Covid-19 : légère reprise de l'épidémie, masques obligatoires en primaire dans le Nord et l'Oise, hôpitaux "inquiets"

Le retour du masque dans les écoles primaires du Nord et de l'Oise lundi 8 novembre survient sous fond de légère reprise de l'épidémie dans les Hauts-de-France. Si le taux d'incidence augmente, le nombre de patients en réanimation et la mortalité stagnent. Mais la situation à l'hôpital reste tendue.

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Il s'en va et il revient. Pour la rentrée des vacances de la Toussaint, lundi 8 novembre, le masque sera de nouveau obligatoire en classe pour les écoliers du primaire (du CP au CM2) de 39 départements français, dont le Nord et l'Oise. Une décision gouvernementale qui fait suite au dépassement du seuil d'alerte du taux d'incidence dans ces territoires, fixé à 50 cas de Covid-19 pour 100 000 habitants.

Au total, en France, 60 départements sont aujourd'hui concernés par ce protocole sanitaire de niveau 2 dans les établissements scolaires. Un département, la Guadeloupe, est lui placé en niveau 4. Dans la région, le Pas-de-Calais, la Somme et l'Aisne restent en protocole 1 et donc ne sont pas touchés par cette mesure. Retrouvez la carte ci-dessous.

La rentrée "va être compliquée"

C'est donc un retour en arrière pour les élèves d'écoles primaires qui s'étaient habitués aux sourires de leurs camarades dans la cour de récréation, et cela depuis le 11 octobre, soit une semaine et demie avant les vacances de la Toussaint.

"On ne veut pas d'effet yo-yo avec le masque, a réagi Guillaume Grossier, co-secrétaire du syndicat SNUipp-FSU de l'Oise. Les directrices et directeurs d'école sont déjà très fatigués par cette crise et on craint à nouveau de l'incompréhension à la rentrée." 

Marc Enjalbert, du SNUipp-FSU, est sur la même longueur d'onde : "Nous n'aurions pas dû enlever le masque avant les vacances. Là, nous allons devoir expliquer à nouveau aux enfants qu'il faut à nouveau le porter, et ça va être compliqué, on ne peut pas leur montrer l'évolution du taux d'incidence... Et est-ce que ça ne va pas râler devant les écoles ?"

D'un point de vu pédagogique aussi, le port du masque pénalise les enfants. "Pour la lecture, c'est un vrai problème pour les niveaux CP", indique Guillaume Grossier. D'autant plus que les professeurs sont tout comme les élèves contraints au port du masque.

"Ce n'est pas très satisfaisant en soit, pointe Michel Deniot, référent de la FCPE : Association de Parents d'élèves adhérents dans l'Oise. Mais l'important, c'est que les écoles restent ouvertes."

Si le port du masque dans les écoles primaires dépend de la circulation du virus, il reste obligatoire dans l'ensemble des collèges et lycées, mais n'est pas demandé pour les classes de maternelles.

Hausse du taux d'incidence

Ce renforcement du protocole sanitaire en milieu scolaire répond à un léger regain de l'épidémie dans les Hauts-de-France, comme dans le reste de la France, depuis près d'un mois.

Le taux d'incidence des départements du Nord (72.7 au 31 octobre) et de l'Oise (54.3) se démarquent des autres courbes de la région, avec une hausse davantage marquée que le Pas-de-Calais (38.5), la Somme (26.3) et l'Aisne (36.5).

Si le taux d'incidence a tendance à augmenter, le nombre d'hospitalisation stagne depuis un mois dans les Haut-de-France. A ce jour, 600 patients diagnostiqués Covid-19 sont actuellement pris en charge dans les établissements hospitaliers de la région.

Les personnes établies en réanimation sont, elles, un peu plus nombreuses qu'il y a un mois. En Hauts-de-France, ils étaient 87 patients en soins critiques à la date du 6 octobre, contre 98 au 3 novembre. Et s'il a augmenté dans le Nord (de 45 à 58 patients), le nombre de patients en réanimation a légèrement diminué dans l'Oise (de 17 à 14).

Face à cette "petite vague", des hôpitaux inquiets

Si les courbes n'atteignent pas les niveaux des précédentes vagues, cette nouvelle résurgence pourrait toutefois peser lourd sur les services déjà occupés par d'autres malades et le personnel hospitalier épuisé par la durée de cette crise sanitaire.

"Nous sommes au début de l'hiver, nous avons beaucoup de patients, et nos services sont presque pleins, explique Eric Senneville, chef du service universitaire des maladies infectieuses et du voyage à l'hôpital de Tourcoing. Cette petite vague, si elle devait se confirmer, pourrait alors avoir des conséquences difficiles et embêtantes. C'est pourquoi nous sommes inquiets."

"Nous sommes en situation d'usure à tous les niveaux, il y a beaucoup de personnel en arrêt et en burn out, et certains ont décidé d'arrêter le métier devenu trop compliqué."

Eric Senneville, chef du service universitaire des maladies infectieuses à l'hôpital de Tourcoing.

Le professeur rappelle par ailleurs que ces "deux ans d'épidémie Covid ont fait très très mal au personnel, qui est usé, fatigué. Nous sommes en situation d'usure à tous les niveaux, il y a beaucoup de personnel en arrêt et en burn out, et certains ont décidé d'arrêter le métier devenu trop compliqué."

"On pourrait être satisfait en disant que les vagues sont de moins en moins importantes, sauf que les situations et les capacités d'accueil deviennent de plus en plus limitées", conclut Eric Senneville.

Pour le moment, les patients atteints du Covid-19 accueillis à l'hopital de Tourcoing sont "quasi exclusivement" des personnes non vaccinées ou bien des personnes immunodéprimées.

Impact faible sur la réanimation et la mortalité

"Il n'y a pas péril dans la demeure Hauts-de-France", tente de rassurer le professeur Philippe Froguel au CHU de Lille. Pour l'instant, les nouveaux patients Covid sont encore jeunes, donc l'impact sur les services de réanimation et la mortalité restent faibles." En effet, concernant la mortalité, la région compte deux décès quotidiens en moyenne entre le 28 octobre et le 3 novembre, selon Santé publique France.

Le médecin lillois reste toutefois prudent quant à l'évolution de l'épidémie de Covid, désormais en concurrence avec le retour des maladies saisonnières, telles que la bronchiolite ou la gastroentérite. "Une petite étincelle pourrait entraîner des catastrophes dans les hôpitaux", assure-t-il.

Troisième dose de vaccin

Le professeur Philippe Froguel rappelle l'importance de la campagne de vaccination pour la dose de rappel. "Les personnes âgées doivent accepter cette troisième dose", dit-il. Même si pour l'instant, puisqu'en France nous nous sommes vaccinés assez tardivement, leur imminuté reste assez forte."

A la date du 2 octobre, selon les données de Santé publique France, 88,9% de la population âgée de plus de 12 ans était complètement vacciné dans les Hauts-de-France. Soit 4.409.109 habitants. "Au bénéfice de cette vaccination, les crêtes des vagues Covid diminuent", se félicite le médecin de l'hôpital de Tourcoing.

Aussi, l'Agence régionale de santé informe que "près de 98% des professionnels de santé libéraux sont vaccinés en Hauts-de-France". Autrement dit, au total dans la région, 812 professionnels de santé libéraux sont réputés non-vaccinés, selon les données transmises par l’Assurance Maladie, sur un ensemble de près de 35 000 professionnels conventionnés.

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