en France : les masques, gants et mouchoirs doivent être mis dans des sacs hermétiques. Une fois rempli, le sac doit être fermé et conservé pendant 24 heures, avant d'être jeté dans la poubelle de déchets ménagers. Et ce, même si vous n'êtes pas malade.
 

Protéger les salariés des centres de tri

Et il n'y a pas que ceux qui collectent les déchets qui prennent des risques. Le contenu des poubelles réservées aux déchets recyclables se retrouve dans les centres de tri, pour être manipulé par des hommes et des femmes. À Amiens par exemple, où le tri sélectif est géré par Veolia, trois équipes de huit personnes se relaient 24h/24 au centre de tri. "On reçoit les déchets déposés dans les conteneurs de tri sélectif, et l'objectif est de les trier à nouveau en fonction de leur matériau et de leur nature", explique Philippe Herdhebaut, reponsable de l'activité tri sur Amiens. "Dans un premier temps, le tri est fait de manière mécanique, par des machines, mais ensuite, c'est contrôlé sur des lignes de tri, par des opérateurs qui trient manuellement." 

Il fait le même constat que Line Raphaël Pardon. "Comme les gants sont en plastique ou en latex, et les masques et les mouchoirs sont en papier, certains se disent que ça doit aller dans le tri sélectif. On imagine que ça part d'une bonne intention, mais ces déchets n'ont pas leur place dans la collecte sélective." Il a donc remarqué la présence de ces objets sur les lignes de tri.

Mais après quatre suspicions de cas de coronavirus, les mesures de sécurité ont été renforcées dans ce centre. Outre les équipements de protection des salariés, les machines ont été reprogrammées pour rejeter automatiquement ces déchets potentiellement contaminés. "On a un système qui calibre le déchet. On a modifié la calibration afin que tous les masques, mouchoirs, gants, n'arrivent pas sur la ligne de tri." En clair, la machine les pèse, et comme ils sont trop légers, elle les rejette. "Sans ça, il faudrait que les opérateurs les attrapent pour les enlever, et même s'ils ont des gants, c'est un risque." Ainsi, l'entreprise a réussi à limiter les risques et aucun autre cas ni avéré ni suspect n'a été comptabilisé. Par précaution, les équipements sont également désinfectés à chaque changement d'équipe.
 
"On veut que le message soit diffusé largement pour que tout le monde prenne conscience des risques. D'autant que le nombre de masques va augmenter puisque plus de personnes vont en utiliser désormais", ajoute Line Raphaël Pardon. Dans l'agglomération Creil Sud Oise, ni la collecte ni le traitement des déchets n'ont été interrompus pendant le confinement. "On a même eu moins d'absentéisme que d'habitude, il faut être reconnaissant de l'implication de ces hommes et de ces femmes. D'ailleurs, on voit qu'il y a une certaine prise de conscience, la crise a mis en lumière certains métiers et l'importance du service public. On a reçu plein de petits mots de remerciements." Optimiste, elle ne doute pas que le message sera entendu et compris. "Oui, ça va bien se passer."
 
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