Dans "Mon père" publié en 2019, Grégoire Delacourt peignait un père venu demander des comptes à un prêtre coupable d’abus envers son fils. Dans son dernier livre, il remonte cette fois le fil de sa vie. Du drame de sa jeunesse aux décennies de silence, il est "L'enfant réparé".
En s’installant à New York, Grégoire Delacourt a mis des milliers de kilomètres entre lui et nous.
Depuis bientôt 10 ans, depuis "La Liste de mes envies", les rentrées littéraires ont la régularité d’un métronome, ses mots nous entortillent, et les feuilles de l’automne sont devenues l’occasion de rendez-vous tacites.
A chaque nouveau roman, au fil des pages, sur un quai de gare ou chez son éditeur, revoir, questionner l’écrivain né à Valenciennes est une joie sans pareille, presque un élan.
"La Liste de mes envies", "Les Quatre saisons de l’été", "La femme qui ne vieillissait pas" ont pour décor Arras, Le Touquet, et Lille.
Nous pensions le connaître...
L’enfance nordiste, à 10 ans le pensionnat, la séparation des parents, le bac philo et histoire de l’art, la rencontre avec une femme née le même jour, le même mois, la même année, l’amour, les débuts dans la publicité, les premiers salaires, une famille à soi, les grandes heures de la publicité, l’argent, Paris, directeur de création, l’argent, la rupture des sentiments, la séparation, une autre rencontre, la femme d’une vie, le chômage, puis l’écriture, l’histoire de la petite mercière d’Arras, "La Liste de mes envies", un deuxième roman qui se vendra à 1,2 million d’exemplaires. Best-seller. Voilà ce que l'on savait de lui.
Nous savions si peu de lui
Simplement ces dernières années les récits se faisaient plus sombres. Plus amples, mais plus noirs. "L’enfant réparé" les rassemble tous.
Le jour où j'ai appris que j'étais une victime, je me suis senti vivant.
Tendant un miroir à son passé comme à son œuvre, comme si sa vie était un mur, et que chaque livre était une brique, l’auteur convoque ici l’enfance, ses zones d’ombre, les interrogations et l’origine d’une peine mystérieuse qui ne le quitte jamais vraiment tout à fait.
Jeune adulte, il fuit les briques rouges des villes du Nord pour vivre dans des capitales. Bruxelles, Paris.
Son livre du secret
Pour Grégoire Delacourt "écrire, c’est se rencontrer", alors il lui faudra au fil des pages, au creux des mots, douloureusement replonger dans ce passé lointain derrière les murs de l’habitation valenciennoise avenue de Verdun. Une intense et décisive introspection.
Dès l’âge de cinq ans, ses bras semblent se refermer sur du vide. Il est soudainement tenu à distance. Eloigné par sa mère chaque week-end de la maison. Colonies de vacances. Pensionnat. Toujours de plus en plus loin. Et si éloigner c’était protéger ? Et si éloigner c’était aimer ?
Des décennies pour comprendre la blessure terrible infligée par son père, l’inceste, le secret, la déflagration étouffée.
En partant à New York, à des milliers de kilomètres, Grégoire Delacourt a fait le voyage le plus attendu, la rencontre avec lui-même. Il ne sera jamais un oncle d’Amérique, mais un frère. À peine lointain.