Suspension de l'interdiction de sortie des résidents vaccinés : des responsables d'Ehpad de l'Oise et la Somme prudents

Le 3 mars 2021, le Conseil d'État a jugé disproportionnée l'interdiction des sorties des résidents d'Ehpad lorsque la majorité d'entre eux sont vaccinés. Une mesure à prendre toute fois avec prudence selon certains responsables d'établissement de l'Oise et la Somme.

Dans une ordonnance du 3 mars 2021, le juge des référés du Conseil d'État s'est prononcé sur l'interdiction de sortie des résidents d'Ehpad recommandée par le ministère des Solidarités et de la Santé.

Suite à un recours déposé par la famille d'une résidente, il a suspendu cette interdiction, la jugeant disproportionnée compte tenu du fait que la majorité des résidents de l'Ehpad en question étaient vaccinés. De ce fait, il indique que des mesures peuvent être prises au cas par cas. "Le juge des référés estime que certaines sorties, notamment celles des résidents ayant été vaccinés, peuvent être compatibles avec la sécurité de l’ensemble des résidents et du personnel dès lors que des mesures adéquates de protection sont définies", indique la plus haute juridiction administrative. 

Dans l'Oise, Agnès Beaumont, directrice de l'Ehpad Montmorency à Breteuil, n'a pas attendu cette décision pour permettre à ses résidents d'effectuer des sorties ponctuelles. L'établissement fut l'un des premiers à mettre en place une campagne de vaccination : ainsi 82% des résidents sont aujourd'hui vaccinés contre la Covid-19. "On ne veut pas prendre de risques, mais on comprend aussi qu'ils aient besoin d'une vie sociale, confie-t-elle. C'est pourquoi j'ai par exemple accepté qu'une des résidentes puisse aller chez le coiffeur, en prenant toutes les précautions nécessaires. Elle a déjà eu deux injections de vaccin et c'était vraiment très important pour elle."

"Il faut une juste mesure entre le bénéfice et le risque"

Une sortie qui peut paraître anodine mais qui a redonné le sourire à cette résidente. "Elle était ravie, elle m'a dit si je pouvais vous embrasser, je le ferai, sourit Agnès Beaumont. Je pense aussi à une dame qui veut voir son petit-fils. Ce sera le cas aux prochaines vacances. En attendant, ils échangent par visio. L'isolement, c'est très difficile pour eux donc on essaye de leur donner un peu d'espoir.

Depuis la campagne de vaccination, dans cet établissement, la vie a quelque peu repris son cours. Depuis un mois, les repas peuvent être pris en salle. Des petits groupes de résidents peuvent également se voir et échanger notamment lors de la lecture du journal le matin. Pour autant, même si la majeure partie des résidents ont reçu les deux doses de vaccins, la directrice souhaite rester prudente. "Il faut une juste mesure entre le bénéfice et le risque. Dans les établissements alentours, il y a encore beaucoup de cas. Les résidents vaccinés peuvent très bien contaminer d'autres personnes. Il y en a qui n'ont pas voulu être vaccinés, explique Agnès Beaumont. Ce n'est pas que l'on ne veut pas les laisser sortir, mais on veut les protéger."

Protéger également les membres du personnel soignant : ici, 37% sont vaccinés. "Aujourd'hui, j'ai appris que six personnes voulaient être vaccinées le plus vite possible, donc on va organiser cela pour le 13 mars, indique la directrice. Sinon les places sont chères dans les centres de vaccination."

"Seulement sept résidents ont pu être vaccinés"

Dans un Ehpad dans la Somme, c'est une autre histoire. L'heure n'est pas aux sorties, loin de là. "Seulement 7 résidents ont pu être vaccinés sur 62", confie Benoît Herbet, infirmier coordinateur à l'Ehpad d'Airaines. L'épidémie de Covid-19 a touché de plein fouet l'établissement en décembre et janvier dernier. La quasi-totalité des résidents a été contaminée, vingt personnes sont mortes et les 3/4 du personnel ont aussi été touchés.

Résultat, impossible d'administrer les doses de vaccins. "Il faut attendre trois mois, je pourrais donc faire vacciner les autres début avril", déplore l'infirmier. En attendant, les visites sont autorisées mais de manière ponctuelle. "Il faut prendre rendez-vous dans une salle aménagée, explique Benoît Herbet. Les visites peuvent se faire en chambre mais que si le résident est dans l'incapacité de se déplacer."

Une situation contraignante mais nécessaire selon l'infirmier. "Entre la première et la deuxième vague, on a réouvert les visites aux familles et certains ne respectaient pas les gestes barrière. On n'est pas là pour interdire aux gens de se voir, mais il faut vraiment rester vigilant."

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