Le 11 mai à Compiègne, le 13 à Chantilly, le 16 à Amiens : les courses hippiques reprennent mais sans public, ni propriétaires, ni éleveurs. Du respect d'un cahier des charges très strict dépendra l'avenir de la filière.
Des jockeys masqués, même pendant les courses, c'est désormais la norme dans tous les hippodromes à partir de ce lundi 11 mai.
Compiègne fait figure de pionnière en Picardie. L'hippodrome accueille en ce premier jour de déconfinement, 150 chevaux et organise une dizaine de courses, dont deux préparatoires avant le mythique "grand steeple d'Auteuil", prévu le 7 juin. "9 journées de courses ont été annulées et ne sont pas reportées pour le moment" précise Antoine Gilibert, président de l'hippodrome. "Il faut rappeler que nous sommes pôle national en obstacles. Il n'y a que deux hippodromes nationaux pour toute la France, Auteuil et Compiègne. Nous courons parfois avec des prix de valeur de plus de 250 000 euros".
Autant dire que l'enjeu économique est important pour l'hippodrome de Compiègne, qui enregistre une baisse de son chiffre d'affaires de 95% sur toute la période du confinement.
Un cahier des charges renforcé
Mais comme toutes les entreprises et tous les commerces, les hippodromes n'ont eu le feu vert que sous certaines conditions.
"On a aménagé tous les espaces professionnels, explique la directrice de l'hippodrome de Compiègne, Corinne soyer. On n'a pas de public, on a réduit nos intervenants au strict minimum. On a aménagé les vestiaires en ajoutant des intersections entre les plaques. On a supprimé les douches et le sauna. On prend la température à l'arrivée de chaque personne à qui on fournit un masque et du gel hydroalcoolique. On prend aussi l'heure de départ et l'heure d'arrivée sur un registre pré-rempli. Ceux qui ne sont pas sur le registre sont refoulés".
Même cahier des charges strict et précis à l'hippodrome de Chantilly qui disputera ses prochaines courses mercredi 13 mai. "Le port du masque est obligatoire et permanent dès l'entrée dans l'enceinte de l'établissement, insiste Matthieu Vincent, directeur des hippodromes et centres d'entrainement de France Galop. Tous les flux ont été étudiés aller/retour pour que les gens se croisent le moins possible dans des systèmes de couloirs et de marquages au sol. Ça n'a pas été compliqué à mettre en place. Il suffit d'un peu de bonne volonté, de bon sens et de pragmatisme et tout se passe bien".
Quant aux pistes, elles sont en parfait état pour accueillir à Chantilly le Jockey club et le Grand Prix de Diane qui auront lieu pour la première fois le même jour, le 5 juillet, probablement à huis clos.
Le monde hippique vit essentiellement grâce aux courses
Sans le public, pas de paris sur place "mais on peut dans les kiosques PMU-tabac ouverts et aussi sur l'application pmu.fr, précise Matthieu Vincent. C'est important de le dire car le jeu permet de financer toute la filière des chevaux de course qui compte 70 000 personnes. L'Oise est le département où il y a le plus de salariés déclarés en activité filière chevaux de course".
Une problématique à laquelle est confronté l'hippodrome d'Amiens. "Les chevaux n'ont pris aucune allocation, explique Philippe Levasseur, président de l'hippodrome d'Amiens. Ils n'ont rien gagné pendant 3 mois mais ils ont coûté pareil. Les entraîneurs ont été obligés de les entraîner. Ils avaient les mêmes charges et les mêmes emplois du temps".
"On a perdu 150 000 euros par rapport à l’année dernière, déclare la directrice, Carole Savreux. Sur 2 mois, ça représente 20 % de notre budget annuel. On a mis en place du chômage partiel mais tous nos salariés sont revenus aujourd'hui. On a décalé tous les prêts en cours qu’on a stoppés pour 3 et 6 mois et on va faire un prêt garanti par l’État dans l’année. On va suivre tous les dispositifs prévus par l’Etat".
En attendant, toute l'équipe est revenue dès ce lundi 11 mai. Les courses reprendront le samedi 16. Et si les spectateurs ne peuvent pas se rendre sur place, ils sont invités à suivre les chevaux sur les réseaux sociaux. "On va essayer de retransmettre les courses sur notre page Facebook. On est quand même suivi par 6000 abonnés et on va communiquer là-dessus. On ne sait pas si on va le faire en direct ou juste après la course" précise Carole Savreux.