Les initiatives au sein de la filière textile se multiplient pour produire des masques, à plus ou moins grande échelle. C’est le cas de « Fier comme un paon », une jeune entreprise créée il y a un an et demi à Tourcoing. Depuis jeudi, elle fabrique des masques avec des couturières bénévoles.
Laurent Bouten est le cofondateur de « Fier comme un paon ». Deux associés et deux salariés dans cette petite entreprise, qui propose des patrons de vêtements, avec des tissus déjà coupés sur-mesure : « Actuellement, on tourne au ralenti bien sûr. Ça m’a paru logique de mettre nos compétences à disposition. On s’est donc lancé dans la fabrication collaborative de masques. La société M-Technologies, basée à Tourcoing comme nous, qui produit des dispositifs médicaux à base de textiles innovants, nous fournit le tissu : 2 millimètres d’épaisseur, lavable à 60°, en polyester 3 D, avec deux couches de tissu et entre les deux, des filaments, ce qui garantit une porosité très faible ! ».
Côté organisation, une fois le patron au point, « Fier comme un paon » se charge de la découpe et des kits. Pour coudre les masques, l’entreprise a lancé un appel à volontaires et a reçu plus d’une centaine de candidatures ! Laurent Bouten raconte : « On en a retenu une dizaine, avec des profils différents. Ça va de la couturière « loisir » à la costumière. Plus de monde, ç’aurait été compliqué à gérer. Chacune travaille à son domicile, il faut que je lui apporte le matériel, puis que je revienne chercher les masques, avant d’aller les livrer ».
Premières livraisons
La fabrication a démarré jeudi, à raison d’une centaine de masques par jour, et continue depuis non-stop, samedi et dimanche compris. Laurent Bouten a pu en livrer dès vendredi au CHRU de Lille : « Soyons clair, ce masque en tissu, ce n’est pas un dispositif médical. Il s’agit d’améliorer les gestes barrière, en diminuant le contact main-bouche, et d’éviter de contaminer ou d’être contaminé avec les postillons. Nous le distribuons dans différents hôpitaux, comme Saint-Vincent ou La Louvière. Nous allons aussi le proposer aux infirmières libérales, aux pompiers, aux personnels des EHPAD. Nous estimons qu’une personne a besoin de deux masques par jour, qu’elle lave chaque soir. Avec 100 masques, nous pouvons donc équiper par exemple 50 infirmières libérales ».
Elan de solidarité
Seule ombre, les stocks de tissu s’amenuisent et d’ici 48 heures, la matière risque de manquer. Mais Laurent Bouten reste confiant : « Il y a un vrai élan de solidarité. D'autres acteurs plus importants du monde du textile se mobilisent, pour fabriquer sur les mêmes principes collaboratifs et ils pourront assurer de plus gros volumes ».
L'émission de bonnes nouvelles de France 3 Hauts-de-France "Vous êtes formidables" a consacré un reportage à l'entreprise "Fier comme un paon" en novembre dernier. A revoir ici.