Deuxième "monument" de la saison et grosse mise en jambe avant le Paris-Roubaix, le Tour des Flandres s'offre à toutes les convoitises, dimanche entre Anvers et Audenarde, en l'absence de grand favori malgré la supériorité collective de l'équipe Deceuninck.
Ils sont une bonne dizaine à croire en leurs chances au départ des 270 kilomètres de la course-symbole du cyclisme belge. Plus étonnant, même deux débutants, le très prometteur néerlandais Mathieu van der Poel (24 ans) et le Luxembourgeois Bob Jungels (26 ans), peuvent se prendre à rêver de la consécration que représente une victoire au "Ronde van Vlaanderen", le nom flamand de l'épreuve.
À 24 ans, van der Poel, vainqueur mercredi d'une des courses de préparation (et 4e de Gand-Wevelgem dimanche dernier), n'en finit pas de bousculer les lignes. "Je n'avais jamais vu cela auparavant", apprécie son coéquipier belge Stijn Devolder, lui-même double vainqueur du "Ronde" voici dix ans.Certes, le jeune champion du monde de cyclo-cross ne s'est encore jamais aligné sur pareille distance, ni participé à un "monument". Certes, le fils d'Adri "VDP", qui a inscrit son nom au palmarès en 1986, évolue dans une modeste équipe de deuxième division (Corendon). Mais c'est bien le propre des prodiges que de réaliser des prodiges !
"Golden Greg" et Peter Sagan
Son compère et rival du cyclo-cross, Wout Van Aert, s'était classé 9e pour ses débuts l'an passé. Douze mois plus tard, le Belge au tempérament offensif lui aussi figure parmi les favoris. Au même titre que son compatriote Oliver Naesen, qui espère être rétabli d'une légère bronchite mais risque lui aussi de payer son isolement tout comme le champion olympique Greg Van Avermaet."Golden Greg", confiant ("ma condition est parfaite", dit-il), s'attaque pour la 13e fois au "Ronde", la course de ses rêves. Sera-ce la bonne ? "J'espère que ce chiffre me portera chance", sourit le Belge, deuxième à Audenarde en 2014 et 2017. "Gagner le Tour des Flandres a toujours été mon objectif. Si je n'y parviens pas dimanche, j'aurai encore des occasions. Je peux encore rester quelques années à ce niveau".
Comme les autres prétendants et quelques solides outsiders (Pedersen, Stuyven, Tersptra, Rowe, Benoot, Trentin, Kristoff), "GVA" s'interroge sur Peter Sagan, d'habitude immuable favori des classiques pavées.
"C'est un peu étrange qu'il ne soit pas encore à son meilleur niveau. Mais avec lui, la dernière marche vers le top n'est jamais loin", dit-il à propos du Slovaque, vainqueur du "Ronde" en 2016.
Ses adversaires le savent, il ne faut jamais négliger le triple champion du monde. Capable d'attendre un sprint en petit comité ou d'attaquer de loin dans une course de longue haleine avec 16 ascensions de côtes, les monts flandriens, qui provoque généralement la sélection, par l'arrière et/ou à l'avant.
Une course "assez groupée" ?
Philippe Gilbert prévient cependant: "Si les conditions sont bonnes, on risque de voir une course assez groupée". L'ex-champion du monde, l'un des... quatre leaders de la puissante équipe Deceuninck, estime "ne pas être à cent pour cent". Mais l'histoire récente (1er en 2017, 3e en 2018) plaide pour lui."Nous gagnons parce que nous sommes forts et aussi parce que nous courons intelligemment sur le plan tactique", ajoute le Belge. "Nous nous entraidons". Le Tchèque Zdenek Stybar, le champion de Belgique Yves Lampaert et Bob Jungels partagent les responsabilités au sein de l'équipe. Avec, peut-être, une attente supplémentaire du côté de Stybar, qui a annoncé la couleur vendredi devant les médias: "Le 'Ronde' est la plus belle course de l'année et je veux la gagner."