Dans "Human" de Yann Arthus-Bertrand, le cri d'un réfugié afghan à Calais

Photographe des grands espaces vus du ciel, Yann Arthus-Bertrand a choisi de se poser, pour recueillir la parole, universelle et poignante, d'une foule d'anonymes, dans un documentaire aussi intimiste que démesuré. Parmi les témoins, un afghan, migrant à Calais. 

"Human", film de cinéma de plus de trois heures et projet multimédia décliné en plusieurs versions, a vocation à être diffusé librement et largement. Il bénéficiera samedi d'une sortie hors norme dans 400 salles de France, avec projection le même jour à l'Onu à New York, hors compétition à la Mostra de Venise ou encore à la Fête de l'Humanité... Il sera à disposition des distributeurs étrangers à prix plancher.

Quel est le sens de la vie quand on est vétéran américain, combattant syrien, intouchable en Inde, irradié d'Hiroshima ou jeune Parisien ? Sous tous les parallèles, de l'Angola à l'Australie à la Chine, plus de 2.000 personnes ont répondu aux mêmes questions, filmées face caméra, en gros plan sur fond noir, par les équipes de l'auteur du best-seller mondial "La Terre vue du ciel". Histoire de laisser le spectateur souffler, d'amples plans aériens, somptueux, viennent rythmer les séquences: caravane sur des crêtes de sable, partie de foot sur un haut plateau pakistanais, rivières dessinant des arbres dans un désert de sel...

Le cri d'un réfugié afghan

Un des moments forts est le témoignage ou plutôt le cri d'un réfugié afghan échoué à Calais, qui résonne particulièrement dans le contexte international actuel. "L'Afghanistan n'est plus un pays, c'est un champ de bataille. (...) Comment pouvez-vous me renvoyer là-bas ? J'ai perdu ma famille dans ce pays. Comment pourrais-je y revenir ?" interroge l'homme, dont le témoignage poignant a été retenu parmi les 2 000 interviews réalisées pour les besoins du documentaire.

"J'ai été réfugié au Pakistan, j'ai été réfugié en Iran, à Dubaï. J'ai été réfugié en Turquie, réfugié en Bulgarie, réfugié en Grèce, un pays européen. Et maintenant, je suis réfugié en France", dit-t-il dans ce témoignage. "Laissez-moi vivre ! Je ne veux rien de vous. Je ne veux pas de nourriture, je ne vous demande rien. Je n'ai pas besoin d'aide. Mais qu'on me laisse vivre tout simplement !"
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"J'ai voulu parler d'amour"

"Le message est clair: ces gens (les migrants, ndlr) n'ont pas d'autre solution que de partir", dit Yann Arthus-Bertrand. "Il faudra trouver une solution, car
je crois que c'est le début d'un grand bouleversement mondial". "J'ai voulu parler d'amour, de bienveillance. Je pense que vivre ensemble, ça passe par ça", explique cet écologiste. "Libération m'a un jour traité de grand nunuche, mais au fond, ça me va. Il y a beaucoup d'utopie dans ce film, et en même temps je pense qu'on a fait un film fort car ce que les gens nous ont donné, c'est éblouissant".

"La plupart des personnes n'avaient jamais été devant une caméra, certaines ne savent ni lire ni écrire, et elles parlent du sens de la vie d'une façon inouïe", relève Yann Arthus-Bertrand.

Au final, "Human" ne propose "pas de leçon", plutôt "une expérience d'introspection", ajoute l'auteur. "On touche à quelque chose d'essentiel: qu'est-ce que c'est qu'être un être humain, que penser à sa mort au quotidien, que dire +je t'aime+ à ses enfants et à ses parents, pourquoi est-ce qu'on est encore en train de se battre comme des animaux, comment on sort de la haine, qu'est-ce qu'on veut changer dans sa vie...? Toutes ces questions qu'on ne se pose pas assez souvent".

Le film sera présenté fin septembre sur France 2 dans une version spéciale doublée. Des kits de projection seront mis à disposition des collectivités et associations. Une version 3x90 minutes sera visible en six langues sur YouTube et Google Play.
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