Dans les établissements scolaires du Nord Pas-de-Calais, il ne suffit plus que d'un cas positif parmi les élèves pour fermer une classe. Depuis le début de semaine, les classes sont fermées les unes après les autres. Avant l'annonce de la fermeture totale des écoles par Emmanuel Macron ce soir ?
Depuis lundi 29 mars dans les établissements scolaires des 19 départements métropolitains confinés - dont les cinq des Hauts-de-France - un cas de Covid détecté dans une classe entraine sa fermeture systématique, contre trois auparavant.
Un renforcement du protocole sanitaire qui concerne tous les niveaux, de la maternelle au lycée. Lors d’une conférence de presse vendredi 26 mars, Jean-Michel Blanquer avait alors admis que ces nouvelles mesures allaient "nécessairement signifier plus de fermetures de classes dans les prochains jours".
Et le ministre de l’Éducation nationale ne s’est pas trompé. Pour l'heure, le rectorat ne communique pas officiellement le nombre de classes fermées, dans l'attente de la prise de parole d'Emmanuel Macron ce mercredi 30 mars à 20 heures qui pourrait annoncer une fermeture totale des écoles.
Pourtant, nos confrères de la Voix du Nord avancent au moins 630 classes fermées dans les 3 872 structures scolaires du Nord Pas-de-Calais. À titre de comparaison, on en décomptait 180 jeudi 25 mars dernier. Du côté des syndicats enseignants, impossible de confirmer ce chiffre. "Normalement, nous avons des chiffres le mardi soir, mais on nous a dit du côté du rectorat qu'il y avait une panne technique, explique Ludivine Debacq, représentante du SNES-FSU à Lille. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que les classes ferment à la pelle".
#Covid : au moins 630 classes fermées dans le Nord et le Pas-de-Calais https://t.co/RRRxkCutaQ pic.twitter.com/RpjgvTwKlF
— La Voix du Nord (@lavoixdunord) March 30, 2021
Une décision partielle pour les syndicats enseignants
Fermer une classe dès la détection d'un cas de Covid ? Une décision jugée partielle par le SNES-FSU. Le syndicat enseignant milite pour la généralisation de la demi-jauge dans tous les établissements scolaires. "La solution est ailleurs, explique Hélène Froment, représentante du syndicat SNES-FSU à Marly (Nord). Il faut diminuer le nombre d’élèves par classe. Là, on a toujours nos 30 élèves par classe, et la situation risque d’être explosive".
"On ne veut pas ouvrir et fermer des classes ou des établissements, on veut des mesures qui permettent de pérenniser l’enseignement en demi-jauges".
Ludivine Debacq complète. "On ne veut pas ouvrir et fermer des classes ou des établissements, on veut des mesures qui permettent de pérenniser l’enseignement en demi-jauge".
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— Ministère Éducation nationale, Jeunesse et Sports (@education_gouv) March 26, 2021
La semaine dernière, elle dénonçait une dégradation "soudaine" de la situation dans les collèges de l’académie ainsi que le manque de réactivité des autorités lorsque des cas se déclaraient. "Ça peut paraître réactif et efficace, mais dans les faits, cette unique mesure ne répond pas à la réalité du terrain et n’est pas suffisante. Nous n’avons eu aucune réponse à nos questions sur la situation dans les internats, les cas positifs parmi les personnels, la mise en place des demi-jauges".
"On s’est mobilisés pour questionner le bâti scolaire, les jauges… on n’a pas été écoutés. Quand on est au pied du mur, qu’est ce que vous voulez qu’on vous annonce ? Ça explose de partout".
Lorsqu'on l'interroge sur l'hypothèse de fermer totalement les classes, elle préfère ne pas se prononcer. Avant d'ajouter que le SNES "travaille pour éviter ça depuis juin. Elle poursuit, résignée. On s’est mobilisés pour questionner le bâti scolaire, les jauges… on n’a pas été écoutés. Quand on est au pied du mur, qu’est ce que vous voulez qu’on vous annonce ? Ça explose de partout".
Les enfants de plus en plus contaminés dans les Hauts-de-France
Durcir le protocole sanitaire dans les écoles pour éviter de devoir les fermer définitivement comme lors du premier confinement… telle est la doctrine du gouvernement depuis la rentrée de septembre 2020.
Alors que le taux d’incidence enregistré dans les Hauts-de-France dépasse désormais les 500 cas pour 100 000 habitants, celui-ci explose parmi les tranches d’âge les plus jeunes. "La progression du virus fonctionne en population scolaire comme elle fonctionne en population générale", résume Ludivine Debacq.
Sur la semaine du 19 au 25 mars, il atteignait quasiment 600 pour la tranche d’âge des 10-19 ans dans notre région, soit un niveau jamais enregistré depuis la rentrée de septembre. Le constat est encore plus alarmant concernant la tranche d’âge des enfants âgés de 0 à 9 ans, scolarisés dans les écoles primaires : le taux d’incidence atteint 314 cas pour cette catégorie de population, soit plus du double que lors de la vague enregistrée lors de la deuxième vague à l’automne dernier.
Dans les établissements scolaires du Nord et du Pas-de-Calais, les contaminations augmentent au même titre que dans les deux départements. Au vendredi 19 février, 738 élèves de l’académie avaient été testés positifs au Covid sur une semaine. D’après les dernières données en date du vendredi 26 mars, les contaminations ont plus que doublé : 1.439 élèves ont été testés positifs sur les sept jours précédents.
Une augmentation similaire peut être observée parmi les personnels, puisque 247 cas étaient détectés la semaine dernière, contre 125 il y a un peu plus d’un mois.
Classes fermées = casse-tête pour les parents concernés
Qui dit fermeture de classe dit retour des enfants à la maison. Même si le télétravail est la règle, il n’est pas applicable dans tous les cas. L’assurance maladie précise qu’un "dispositif d’indemnisation dérogatoire des arrêts de travail" existe pour les parents confrontés à cette situation, applicable sous certaines conditions.
Si la classe de votre enfant est fermée et que vous êtes salarié du privé, voici les règles édictées par l'Assurance maladie :
- les salariés du privé ne pouvant télétravailler pourront bénéficier de l’indemnisation, si et seulement si l’enfant devant rester à la maison a moins de 16 ans ou est en situation de handicap. Ils devront fournir à leur employeur deux documents : un justificatif attestant de la fermeture de classe / établissement ainsi qu’une attestation sur l’honneur précisant qu’il est le seul des 2 parents à bénéficier d’un arrêt de travail pour les jours concernés.
- les non-salariés (indépendants, artistes, professions libérales etc.) ne pouvant télétravailler pourront bénéficier de l’indemnisation, si et seulement si l’enfant devant rester à la maison a moins de 16 ans ou est en situation de handicap. Un justificatif attestant de la fermeture de la classe ou de l’établissement est également nécessaire via une déclaration sur le site declare.ameli.fr ou ou déclare.msa.fr pour le régime agricole.
- les fonctionnaires travaillant plus de 28 heures par semaine "ne bénéficient pas du versement d’indemnités journalières", précise l’Assurance maladie. Le justificatif attestant de la fermeture d’une classe ou de l’établissement "permet à l’employeur de maintenir ou de placer l’agent en autorisation spéciale d’absence (ASA), lorsque le télétravail est impossible". De plus, un document attestant que le parent est le seul des deux à demander à bénéficier d’une ASA est également nécessaire.
Pour tous les autres pouvant télétravailler, il faudra s’adapter pour poursuivre son activité professionnelle tout en faisant classe à la maison.