"Borders" : à la veille de l'évacuation de la jungle de Calais, ce livre questionne la notion de frontières

Les limites, les frontières : "Borders". La pandémie a chamboulé le quotidien, et désormais nous oublions souvent qu’il existe d’autres vies que les nôtres. De Calais à Lampedusa un livre nous rappelle à l’errance des corps et des âmes, celle des réfugiés. Un livre qui me plait.

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Tel est le paradoxe de "Borders" sorti avec discrétion il y a quelques semaines, au cœur de l’hiver.

Sa grande beauté, sa poésie pour parler de la solitude des réfugiés, de mers violentes à traverser et d’un hypothétique ailleurs.

Telle une main posée sur l’épaule, photographies et textes nous font instantanément quitter le monde des taux d’incidence, du présentiel, et autre virus variant, tout ce vocabulaire obsessionnel devenu notre univers depuis des mois.

Les photographies de Jean Michel André lavent le regard. Cet habitant de Tourcoing a parcouru de nombreux territoires, l’Espagne, la Tunisie et bien sûr Calais. Le projet est d’ailleurs né en 2017 à la veille de l’évacuation de la jungle.

L’auteur réussit le tour de force de raconter l’exil en montrant l’absence, les ombres, la disparition, des paysages nus, des montagnes enneigées et bien sûr les oyats, le sable des plages du Nord que nous reconnaissons dans la seconde.

Combien de reportages nous ont déjà raconté les rêves d’Angleterre? Ici les prises de vue ne sont pas situées. Et dans les textes qui les accompagnent, l’encre s’efface jusqu’à disparaître comme autant de forces physiques qui s’amenuisent.

Aucune carte donc. Des réfugiés, parfois au visage dissimulé, des solitaires enveloppés de nuit.

La grande force de ce livre hors norme tient aussi à sa volonté de capter la nature et tous les êtres qui la peuplent. Un chien, une abeille, un oiseau dans un ciel vide, une mouette affaiblie ou la poésie d’un cheval blanc.

Ils croiseront aussi la route et le regard d’hommes, de femmes et d’enfants en partance. Sur ceux qui veulent atteindre "l’autre côté" nous pensions avoir déjà tout vu, tout lu.

À tort.

Et devant ce grand livre silencieux d’où semblent s’échapper des milliers de voix, notre cœur, soudainement, se met à battre la chamade.

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