Coronavirus - Rayons vides dans les magasins : peut-on parler de pénurie d'oeufs ?

De nombreuses publications sur les réseaux sociaux font état de certains rayons vides dans les grandes surfaces, et notamment pour les oeufs. Sommes-nous en situation de pénurie ? Allons-nous manquer d'oeufs pendant la crise sanitaire ? Un industriel picard nous répond... et nous rassure.

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"C'est un peu la pagaille !", admet Pascal Lemaire, président directeur général de Cocorette, l'un des six grands groupes français de conditionnement des oeufs, installé à Breteuil et à Doullens dans la Somme. L'entreprise fournit chaque année 500 millions d'oeufs aux grandes surfaces et aux entreprises de restauration collective. Mais il nous rassure aussitôt : "Tout va rentrer dans l'ordre, ça va s'apaiser rapidement."

 


La demande explose...

Vous l'avez peut-être remarqué : les rayons d'oeufs sont particulièrement vides dans certaines grandes surfaces. Les poules auraient-elles arrêté de pondre, en pleine crise sanitaire ? "Pas du tout, la production d'oeufs est la même que d'habitude", assure Pascal Lemaire. "Ce qui change, c'est la demande : comme elles ont été prises d'assaut ces derniers jours, les grandes et moyennes surfaces ont multiplié par trois, voire par cinq, leurs commandes d'oeufs. Alors forcément, nous ne pouvons pas les honorer rapidement, car les poules ne pondent pas plus. On ne peut pas faire pondre plus d'oeufs par jour à une poule juste parce que le consommateur le demande.", explique-t-il.

On ne peut donc pas parler de pénurie à proprement parler, puisque la production continue. La demande, elle, explose, mais par rapport aux besoins, il y a suffisamment d'oeufs pour tout le monde. "Mais je comprends, les gens doivent rester chez eux, alors ils ont acheté des oeufs, ils vont faire des gâteaux avec leurs enfants, des pâtisseries, c'est normal."
   

... et la charge de travail aussi


Pour répondre au mieux à la demande, Pascal Lemaire et ses équipes ont néanmoins trouvé une astuce. "Les oeufs habituellement destinés à la restauration collective sont rebasculés dans le circuit de la grande distribution, étant donné que les restaurants et cantines sont fermés." Pour le moment, ça ne suffit pas, mais d'après le PDG, ça va rentrer dans l'ordre très rapidement. "La ruée sur les magasins commence déjà à diminuer, on devrait revenir à une configuration normale, et heureusement, parce qu'on ne pourrait pas tenir sur trente ou quarante jours à ce rythme-là."

Parce qu'il faut aussi penser à la santé des salariés. "Heureusement, nous n'avons pas de cas de Covid-19, et nous avons peu de salariés qui ne sont pas en capacité de venir travailler. Mais notre crainte, c'est que la fatigue gagne les employés, non seulement parce que la charge de travail a augmenté, mais aussi parce que nous sommes dans un climat général de crise sanitaire qui peut fatiguer nerveusement." Contacté tôt le matin, Pascal Lemaire était d'ailleurs déjà sur le pont. "Je suis patron, habituellement je ne travaille pas à l'usine bien sûr, mais ces jours-ci, je suis sur les chaines de production, j'emballe les oeufs avec les salariés."
 

Participer à "l'effort de guerre"

Convainvu que son rôle d'industriel alimentaire lui donne l'obligation morale de participer à l'effort de guerre en faisant tourner son usine à plein régime, il a même instauré une prime exceptionnelle de 25% du salaire mensuel à tous les salariés qui viennent travailler. "Nous avons une mission, qui est de nourrir les Français. Alors c'est un moyen d'encourager les salariés, c'est normal."

À Doullens, ce sont donc 110 salariés qui viennent travailler chaque jour, et 30 sur le site de Breteuil. En respectant bien sûr les mesures sanitaires et les gestes barrières pour éviter tout risque pour leur santé. "S'il le faut, on donnera un coup de main aux éleveurs aussi. Nous sommes une filière, une chaîne, il faut qu'on soit solidaires."

Alors pas de panique, les oeufs vont rapidement retrouver le chemin des rayons... À condition que chacun achète dans des quantités raisonnables.
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